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Critique de Melisende


Si je lis beaucoup de titres Young Adult à tendance « fantastique », j'en lis peu qui se déroulent dans notre monde bien contemporain. Ayant besoin de changements, La Liste arrivait à point nommé et j'espérais beaucoup de notre rencontre…
Malheureusement, cette histoire d'adolescentes n'a pas su toucher l'ancienne adolescente que je suis. Il y a quelques points positifs, c'est certain ; mais j'ai eu tendance à les oublier, un peu trop obnubilée par les « défauts » de l'ouvrage… à commencer par une traduction qui laisse dangereusement à désirer, à mon goût.

Une liste est éditée au début de chaque année scolaire dans le lycée américain de Mount Washington, elle désigne la plus belle et la plus moche de chaque niveau (de la troisième à la terminale), soit 8 jeunes filles. 8 jeunes filles américaines pour illustrer les angoisses, doutes, intérêts et maux de la jeunesse actuelle… de façon évidemment très clichée.
Ainsi, vous n'éviterez pas le fameux clivage entre lycéennes populaires et élèves impopulaires malheureusement trop célèbre aux Etats-Unis (et souvent mis en scène dans les séries télévisées) et tous les problèmes que semblent contenir le lycée d'une petite bourgade tranquille : la bitch en puissance entourée de sa cour de mini-bitches qui ont peur d'elle, la nouvelle un peu has-been mais attirante, la future Reine de promo absolument parfaite et adulée, la rebelle qui ne veut pas faire comme toutes les autres et s'enlaidit pour faire passer un message hautement philosophique sur l‘importance du physique, l'anorexique isolée, la « garçon manqué » très sportive, la moche tête de turc, la jolie idiote écrasée par l'intelligence de sa grande soeur… tout y passe. Il ne manquait plus que la présidente du club d'abstinence enceinte. Je ne doute pas que ces situations existent et soient le lot quotidien d'un endroit rempli de jeunes adolescents bourrés d'hormones (enfin, surtout aux Etats-Unis)… mais je trouve tout de même qu'on accumule un petit peu trop de clichés en 400 pages.

L'auteure a donc pris le parti d'offrir à chacune de ses huit héroïnes, une histoire un peu choc. A croire que dans ce lycée (ou dans n'importe quel lycée américain), les gens « normaux », ça n'existe pas. Et en misant tout sur un seul trait de caractère particulier, c'est difficile d'arriver à des personnages complexes et bien travaillés. Chacune des filles rencontrées ne se résume donc qu'avec un seul adjectif, celui qui fait toute sa personnalité et surtout, celui qui la place dans la microsociété du lycée et qui définit comment les autres la perçoivent. Je trouve que c'est trop « simpliste », pas assez creusé, trop en surface. L'auteure joue la simplicité et c'est dommage.
De toute façon, choisir de mettre en scène huit jeunes filles avec leur « histoire » respective et donc en faire huit héroïnes dans un si petit roman ; c'était, à mon goût, une mauvaise idée. Il était évident que Siobhan Vivian aurait du mal à nous offrir des personnages complexes en si peu de pages. Je pense qu'il aurait été plus sage de diminuer le nombre de figures principales et de développer ainsi davantage celles restant sur le devant de la scène. Les jeunes filles auraient gagné plus de subtilité, auraient été ainsi plus marquantes et donc, peut-être plus attachantes.
Car malheureusement, de ces huit héroïnes, je ne retiens quasiment rien et ne me suis attachée à aucune. Ou peut-être à Danielle, la « moche » du niveau troisième qui, passionnée par la natation se retrouve avec un corps un peu masculin et en subit les conséquences. J'ai aimé sa personnalité, son évolution… et surtout son pied de nez à ses camarades, à la fin du livre. Les autres m'ont plus ou moins laissée de marbre ou, dans le meilleur des cas, m'ont franchement agacée.

On suit toutes ces demoiselles plus ou moins jolies sur moins d'une semaine : du jour de l'affichage de la fameuse liste (le lundi) au grand bal de début d'année (le samedi). Toutes réagissent différemment mais finalement, qu'elles soient blondes, brunes, grandes, petites, minces ou enrobées… elles ne pensent qu'à une seule et futile chose : le bal (et surtout : mais quelle robe mettre ?!). Je sais que les adolescentes ont tendance à être un peu superficielles mais je suis un peu déçue que finalement, derrière une idée qui laissait présager une réflexion sur la « beauté extérieure/intérieure » ; l'auteure choisisse de mettre ce bal en avant. C'est quand même un peu déprimant de constater que les jeunes américaines sont complètement obsédées par cet évènement qui marquera toute leur année. Finalement, je suis contente d'avoir grandi dans un lycée français où la popularité de chacun a beaucoup moins d'incidence sur sa vie scolaire et où la compétition est beaucoup moins mise en avant. Ou alors je suis juste tombée sur un lycée sympa ?
Le but de ce livre semble donc être le grand bal de début d'année mais, une fois celui-ci arrivé… il ne se passe pas grand-chose (pour ne pas dire rien). On a suivi les huit adolescentes pendant toute une semaine pour arriver à ce que j'imaginais être LE moment important de l'intrigue et… le dénouement est brutal (voire bâclé), je n'ai pas eu toutes les clefs pour comprendre ce qui allait se passer pour chacune des filles de la liste… Déçue par ces dernières pages.

Malgré tout, je pense que j'aurais pu prendre tout de même un peu plus de plaisir à cette lecture (qui n'est pas si mauvaise que ça, quand même) si la traduction n'avait pas été si… mauvaise. Je pense que le problème vient de la traduction puisque la langue anglaise me semble moins compliquée au niveau des temps… et c'est vraiment du côté de la concordance des temps que le bât blesse.
Déjà, un récit rédigé au passé composé, ça me gêne. Je sais que ça apporte un côté un peu plus oralisant et dynamique que le passé simple/imparfait mais… Cela dit, certains textes contemporains utilisant cette narration sont bien écrits. J'aurais pu m'y faire ici, si mes cheveux ne s'étaient pas dressés sur ma tête à chaque fois qu'un personnage raconte un évènement passé. Parce que, si je ne dis pas de bêtise (mais je ne crois pas), si la narration principale se fait au passé composé, il faut employer un temps « antérieur » lorsque l'on relate une situation « antérieure » à cette narration… le plus-que-parfait, par exemple. Ce qui n'est pas du tout le cas dans la traduction de la Liste. Ainsi, lorsqu'un personnage nous raconte un évènement antérieur, il reste au passé composé… et j'ai butté à chaque fois. Au bout d'un moment, ça m'agaçait tellement qu'automatiquement, je faisais le changement dans ma tête.
Et n'oublions pas les nombreuses coquilles rencontrées pendant la lecture : l'utilisation du mauvais prénom, le manque fréquent de ponctuation (les phrases ne se terminent plus par des points dorénavant, c'est le vide sidéral). Je suis tatillonne, je sais ; mais venant d'une maison d'édition qui a pignon sur rue, un travail aussi peu professionnel me fait vraiment criser. Je lis des textes de « petites » maisons infiniment plus travaillés, qu'il s'agisse du fond et de la forme. Pourtant, les moyens à disposition sont sans doute moindres…


Je n'ai pas passé un moment totalement désagréable avec cette Liste qui, je pense, saura plaire aux jeunes lecteurs (en plein dans la période difficile de l'adolescence) ; mais les défauts relevés dans cette chronique auront eu raison de mon enthousiasme. Dommage, il y avait de l'idée.
Lien : http://bazardelalitterature...
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