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Citations sur Le temps de l'enfance (21)

Les filles gardaient leurs chemises qui ne cachaient rien, ou presque. Les grands arbres allongeaient leur ombre tout autour de l’étang, des vergnes, des saules, des chênes. Au milieu de l’eau, il y avait, il y a encore, l’île, qu’on appelait la mottine, une motte de terre avec à son sommet le beau parasol d’un vieux chêne.
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Je n’étais pas amoureux d’elle. Elle avait au moins l’âge de maman. Je n’étais pas ignorant des choses de la vie. A l’école, j’entendais les mots crus des gars de la grande classe quand ils parlaient des filles. Des histoires de culottes réjouissaient le village. Et Marie était concernée plus que d’autres. J’étais curieux « comme une belette », disait tante Irène, et elle n’avait pas tort. J’allais chez Marie et j’étais bien chez elle. Je n’avais pas à slalomer longtemps pour monter de chez ma tante à sa maisonnette. Je prenais le chemin de l’étang.
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On n’élève pas des poules pour les donner au renard. Les poules parlent avec nous. Leurs voix s’élèvent chaque fois que nous sortons. Elles nous appellent, nous interrogent. Les beaux esprits moquent les imbéciles et critiquent leur « cervelle d’oiseau ». Si je m’isolais sur une île, j’emporterais le Guide Peterson des oiseaux. Chaque automne je guette au-dessus de nous la migration des grues.
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Même le coq, parfois, pas toujours, participe à cette pédagogie, quoique la poule s’en méfie, les emportements du père, ses mouvements brusques envoient rouler les petits dans l’herbe.Mais nous ne pouvons pas multiplier les naissances. Réguler s’impose et le violon, malgré nous. Il nous a semblé, d’ailleurs, que la population de renards dans les talus de la gîte de châtaigniers augmentait à proportion du poulailler.
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Il est beau, il le sait. Les poules le lui disent trop. Elles le pressent, le cherchent, le poursuivent, l’écoutent, gloussent. C’est vrai qu’il a du charme et nous le montrons à nos invités. Il a la taille, les formes, le port, la prunelle de feu, la crête gonflée en couronne, les barbillons en pesantes gouttes lie-de-vin.
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Ça arrive à des gens solides parfois, que la mort les attrape par surprise. Elle m’a réclamé, m’a-t-on dit. On m’a conduit au bord de son lit. Elle était consciente. Elle a demandé ma main. On m’a soulevé. Elle a pressé mes doigts entre les siens et elle a dit dans son patois : « Battez-lou pas, torjou ! » (Ne le battez pas, surtout !)
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J’aurai beau, comme un chien, flairer ma baguette de pain encore tiède, appeler mémé Lise à la rescousse, comme autrefois, comme par terre, je ne ramasserai que des bribes, des fumées, des miettes, ma mémoire habituée aura perdu sa force de vérité.
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C’est étrange, l’odeur du blé, de la farine, est celle de sa dorne. Mon nez comme un compteur Geiger capte tout ce qui passe. C’est une maladie. Les remugles et les parfums m’assaillent, m’agressent, quand les autres y sont insensibles. Le choc dans la boulangerie est suffocant parfois. Ça tient à rien, l’atmosphère du magasin, la porte du fournil qu’on ouvre, on roule un chariot de pain chaud qui me bouleverse, je bascule.
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Lise a toujours affirmé que les cous nus étaient de meilleures pondeuses, à la chair persillée plus ferme et plus goûteuse. Leurs longs cous rouges pourvus parfois d’un maigre duvet m’ont toujours, un peu, horrifié.
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Elle s’en voulait d’être née fille. Pourquoi, Lise ? On est toujours derrière, toujours bonne pour servir, laver, brosser, bercer, se coucher, torcher. Elle avait les mots durs dans ces moments-là, et l’œil noir. Mais elle ne cédait rien aux hommes. Mon arrière-grand-mère était une grande dame. Elle s’est emportée, un jour, contre un caroulet 1 sec et noir comme un grillon à qui elle avait confié une chaise. Le rempaillage était raté. Elle croisait les bras sur son seuil. Elle a sorti son couteau de sa poche et l’a enfoncé dans la paille. — Tu vois ce que je fais de ton chantier, bon à rien ? Fous-moi le camp ! Ses coups de couteau rageurs déchiquetaient la paille. — Ne me demande pas de te payer ! Il y a eu aussi son face-à-face avec le propriétaire, « Monsieur notre maître ». Elle refusait de le faire déjeuner tout seul « dans la belle chambre » comme le faisaient les voisins, quand il venait pour les comptes. — Il mangera avec vous, les hommes. Il n’y a pas de raison ! Elle mangeait toujours debout, de service, l’assiette dans sa main. Elle a apporté la tranche de jambon. Aujourd’hui ils mangeaient de la viande puisque le maître était là. — Servez-vous, notre maître. Le maître s’est coupé, pour lui, quasiment la moitié de la tranche.
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