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Critique de Cartouches


Amour et vacuité dans le milieu intellectuel parisien

Paul de Salles, romancier et chroniqueur littéraire dans l'hebdomadaire 𝐿𝑎 𝐺𝑎𝑢𝑙𝑜𝑖𝑠𝑒, s'ennuie dans sa vie, qui se déroule au sein du petit milieu culturel parisien. Il a pour ambition de mettre les voiles (au sens propre comme au figuré).

Il se rend, sans grand enthousiasme, à une énième exposition d'art contemporain et y fait la rencontre inespérée d'Erika Dauze, brillante et jolie femme de 29 ans, auteur d'une série d'articles sur l'art figuratif. Ensemble, ils vont connaître leur 𝑠𝑎𝑙𝑢𝑡 𝑝𝑎𝑟𝑡𝑖𝑐𝑢𝑙𝑖𝑒𝑟 dans ce marasme parisien.

𝑳𝒂 𝑴𝒐𝒏𝒕𝒆́𝒆 𝒅𝒆𝒔 𝒑𝒆́𝒓𝒊𝒍𝒔 est d'abord un roman d'amour entre un aristocrate cornichon et une jeune femme piquante et sophistiquée. Ne maîtrisant pas les codes de la drague et peu sûr de lui, Paul courtise Erika en utilisant des stratagèmes ingénieux et finement pensés, aidé par la rédactrice en chef de 𝐿𝑎 𝐺𝑎𝑢𝑙𝑜𝑖𝑠𝑒.

Les dialogues entre Paul et Erika sont enlevés et espiègles, ils manient parfaitement la langue française et partagent une culture et une vision communes. Cet amour naissant se déploie sur fond de satire de la société culturo-mondaine, où les arrivistes politiques, culturels et médiatiques pullulent.
Paul et Erika détonnent, loin des basses ambitions bourgeoises incarnées par quelques personnages sans principes et mus par leur unique soif de pouvoir.

Marin de Viry décrit les travers de la société germanopratine parisienne et dresse une galerie de portrait peu glorieuse des types humains que l'on peut croiser dans le Tout-Paris.
On rencontre des intellectuels prétentieux confits dans l'entre-soi, sans idées ni opinions que celles de l'air du temps et qui leur permettront de progresser socialement, et des politiciens sans conviction, pouvant endosser n'importe quel discours politique, pourvu qu'il leur permette de prendre le pouvoir.

Erika et Paul fréquentent deux adversaires politiques du même parti. Frédéric, ami de Paul et responsable du grand parti de Droite, souhaite stopper l'ascension politique de Charlène, pour qui Erika travaille (elle lui écrit ses discours : « 𝑙𝑎 𝑔𝑟𝑎𝑛𝑑𝑒 𝑐𝑢𝑙𝑡𝑢𝑟𝑒 𝑑𝑜𝑛𝑡 𝑖𝑙 𝑓𝑎𝑙𝑙𝑎𝑖𝑡 𝑒𝑛𝑐𝑜𝑟𝑒 𝑎𝑣𝑜𝑖𝑟 𝑙'𝑎𝑖𝑟 𝑑'𝑒̂𝑡𝑟𝑒 𝑖𝑚𝑝𝑟𝑒́𝑔𝑛𝑒́𝑒 𝑝𝑜𝑢𝑣𝑎𝑖𝑡 𝑠𝑒 𝑠𝑜𝑢𝑠-𝑡𝑟𝑎𝑖𝑡𝑒𝑟, 𝑐'𝑒́𝑡𝑎𝑖𝑡 𝑙𝑒 𝑟𝑜̂𝑙𝑒 𝑑'𝐸𝑟𝑖𝑘𝑎. 𝐹𝑎𝑖𝑟𝑒 𝑟𝑒𝑛𝑑𝑟𝑒 𝑢𝑛 𝑠𝑜𝑛 𝑐𝑢𝑙𝑡𝑖𝑣𝑒́ 𝑎̀ 𝑠𝑒𝑠 𝑑𝑖𝑠𝑐𝑜𝑢𝑟𝑠. »).

Cette Charlène est représentative des élites politiques ne voyant dans la chose politique qu'un moyen de satisfaire leur égo et leur soif de pouvoir : « 𝑠𝑒𝑢𝑙𝑒 𝑙𝑎 𝑣𝑎𝑖𝑛𝑒 𝑔𝑙𝑜𝑖𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑠𝑎 𝑏𝑖𝑛𝑒𝑡𝑡𝑒 𝑑'ℎ𝑒́𝑟𝑖𝑡𝑖𝑒̀𝑟𝑒 𝑑'𝑢𝑛 𝑒́𝑝𝑎𝑖𝑠 𝑐𝑜𝑚𝑝𝑡𝑒 𝑒𝑛 𝑏𝑎𝑛𝑞𝑢𝑒 𝑙𝑢𝑖 𝑖𝑚𝑝𝑜𝑟𝑡𝑒, 𝑡𝑜𝑢𝑡 𝑒𝑠𝑡 𝑐ℎ𝑒𝑧 𝑒𝑙𝑙𝑒 𝑟𝑎𝑚𝑒𝑛𝑒́ 𝑎𝑢 𝑙𝑎𝑏𝑜𝑟𝑖𝑒𝑢𝑥 𝑜𝑏𝑗𝑒𝑐𝑡𝑖𝑓 𝑑𝑒 𝑠𝑒 𝑟𝑒𝑛𝑑𝑟𝑒 𝑠𝑦𝑚𝑝𝑎 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙'𝑜𝑝𝑖𝑛𝑖𝑜𝑛, 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙𝑒𝑠 𝑟𝑒́𝑑𝑎𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠, 𝑒𝑡 𝑐ℎ𝑒𝑧 𝑙𝑒𝑠 𝑝𝑟𝑜𝑑𝑢𝑐𝑡𝑒𝑢𝑟𝑠 𝑑𝑒 𝑝𝑜𝑔𝑛𝑜𝑛. »

Au milieu de tous ces manigances et bassesses, nos deux protagonistes nous montrent un amour sans triche, empli de fraîcheur et d'authenticité, que la lourdeur de leur milieu peine à concevoir.

𝑳𝒂 𝑴𝒐𝒏𝒕𝒆́𝒆 𝒅𝒆𝒔 𝒑𝒆́𝒓𝒊𝒍𝒔 est paru début mars, aux Éditions du Rocher ; il est complémentaire de 𝑴𝒆́𝒎𝒐𝒊𝒓𝒆𝒔 𝒅'𝒖𝒏 𝒔𝒏𝒐𝒃𝒆́ (𝑃𝑖𝑒𝑟𝑟𝑒 𝐺𝑢𝑖𝑙𝑙𝑎𝑢𝑚𝑒 𝑑𝑒 𝑅𝑜𝑢𝑥, 2012), où Marin de Viry évoquait déjà le milieu intellectuel parisien à travers les névroses de l'un de ses représentants et sa peur d'être snobé.
Lien : https://www.facebook.com/pho..
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