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Critique de Cialanma



Fabrice Virgili a écrit une étude historique (normale c'est son métier) sur une partie honteuse de l'épuration extra-judiciaire. Je dis honteuse en âme et conscience car d'aucuns diront que ces Femmes avaient mérité leur sort. Certaines méritaient d'être jugées et condamnées mais par la Loi, par un tribunal avec garantie des droits de la défense et non par une foule, cherchant à une exécutoire et un défouloir après 5 années d'une Occupation dég.....Foule dont beaucoup n'était pas très net.
A partir de documents photographiques, de témoignages (rares), de livres, de reconstitution de statistiques etc...Fabrice Virgili montre les origines de la tonte des femmes, comment ce processus s'est mis en place en France (mais pas que...En Italie aussi, scène dure dans le film 1900 de B. Bertolucci ou même avant après la victoire de Franco en Espagne contre les Femmes républicaines voire contre les Femmes adultères à Rome), pourquoi, qui sont les juges, les bourreaux et les victimes et que cache vraiment ce châtiment.

C'est un livre rigoureux qui ne laisse que peu de place à des descriptions de ces scènes (pas de voyeurisme ni d'exposition malsaine). Les faits, les dates, les personnes, le contexte, le résultat etc...uniquement. Avec une recherche d'explications, de facteurs et d'actes socio-psychologiques et une analyse quasi psychanalytique. du coup, le livre peut paraître aride et par moments insaisissable. Car il casse l'imaginaire collectif en lui donnant un caractère de réflexion, de recherche. La Femme tondue est souvent un élément d'un folklore macabre, choquant et dég...autour de la Libération. Fabrice Virgili sort de ce cliché car il nous éclaire parfaitement sur cette justice expéditive, quasiment totalement engagée contre les Femmes (quelques Hommes ont été tondus mais la portée symbolique est très peu impactante par rapport à la Femme, en revanche les Hommes étaient plutôt lynchés au sens propre du terme).

Au-delà de sanctionner, de punir, de châtier, il s'agissait de se réapproprier le corps, la sexualité et la vie sociale de la Femme, de montrer sa virilité d'Homme victorieux après une défaite et une mise au pas magistrales et de retrouver le temps d'avant. Inconsciemment ou consciemment d'ailleurs, c'était pour certains mais aussi certaines de pratiquer une forme d'agression sexuelle sous couvert de justice envers des Femmes qu'on désirait (pour rester polie) qu'on jalousait. Or, Fabrice Virgili montre que la collaboration horizontale c'est à dire vraiment l'intelligence avec l'ennemi a été le fait de très, très peu de Femmes et parmi celles tondues toutes ont été désignées comme telles alors que très peu l'ont pratiquée cette collaboration. Bien souvent, elles ont été tondues car au mieux elles travaillaient pour les Allemands, avaient été vues avec des Allemands au plus intime elles avaient eu une vraie histoire d'amour avec un Allemand voire un bébé par la suite. Il y a aussi un moyen de contrôler et de criminaliser les Femmes indésirables car jugées trop en décalage par rapport à la société alors que bien souvent elles étaient victimes d'une situation socio-économique et sociétale de défavorisée. C'en était déjà trop en ces temps extraordinaires.

Aujourd'hui, avec le recul, on s'offusque d'un tel châtiment qui serait jugé comme une violence voire une agression à caractère sexuelle contre les Femmes. A l'époque au regard du contexte, non. Moi j'ai eu un peu de mal à garder cela à l'esprit quand j'ai lu le livre (alors que je parle souvent du contexte de l'époque, du replacement du fait étudié dans ce contexte). Ainsi vont les lectures....
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