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2.96/5 (sur 57 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Boulogne-Billancourt, , le 30/01/1962
Biographie :

Critique littéraire à la Revue des deux mondes, Marin de Viry a auparavant collaboré aux revues « Commentaire » et « le Banquet ».

Il a publié en 1996 chez Gallimard un essai polémique sur la presse française, "Le matin des abrutis" aux éditions JC Lattès et "Tous touristes" aux éditions Flammarion.

Il a créé à Sciences-Po un séminaire sur le roman contemporain et la modernité

Il a obtenu le Prix Cioran en 2007.

Source : www.surlering.com
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Elle faisait l’amour avec simplicité. Elle Ie faisait sans les gémissements de pubs pour parfums, comme ses maîtresses russes et lettonnes. Sans les cris rauques de psychanalysées, comme ses maîtresses intellectuelles de gauche. Sans les discours d'accompagnement obscènes, comme ses maîtresses fraîchement divorcées. Sans la restriction mentale de celle qui se reproche de coucher avec un male quinquagénaire dominant, comme ses maîtresses féministes. Sans fermer les yeux et sans crisper les jambes, comme une de ses maîtresses un peu bigote. Sans faire semblant de s’extasier sur sa puissance sexuelle, comme une professionnelle. Sans effeuiller des dessous ruineux, comme ses maîtresses moyen-orientales. Sans étaler sa science des postures, comme une convertie à une sagesse indienne qu'il avait fréquentée à Harvard. Sans lire mentalement le Journal du dimanche par-dessus ses épaules, comme une épouse légitime. Sans calculer les dividendes futurs de son consentement, comme les ambitieuses. Sans esprit de performance orgasmique dument répertoriée dans la mémoire de sa montre connectée sur une communauté de femmes comparant leurs pics de jouissance, comme ses collègues américaines. Elle faisait l’amour en pensant à ce qu’elle faisait. Elle I'avait voulu, et maintenant quelle l’avait, elle voulait en tirer le meilleur, avec simplicité et application.

C’était pour Sean une expérience éblouissante de retour à la nature, comme d'acheter un poisson entier plutot qu’un filet sous vide, mais en beaucoup plus intense. L’expérience allait bien avec la rugosité de son chateau féodal en ruine.
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Un mignon grec peut avoir un nez en trompette, mais pas un leader corporate.

Deux types de nez rendent éligible aux fonctions suprêmes : d'une part, le nez de boxeur, qui signale une virilité ascendante, celle de l’homme de la rue qui s'est battu pour en arriver là, qui a pris des coups dont la marque au milieu du visage inspire le respect au commun des mortels, au nez intact et à l'hlstoire personnelle pacifique ; et d'autre part le nez à la serpe, comme taillé dans le marbre d'un seul trait, qui signale une virilité descendante, et laisse à penser que son porteur appartient à une aristocratique et immémoriaie race guerrière, et qu’il est donc dans l'ordre des choses, quand on appartient au peuple, de sortir de la tranchée derrière lui en manifestant son enthousiasme de suivre un tel chef.

Deux charismes, deux autorités, deux légitimités, mais deux seulement. Sean avait un peu le nez d'Ernst Jünger, celui d'un homme pour qui la guerre est un sport aristocratique dans lequel on consomme beaucoup de paysans, d'ouvriers et d’artisans, et qui pense que la jouissance de faire prendre des risques aux autres est largement justifiée par le risque qu’on prend soi-même, mais en vivant en seigneur.

Pour aller au bout du raisonnement, songea Marius, le nez est une paire de couilles visible par le public.
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La Grande Arche a été vendue par François Mitterrand à un parterre de privilégiés parisiens, acquis d'avance, comme un geste architectural d'une haute portée historique, symbolique et esthétique. On peut poser l’hypothèse psychologique que ce président de la République a été, pendant ses deux mandats, en crise mimétique permanente avec les rois de France. Ce serait bien naturel pour un notable provincial de formation maurrassienne, dont le destin convenu eût été de jouer au bridge au Rotary tout en pratiquant calmement l’adultère avec des beautés régionales. Ayant avancé en crabe jusqu'au sommet et, après l'avoir atteint, ayant échoué en presque tout, du déficit budgétaire en passant par l'indépendance de la France, il a voulu faire oublier les conséquences catastrophiques de son règne en les aplatissant sous des ouvrages pharaoniques. La Grande Arche, les pyramides de Pei et la Grande Bibliothèque - signatures de ses deux septennats - ont en commun leurs formes abstraites et leur affectation de simplicité grandiose, qui resteront dans l'histoire de l'art comme le style hiératique grotesque.
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Le calme de la vie intérieure, la recherche de cap et de réconfort sous la forme de longues lectures sur un grand lit, dans un château en voie de restauration, étaient globalement considérés par ce monde comme une faute majeure de comportement, une incompréhension coupable sur son sens, un rejet de sa séduction, une espèce d'hérésie.

Le monde avait une alternative crédible forte : celle de publier sa bobine sur un réseau social en un geste pathétique de narcissisme, à la recherche de complices en égocentrisme, afin d'obtenir leur approbation pressée et distraite. Si on en trouvait, bien sûr, et à charge de revanche. Cela suffisait à justifier une journée.
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Il n'avait plus d’avenir à MBP, c'était fini. À son âge, ce serait le dernier vrai poste de sa carrière. Il reviendrait beaucoup plus souvent chez lui. Il aurait sur le dos Rosemonde van der Treck, sa légitime épouse. Ce fut la deuxième fois qu'il pensa au suicide, pas à celui d'un autre, mais au sien. Car Rosemonde le tiendrait enfin. Rosemonde préparait le logis pour que le retour de Frank devienne un enfer. Rosemonde avait une femme de ménage malgache, mais elle tenait absolument à passer I'aspirateur elle-même quand Frank revenait à la maison.

Rosemonde le passait particulièrement dans les pièces où Frank lisait, se reposait, regardait un film, travaillait. Elle traquait son mari avec son aspirateur au volume sonore assourdissant, sous prétexte d’hygiène. Quand elle taraudait son époux avec son aspirateur, elle avait l'air d'un diablotin muni d'une fourche poussant les damnés vers un gouffre ou un chaudron, comme dans un tableau de Jérôme Bosch. Frank, sous l'effet du deuxième whisky qu'il s'était accordé après la quatrième lecture de l'enregistrement fatal, s'assoupit quelques secondes et se rêva aspiré violemment, en compagnie des moutons de poussière et des poils de leur setter irlandais gisant sous le canapé, dans la colonne en plastique du tube de l’aspirateur de Rosemonde. Il finissait sa course folle fracassé contre le filtre encrassé, et il n’y avait plus rien. Il se réveilla. Non, il ne se suiciderait pas. Il se battrait pour que Rosemonde aille aspirer ailleurs, et il espérait vaincre. Pour un homme qui, comme le disait sa biographie, avait « géré un périmètre consolidé de quinze milliards d'euros », c’était un combat nouveau et honorable.
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Comme le Royaume-Uni lui-même, Priscilla incarnait à la fois un principe fort et l'ouverture à de multiples possibles, pourvu qu’ils fussent profitables à son égoïsme sacré.
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Marin de Viry
Le monde va si mal que les abrutis n'ont pas l'air con.
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Priscilla noircissait des rapports pour des institutions internationales. Elle se transformait parallèlement en châtelaine entrepreneuse. Il ne lui manquait plus qu’un hennin et un lévrier pour réincarner le féminisme du XIII’ siècle.

Paulina préparait un doctorat de lettres comparant les figures de Moïse et d'Ulysse dans la littérature du XIX’ siècle. Son directeur de thèse, un universitaire à barbe taillée et veste de tweed, lui demanda quelles raisons la poussaient à prendre ces deux figures, et quels espoirs elle nourrissait en les comparant. Elle lui répondit que sans eux, son mari n’avait pas de sens, et qu’elle pensait que ces deux figures étaient déterminantes pour beaucoup d'hommes qui refusaient d'obéir aux forces d'un destin qui ne leur était pas agréable.

Son professeur se caressa le menton une bonne minute, puis approuva son projet, qui était pourtant très risqué du point de vue de la carrière de Priscilla et de sa propre réputation. Mais il était à deux ans de la retraite. Il pouvait participer à cette charge héroïque. Il était temps de mourir au monde.
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Tout le monde le regardait poliment. On avait du mal à l'imaginer arriver par une piste, sur une Honda 125 pourrie, par 35 °C à l’ombre, au milieu d'une exploitation de noix de macadamia, afin d'enseigner aux membres d'une nouvelle coopérative de production les conséquences des choix comptables concernant l'amortissement des actifs sur la situation d'exploitation et le bilan patrimonial de l'entité qu'ils allaient créer. Malgré l'instabilité méthodologique des projets de développement, dont témoignait le conflit entre Marius et Priscilla, c'était quand même un métier où il fallait avoir un peu vécu pour acquérir une crédibilité.

S'agissant de Robert, passer des concours au centre de Paris depuis l'âge de 16 ans, obtenir un emploi à vie à 21 ans et pontifier sous les lambris depuis, ne faisait pas partie de la notion « d'avoir un peu vécu ».
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Marius, tu as pour adversaire quelqu'un qui essaie de ne pas se laisser aveugler, comme toi, par des passions d'amour-propre, des histoires de point d'honneur que tu confonds avec l’honneur, car tu fais partie de cette engeance qui traîne sur le pré un adversaire qui t’aurait regardé de travers par mégarde. Tu as une conception outrée de ta dignité. Je n’irai pas sur ton ring, mais je vais vider la salle de son public, éteindre la lumière, et te piquer ton impresario. Tu pourras toujours parcourir les quatre coins du ring en sautillant, tout seul, dans la nuit. Et puis, quand tu seras épuisé, il te faudra en descendre et partir. Estime-toi heureux si je ne ferme pas les issues de secours de la salle.
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