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Critique de kielosa


Le livre commence par un pèlerinage de Juan Martin Guevara à La Higuera en Bolivie (à equidistance de la capitale La Paz et la frontière argentine), où son illustré frère, le "Che" fut fusillé, le 9-10-1967. Ernesto Guevara est mort debout en disant à son exécuteur, Mario Terán Salazar, qu'il regarda droit dans les yeux : "Calmez-vous et visez bien. Vous allez tuer un homme ("Va a matar a un hombre"). Ce furent les dernières paroles du grand révolutionnaire et idole des jeunes idéalistes un peu partout dans le monde.

La popularité de Che Guevara a été phénoménale : combien de ces fameux posters au fond rouge-sang et la tête du docteur au béret basque orné d'une étoile rouge n'ont pas décoré les murs des chambres d'élèves et d'étudiants ? Et ça continue, car 50 ans après sa mort, on peut s'inscrire pour un voyage organisé, "La ruta del Che", un circuit en son hommage, qui se termine justement à La Higuera, où sur la place principale il y a maintenant un monument avec une grande sculpture de la tête du guérillero (toujours avec ce béret et étoile).

Ernesto "Che" Guevara (1928-1967) est tellement célèbre, qu'il se retournerait probablement dans sa tombe si je me mettais à résumer sa vie ! Je me limiterai donc à suivre le récit de son jeune frère, Juan Martin (°1944), tel que la journaliste française, Armelle Vincent, l'a merveilleusement noté et à des anecdotes personnelles. La qualité du récit de la correspondante du Figaro, GÉO, Elle, le Point, Marianne...aux États-Unis, m'a tellement ébloui, que du coup j'ai commandé son ouvrage : "La jeune fille et le cartel : Un narco-roman". Bien qu'elle réside depuis quasi un quart de siècle outre-Atlantique, Armelle Vincent a eu l'idée lumineuse d'adhérer à notre Babelio, sous son nom en un mot. Malencontreusement, ma demande d'amitié sur notre site est restée sans réponse (provisoirement, j'espère).

Ernestito (diminutif affectif employé par sa mère, qui lui a enseigné le Français et donné le goût de la lecture) avait 15 ans de plus que l'auteur et celui-ci ne l'avait pas vu depuis 6 ans, lorsque après la victoire de l'armée rebelle sur l'armée du dictateur corrompu Fulgencio Batista (l'homme de paille de la mafia américaine), Fidel Castro mettait un avion à la disposition de la famille de son "Commandante" pour célébrer cette victoire à La Havane, en janvier 1959, à l'insu d'ailleurs du Che.

L'histoire veut que peu après Fidel se retire avec ses lieutenants pour former un gouvernement. L'ambiance était au zénith et le brouhaha navenant, aussi bien que le Che, assis de l'autre côté de la salle de réunion, leva la main, lorsque Fidel demanda un "economista". le pauvre toubib avait cru entendre un "ecologista". Ainsi, notre héros fut bombardé ministre de l'économie et des finances et gouverneur de la banque nationale. Des billets de banque furent imprimés à son effigie (évidemment avec béret et étoile). En 1993, j'ai passé 3 semaines à Cuba, et me suis des mon arrivée renseigné pour trouver un de ces billets de 3 pesos. À mon départ, dans le même aéroport, un collectionneur local m'en a remis un. Je ne prétends pas que ce soit le "collectible" de la plus grande valeur en $ ou €, mais c'est sûrement celui qui m'a fait le plus plaisir.

Autre anecdote, si vous le permettez. Pendant ce séjour à Varadero, mon épouse s'était assoupie à la plage et avait attrapé un méchant coup de soleil. Une jeune doctoresse l'a exceptionnellement bien soignée et lorsque j'ai voulu payer ce toubib pour ses soins et pommades, elle a refusé, indignée, mes dollars. Sachant qu'à cause du blocus yankee, il y avait toujours des produits introuvables, j'ai posé la question à cette aimable Consuelo. À ce moment, c'étaient les serviettes hygiéniques pour dames. Lors d'une excursion à Cienfuegos, j'ai réussi à en acheter tout un carton, "made in Czechoslovakia". En montant dans le bus avec mon carton, c'était l'hilarité générale parmi les touristes canadiens, mais Consuelo était rouge et ravie.

Juan Martin se plaint que son frère aîné est devenu un mythe et l'objet d'un commerce éhonté. La Higuera par exemple n'est plus un hameau misérable, mais "une boutique (Che) à ciel ouvert...qui n'a rien à voir avec mon frère, rien". Je comprends sa réaction évidemment, mais je la trouve un peu exagérée dans la mesure que ce négoce est le revers de la médaille de cette énorme popularité et où est le mal à ce que quelques pauvres "campesinos" (fermiers) gagnent quelques pesos des riches touristes étrangers naïfs ?

Le livre est intéressant pour apprendre ce qu'a été pour les membres de la famille Guevara, l'effet du phénomène Che : pour ses parents, son frère Roberto et ses soeurs Celia et Ana Maria. le récit de leur visite à Cuba, tout de suite après la révolution victorieuse est passionnant. Mais il y avait également l'inquiétude sur le sort du Che, qui disparaissait pour prôner la révolution populaire dans d'autres pays d'Amérique latine, comme la Bolivie, où il fut activement recherché par les forces de l'ordre réactionnaire, aidées par l'inévitable CIA.

Les 5 enfants du Che, nés entre 1956 et 1965. n'ont connu leur père qu'un tout petit peu ou pas du tout.

En parlant de la réaction des gens, lorsqu'ils apprennent qui il est, Juan Martin Guevara déclare, c'est comme s'ils viennent "d'avoir une apparition". Il est désagréablement surpris quand une touriste japonaise se jette à son coup, et lui demande poliment de poser pour une photo avec elle. Et de conclure : "J'ai l'habitude. Être le frère du Che n'a jamais été anodin".
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