AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Guernica : 1937 (29)

Picasso, depuis des mois déjà, ne savait pas exactement sur quel pied danser avec elle. Il n'était pas prêt à se jeter vraiment à ses genoux, et pourtant, pour la première fois de sa vie, c'était une femme comme il les aimait au plus secret de lui, qu'il avait conquise. Pas une vierge, pas une prostituée, pas une fille des bas quartiers de Barcelone, celles qu'il fréquentait jadis, pas une femme fragile, comme une enfant qu'il fallait protéger, mais une femme qui tenait de tout à la fois, forte et faible, virile et féminine, une femme qui osait tout, lui tenait tête, intelligente et brutale, passionnée et sombre comme lui, qui connaissait la douleur et la souffrance, qui brûlait d'un feu qui ne s'éteignait jamais, et rêvait d'idéal et de beauté. C'étaient ces femmes-là qu'aimait Picasso, des Amazones, des conquérantes, avec lesquelles il pourrait explorer des terres inconnues, dangereuses, des femmes qui aimaient le risque.
Commenter  J’apprécie          00
Elle disait que rien n'était innocent dans leur rencontre, qu'une conjonction d'astres l'avait préparée et qu'il n'avait fallu donner qu'un tout petit coup de pouce pour que tout s'organise et s'ordonne : elle serait sa maîtresse, il serait son amant, il peindrait, elle peindrait aussi, ils s'aimeraient et tous ceux qui les entouraient jusqu'alors ne pourraient pas les séparer. La Cour de Picasso ne lui faisait pas peur : un cortège de flatteurs et de médiocres. Aucun n'avait sa force de déesse, son autorité.
Commenter  J’apprécie          00
Il n'était pas familier, peu enclin aux confidences, il n'aimait pas trop s'étendre sur lui-même. On prétendait que c'était une manière de garder son mystère. Lui savait qu'il parlait peu pour faire taire son désespoir, sa détresse.
Commenter  J’apprécie          00
. Elle se rendait ponctuellement au rendez-vous, sans broncher, faisait croire qu'elle lui obéissait. Elle feignait de ne pas s'offusquer de ses injonctions, mais tout en elle se cabrait. Elle n'avait jamais douté de son propre caractère : elle serait ainsi toujours sur le qui-vive, prudente, mais bravache surtout…
De fait, lui aussi ne se berçait pas d'illusions à son sujet : il n'était pas encore tout à fait convaincu de son apparente docilité, ni même de sa fidélité. Dora restait une énigme pour lui. C'était pour cela qu'elle le fascinait, irrésistiblement. Elle avait révélé en lui sa vraie nature que l'image solaire,méditerranéenne qu'on lui prêtait, avait occultée. Celle qu'il s'ingéniait à dissimuler, croyant maîtriser cette mélancolie profonde, sombre et funeste, qu'il savait logée en lui.
Commenter  J’apprécie          00
Depuis quelques temps, elle le trouvait inquiet, préoccupé par la situation politique en Espagne. La guerre civile qui avait éclaté au début de l’été se répandait partout dans le pays. Son pays. S’il n’avait jamais été un patriote acharné ou un nationaliste, il éprouvait une fierté certaine d’être espagnol. Il revendiquait sa langue, ses usages, ses mœurs, ses mentalités, son art de vivre. Et cette exubérance dans la vie, dans la création qui était, disait-il, inhérente à sa terre natale.
Commenter  J’apprécie          20
Picasso, depuis des mois déjà, ne savait pas exactement sur quel pied danser avec elle. Il n’était pas prêt à se jeter vraiment à ses genoux, et pourtant, pour la première fois de sa vie, c’était une femme comme il les aimait au plus secret de lui, qu’il avait conquise. Pas une vierge, pas une prostituée, pas une fille des bas quartiers de Barcelone, celles qu’il fréquentait jadis, pas une femme fragile, comme une enfant qu’il fallait protéger, mais une femme qui tenait de tout à la fois, forte et faible, virile et féminine, une femme qui osait tout, lui tenait tête, intelligente et brutale, passionnée et sombre comme lui, qui connaissait la douleur et la souffrance, qui brûlait d’un feu qui ne s’éteignait jamais, et rêvait d’idéal de de beauté. C’étaient ces femmes-là qu’aimait Picasso, des Amazones, des conquérantes, avec lesquelles il pourrait explorer des terres inconnues, dangereuses, des femmes qui aimaient le risque. (…) « Dora, oui, se disait-il, est de celles-là. Terrifiante et si faible en même temps ».
Commenter  J’apprécie          112
Cette fille, je la veux, elle est tout ce que j'aime. Elle me défiera mais je la soumettrai. C'est ça le jeu que j'aime (...)
Le jeu s'annonçait cruel et passionnant.
Commenter  J’apprécie          120

Il l’avait désirée violemment, malgré leur différence d’âge, vingt-six ans. Il avait cinquante-quatre ans alors et elle vingt-huit. Mais l’énergie mise dans son art trahissait l’agressivité de sa puissance sexuelle, alimentée par son narcissisme qui emportait tout. Elle lui apprit donc les rudiments de son art et bien plus encore, ses trucs, et surtout l’implication du regard, ce qui faisait que la photographie n’était plus la restitution grossière de la réalité mais autre chose qu’elle parvenait à lever, à révéler.
Commenter  J’apprécie          10

(Explicit)

Pour écrire son roman, l’auteur s’est librement inspiré de la vie et de l’œuvre de Picasso et de Dora Mar. Dialogues, situations, interprétations psychologiques, s’ils sont le fruit de son imagination, reposent néanmoins sur des faits et des évènements historiques éparsement rapportés dans des essais, des archives d’époque, des témoignages de contemporains, des entretiens inédits. Ils ne sauraient être une lecture chronologique de la réalité telle que les protagonistes l’ont vécue. Toutefois, chacun sait que l’imaginaire rejoint souvent cette même réalité et la fonde. C’est le privilège de la littérature et de l’art.
Commenter  J’apprécie          30






    Lecteurs (40) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Les écrivains et le suicide

    En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

    Virginia Woolf
    Marguerite Duras
    Sylvia Plath
    Victoria Ocampo

    8 questions
    1754 lecteurs ont répondu
    Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

    {* *}