France "virile" : Des femmes tondues à la libération.
Comme tant d'hommes mobilisés dans l'été 1914, le caporal Grappe n'était pas préparé à l'expérience de la guerre. Devant une situation inédite d'horreur et de violence, les uns ont réagi par des actes d'héroïsme et de dépassement de soi. La plupart ont accepté avec fatalisme la mort au champ d'honneur, présentée comme un sacrifice offert à la nation menacée. Quelques-uns, rares il faut le souligner, ont refusé des combats insupportables pour une cause qui les dépassaient. Ce fut le choix de Grappe sans que l'on sache si le refus qui l'a conduit à déserter à été guidé par une conscience politique claire. Sa désertion semble plutôt avoir été le fait de motifs personnels, forgés par l'incapacité médicale à diagnostiquer des troubles psychiques nés sur le champ de bataille, qui ne seront jamais pris en compte ni même examinés.
De 1943 au début de l'année 1946, la tonte de la chevelure a été massivement pratiquée à l'encontre de femmes accusées d'avoir collaboré avec l'occupant allemand. Vingt mille femmes environ, de tous âges et de toutes professions, ont été tondues sur l'ensemble du territoire français.
Plus qu'une réappropriation d'un passé, la tonte participe de l'affirmation d'un présent, d'un "temps commun patriotique" vécu par chacun et par tous.
Un destin funeste qui faisait dire à un mineur lorrain :
« Mon grand-père français a été fait prisonnier par les Prussiens en 1870; mon père allemand a été fait prisonnier par les Français en 1918; moi, Français, j’ai été fait prisonnier par les Allemands en juin 1940, puis enrôlé de force dans la Wehrmacht en 1943, j’ai été fait prisonnier par les Russes en 1945. Voyez-vous, Monsieur, nous avons un sens de l’histoire très particulier. Nous sommes toujours du mauvais côté de l’histoire, systématiquement : les guerres, nous les avons toujours terminées dans l’uniforme du prisonnier, c’est notre seul uniforme permanent. »
Au Vietnam, on les appelle BUI DOI, les "poussières de vie".
Ils sont nés de Vietnamiennes et de soldats américains, entre les années 1960 et le départ de leur père en 1975. Ailleurs, ils n'ont pas toujours de nom.
Dans ces recours en révision, les arguments invoqués par les condamnés ne manquent souvent pas de sel : un hôtelier du Mont-Saint-Michel très proche de l'occupant, ayant fait importer des guides touristiques (avec une publicité de son établissement en quatrième de couverture) et de la bière de Munich, explique avec le soutien du député de la Manche qu'il s'agissait avant tout de "détourner les Allemands de la consommation de vins français et de préserver sa cave jusqu'à la libération".
Un meurtre vient d'être commis.
Le caporal Paul Grappe, déserteur de la Grande Guerre, travesti sous le nom de Jolie Suzy, amnistié après avoir retrouvé sa première identité, a été tué à coups de révolver par son épouse.
Pour adoucir sa vie laborieuse, elle jouait du violon et de la mandoline, instruments que l'on n'associe généralement pas aux pratiques musicales des classes populaires
J'ai aimé, adoré cet homme