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EAN : 9782092543375
416 pages
Nathan (25/04/2013)
3.27/5   1069 notes
Résumé :
La liste nomme 8 filles chaque année.
Les 4 plus belles et les 4 plus laides du lycée.
Et si votre nom s’y trouvait ?

Une tradition odieuse sévit au lycée de Mount Washington : tous les ans, une semaine avant le bal de début d’année, une liste est placardée dans les couloirs. Personne ne sait qui établit cette liste. Et personne n’a jamais réussi à empêcher qu’elle soit publiée. Invariablement, chaque année, la plus belle et la plus laid... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (310) Voir plus Ajouter une critique
3,27

sur 1069 notes
Avant de me plonger dans ce roman jeunesse, j'ai cherché à me mettre en condition, c'est-à-dire que j'ai fait revenir à la surface de ma mémoire mes souvenirs les plus lointains du collège et du lycée, et bien que l'action de "La liste" ne se déroule pas en Europe mais aux Etats-Unis, et que, de ce fait, les repères culturels ne soient pas identiques, j'ai pensé que je ne pourrais pas apprécier ma lecture sans cela.

Force m'a été de constater que la majorité de mes souvenirs étaient douloureux ou rattachés à des moments d'angoisse, de crainte voire de réelle humiliation. Avec l'âge adulte, on guérit des doutes et des tâtonnements de l'adolescence jusqu'à presque en oublier la cruauté et pourtant... si je suis honnête avec moi même - et avec la satisfaction de savoir que cette étape de ma vie, pour difficile qu'elle fût, n'a jamais représenté un obstacle à mon épanouissement de femme -, je ne peux que constater qu'elle fut horrible à vivre, comme pour bien des adolescents.

Avec "La liste", nous pénétrons dans un établissement américain fréquenté par la middle class et dont l'une des traditions les plus officieuses est la diffusion, à la rentrée, d'une liste recensant les quatre plus belles et les quatre plus moches filles de l'année, chaque niveau ayant son canon et son laideron clairement identifiés aux yeux de tous, leurs noms écrits noir sur blanc sur ce bout de papier édité anonymement et placardé dans chaque couloir, sur chaque casier.

Par de courts chapitres au rythme bien enlevé, l'auteur nous propose donc huit portraits de jeunes femmes aux blessures diverses, qu'elles soient évidentes ou dissimulées. de ce point de vue, et bien qu'il faille s'accrocher au début pour s'y retrouver entre ces huit figures principales, j'ai trouvé ce roman intéressant. Ciblant plus particulièrement les lectrices adolescentes, ce roman permet de donner un éclairage nouveau sur des situations du quotidien de nos propres lycéennes.

Malgré les temps qui changent et les modes qui passent, on se rend hélas assez vite compte qu'il existe un socle commun à toutes les générations au moment de "l'âge ingrat", c'est cette poudrière que constituent les frustrations, les envies, les poussées d'hormones, l'excès dans les émotions, le besoin d'émancipation et... l'esprit de compétition. Ce dernier, si viscéralement présent dans la société américaine, transparaît parfaitement dans le récit. Dès le lycée, les élèves sont incités à élire une reine de beauté, creusant les fossés entre individus et générant une émulation moins saine que dans le contexte sportif.

Le culte de la beauté, qui se fait souvent au détriment de celui de l'intelligence, et qui stimule favorablement la recherche de la popularité est très bien retranscrit ici. Je craignais un peu en débutant ma lecture de me heurter à une jolie galerie de stéréotypes et, finalement, je me dis que les clichés, s'ils ont le cuir aussi dur, c'est qu'au final il reflète la triste réalité de notre société.

Une lecture à mettre entre les mains de toutes les jeunes filles - et des jeunes garçons - qui, j'en suis certaine, passeront un bon moment et feront évoluer leur perception de leurs propres expériences.


Challenge de lecture 2015 - Un livre qui se déroule dans un lycée
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Pour le Défi Lecture 2023, il me fallait lire un livre avec le mot "liste" dans le titre. Catégorie plutôt facile à remplir, si ce n'est que, malgré une PAL archi remplie, sans fond et qui déborde pourtant de tous les côtés, aucun de mes livres ne correspondaient. Je me suis donc dirigée vers mon réseau de bibliothèques préféré. Ayant déjà lu "La liste de Schindler" et "La liste de mes envies", le choix s'est avéré assez restreint. J'ai donc jeté mon dévolu sur "La liste" de Siobhan Vivian qui, malgré des critiques pas toujours élogieuses, a quand même eu son petit succès.

Chaque dernier lundi de septembre, au lycée de Mount Washington, une liste est établie et placardée un peu partout dans l'enceinte du lycée. Cette liste révèle l'identité de huit filles, deux par niveau : les quatre plus belles et les quatre plus moches. On ne sait qui est l'instigateur de cette liste, mais tous les ans, elle est attendue et a des répercussions sur les "élues".

Et ce sont ces élues que nous suivons tour à tour au fil des chapitres : Danielle, grande, musclée et sportive, surnommée Dan the Man ; Abby, qui mise tout sur son physique plutôt que sur ses capacités (moindres) scolaires ; Candace, belle à l'extérieur, beaucoup moins à l'intérieur ; Lauren, qui n'avait jamais mis les pieds dans un établissement scolaire jusqu'à cette année ; Sarah, la rebelle et la marginale ; Bridget, qui ne se trouvera jamais belle à cause de kilos en trop qu'elle n'a pas ; Jennifer, élue laidron quatre années de suite ; et Margo, certainement bientôt la Reine de la Rentrée.

Tout se déroule sur une semaine. Et tout commence ce lundi fatidique. Les chapitres alternent entre les points de vue des unes et des autres, où l'on fait la connaissance de chacune, observe leurs réactions face au dévoilement de leur nom sur la liste, leur manière d'y faire face et leurs comportements durant le restant de la semaine. Tout s'arrête le samedi, jour du bal de la rentrée que chacune attend avec impatience, mais pour des raisons différentes.

Par le biais de ces huit lycéennes, toutes différentes les unes des autres, nombre de sujets pouvant toucher les lycéens (et les collégiens) sont évoqués : anorexie, regard et jugement des autres, popularité, amitié, apparences physiques, jalousies et rivalités, difficulté de s'intégrer, etc. À un moment ou à un autre, il y a de fortes chances qu'on finisse par s'identifier ou se reconnaître dans l'une d'elles. J'ai été prise d'affection pour certaines dès le départ, alors que d'autres au contraire ne sont pas vraiment sujettes à la sympathie. Mais au fil des pages, au fur et à mesure qu'elles m'ont dévoilé leur vraie nature, je me suis aperçue que l'effet s'inversait : j'ai de moins en moins apprécié les premières pendant que je m'attachais un peu plus aux secondes. L'histoire prend un tournant, doucement mais sûrement, que je n'ai pas vu venir immédiatement et qui m'a en fait pas mal surprise. J'ai trouvé que c'était plutôt bien joué de la part de l'autrice.

Ce ne sera pas le livre de l'année en ce qui me concerne, certainement parce que je ne fais pas partie du public auquel il est destiné. Mais je reconnais que l'intrigue est plutôt bien amenée malgré des personnages trop nombreux sur lesquels on n'a pas trop le temps de s'attarder. L'écriture, plutôt ordinaire, se veut quand même fluide, la lecture est aisée et les pages se tournent vite. J'aurais peut-être aimé un dénouement un peu plus approfondi, et connaître réellement le ressenti de chacune au moment du bal (seules quelques-unes ont eu ce privilège), mais dans l'ensemble je n'ai pas passé un désagréable moment. Je ne pense pas que je garderai en mémoire cette histoire bien longtemps, malgré l'évocation de thèmes loin d'être anodins (malheureusement trop survolés à mon sens).

C'est, en fait, un roman qui mériterait d'être un peu plus approfondi dans son ensemble (personnages, sujets abordés et dénouement essentiellement), mais qui est loin d'être mauvais.
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Quel monde cruel que celui de l'adolescence, celui où l'on n'est encore au collège ou même au lycée. C'est une époque pour laquelle l'apparence a beaucoup d'importance, parfois même bien plus que ce que l'on a dans la cervelle (non pas à travers le regard des enseignants bien évidemment mais tout simplement à travers ceux des Autres, c'est à dire ceux du lycée quoi). Il faut toujours avoir quelque chose à prouver, montrer qu'on est jolie, populaire et que l'on est entourée d'amies (que cette amitié soit sincère ou non d'ailleurs, cela n'a pas beaucoup d'importance).

Eh bien, c'est exactement le thème de ce livre. Au lycée de Mount Washington (qui englobe les classes allant de le Troisième à la Terminale), une tradition persiste depuis de nombreuses années : celle de la Liste. Celle-ci est rédigée chaque année par une personne anonyme grâce à une pince à gaufrer et qui a pour but de sélectionner la fille la plus belle et la plus moche de chaque section. Aussi, ici, le lecteur fait la connaissance de Danielle, Abby, Candace, Lauren, Sarah, Bridget, Jennifer et Margo qui, en voyant apparaître leur propre nom sur cette fameuse Liste, que ce soit du côté positif (jolie) ou négatif (moche) ont au moins l'avantage d'âtre reconnue par tous les autres élèves du lycée.

Une histoire d'ados assez cruelle je dois dire (je suis bien placée pour le savoir étant donné que lorsque j'étais au lycée, je me faisais plus remarquer pour mes notes en cours que pour autre chose...bon, bref, passons !) mais qui se lit très facilement (bien qu'au départ, j'ai eu tendance à me reporter à la quatrième de couverture sur laquelle est affichée la liste pour savoir qui est qui. Un roman pour adolescentes...mais pas seulement, car que l'on soit une femme ou un homme, une ado ou une adulte, il y a toujours une sorte de morale à tirer de cet ouvrage...A vous de découvrir laquelle ! Moi, j'ai trouvé la mienne !


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Si je lis beaucoup de titres Young Adult à tendance « fantastique », j'en lis peu qui se déroulent dans notre monde bien contemporain. Ayant besoin de changements, La Liste arrivait à point nommé et j'espérais beaucoup de notre rencontre…
Malheureusement, cette histoire d'adolescentes n'a pas su toucher l'ancienne adolescente que je suis. Il y a quelques points positifs, c'est certain ; mais j'ai eu tendance à les oublier, un peu trop obnubilée par les « défauts » de l'ouvrage… à commencer par une traduction qui laisse dangereusement à désirer, à mon goût.

Une liste est éditée au début de chaque année scolaire dans le lycée américain de Mount Washington, elle désigne la plus belle et la plus moche de chaque niveau (de la troisième à la terminale), soit 8 jeunes filles. 8 jeunes filles américaines pour illustrer les angoisses, doutes, intérêts et maux de la jeunesse actuelle… de façon évidemment très clichée.
Ainsi, vous n'éviterez pas le fameux clivage entre lycéennes populaires et élèves impopulaires malheureusement trop célèbre aux Etats-Unis (et souvent mis en scène dans les séries télévisées) et tous les problèmes que semblent contenir le lycée d'une petite bourgade tranquille : la bitch en puissance entourée de sa cour de mini-bitches qui ont peur d'elle, la nouvelle un peu has-been mais attirante, la future Reine de promo absolument parfaite et adulée, la rebelle qui ne veut pas faire comme toutes les autres et s'enlaidit pour faire passer un message hautement philosophique sur l‘importance du physique, l'anorexique isolée, la « garçon manqué » très sportive, la moche tête de turc, la jolie idiote écrasée par l'intelligence de sa grande soeur… tout y passe. Il ne manquait plus que la présidente du club d'abstinence enceinte. Je ne doute pas que ces situations existent et soient le lot quotidien d'un endroit rempli de jeunes adolescents bourrés d'hormones (enfin, surtout aux Etats-Unis)… mais je trouve tout de même qu'on accumule un petit peu trop de clichés en 400 pages.

L'auteure a donc pris le parti d'offrir à chacune de ses huit héroïnes, une histoire un peu choc. A croire que dans ce lycée (ou dans n'importe quel lycée américain), les gens « normaux », ça n'existe pas. Et en misant tout sur un seul trait de caractère particulier, c'est difficile d'arriver à des personnages complexes et bien travaillés. Chacune des filles rencontrées ne se résume donc qu'avec un seul adjectif, celui qui fait toute sa personnalité et surtout, celui qui la place dans la microsociété du lycée et qui définit comment les autres la perçoivent. Je trouve que c'est trop « simpliste », pas assez creusé, trop en surface. L'auteure joue la simplicité et c'est dommage.
De toute façon, choisir de mettre en scène huit jeunes filles avec leur « histoire » respective et donc en faire huit héroïnes dans un si petit roman ; c'était, à mon goût, une mauvaise idée. Il était évident que Siobhan Vivian aurait du mal à nous offrir des personnages complexes en si peu de pages. Je pense qu'il aurait été plus sage de diminuer le nombre de figures principales et de développer ainsi davantage celles restant sur le devant de la scène. Les jeunes filles auraient gagné plus de subtilité, auraient été ainsi plus marquantes et donc, peut-être plus attachantes.
Car malheureusement, de ces huit héroïnes, je ne retiens quasiment rien et ne me suis attachée à aucune. Ou peut-être à Danielle, la « moche » du niveau troisième qui, passionnée par la natation se retrouve avec un corps un peu masculin et en subit les conséquences. J'ai aimé sa personnalité, son évolution… et surtout son pied de nez à ses camarades, à la fin du livre. Les autres m'ont plus ou moins laissée de marbre ou, dans le meilleur des cas, m'ont franchement agacée.

On suit toutes ces demoiselles plus ou moins jolies sur moins d'une semaine : du jour de l'affichage de la fameuse liste (le lundi) au grand bal de début d'année (le samedi). Toutes réagissent différemment mais finalement, qu'elles soient blondes, brunes, grandes, petites, minces ou enrobées… elles ne pensent qu'à une seule et futile chose : le bal (et surtout : mais quelle robe mettre ?!). Je sais que les adolescentes ont tendance à être un peu superficielles mais je suis un peu déçue que finalement, derrière une idée qui laissait présager une réflexion sur la « beauté extérieure/intérieure » ; l'auteure choisisse de mettre ce bal en avant. C'est quand même un peu déprimant de constater que les jeunes américaines sont complètement obsédées par cet évènement qui marquera toute leur année. Finalement, je suis contente d'avoir grandi dans un lycée français où la popularité de chacun a beaucoup moins d'incidence sur sa vie scolaire et où la compétition est beaucoup moins mise en avant. Ou alors je suis juste tombée sur un lycée sympa ?
Le but de ce livre semble donc être le grand bal de début d'année mais, une fois celui-ci arrivé… il ne se passe pas grand-chose (pour ne pas dire rien). On a suivi les huit adolescentes pendant toute une semaine pour arriver à ce que j'imaginais être LE moment important de l'intrigue et… le dénouement est brutal (voire bâclé), je n'ai pas eu toutes les clefs pour comprendre ce qui allait se passer pour chacune des filles de la liste… Déçue par ces dernières pages.

Malgré tout, je pense que j'aurais pu prendre tout de même un peu plus de plaisir à cette lecture (qui n'est pas si mauvaise que ça, quand même) si la traduction n'avait pas été si… mauvaise. Je pense que le problème vient de la traduction puisque la langue anglaise me semble moins compliquée au niveau des temps… et c'est vraiment du côté de la concordance des temps que le bât blesse.
Déjà, un récit rédigé au passé composé, ça me gêne. Je sais que ça apporte un côté un peu plus oralisant et dynamique que le passé simple/imparfait mais… Cela dit, certains textes contemporains utilisant cette narration sont bien écrits. J'aurais pu m'y faire ici, si mes cheveux ne s'étaient pas dressés sur ma tête à chaque fois qu'un personnage raconte un évènement passé. Parce que, si je ne dis pas de bêtise (mais je ne crois pas), si la narration principale se fait au passé composé, il faut employer un temps « antérieur » lorsque l'on relate une situation « antérieure » à cette narration… le plus-que-parfait, par exemple. Ce qui n'est pas du tout le cas dans la traduction de la Liste. Ainsi, lorsqu'un personnage nous raconte un évènement antérieur, il reste au passé composé… et j'ai butté à chaque fois. Au bout d'un moment, ça m'agaçait tellement qu'automatiquement, je faisais le changement dans ma tête.
Et n'oublions pas les nombreuses coquilles rencontrées pendant la lecture : l'utilisation du mauvais prénom, le manque fréquent de ponctuation (les phrases ne se terminent plus par des points dorénavant, c'est le vide sidéral). Je suis tatillonne, je sais ; mais venant d'une maison d'édition qui a pignon sur rue, un travail aussi peu professionnel me fait vraiment criser. Je lis des textes de « petites » maisons infiniment plus travaillés, qu'il s'agisse du fond et de la forme. Pourtant, les moyens à disposition sont sans doute moindres…


Je n'ai pas passé un moment totalement désagréable avec cette Liste qui, je pense, saura plaire aux jeunes lecteurs (en plein dans la période difficile de l'adolescence) ; mais les défauts relevés dans cette chronique auront eu raison de mon enthousiasme. Dommage, il y avait de l'idée.
Lien : http://bazardelalitterature...
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C'est à la fois avec curiosité et appréhension que je me suis lancée dans la lecture de « La liste », lecture que j'ai faite en commun avec Deidamie. L'argument me plaisait mais je craignais de me retrouver à lire l'équivalent littéraire d'un teen movie bas du front. Finalement, ce fut une bonne surprise, par certains aspects « la liste » ressemble en effet à un teen movie, et c'est tant mieux, mais se révèle, par d'autres aspects, bien plus que cela, et c'est tant mieux aussi.

« La liste » n'est pas exempt de défauts, le principal étant l'écriture, ce qui est tout de même dommage. L'écriture n'est que fonctionnelle, il n'y a aucun style.
Mais passons rapidement sur cet aspect. « La liste » s'est avéré beaucoup plus intéressant que ce à quoi je m'attendais. le ton du roman est très singulier. le récit, qui utilise beaucoup de codes inhérents aux fictions adolescentes que ce soient les romans, les films ou les séries, dégage une forme de légèreté mais derrière cet aspect léger il y a une forme de gravité, et même de rugosité, d'âpreté que j'ai trouvé intéressante et originale.

« La liste » est surtout l'occasion, à travers l'évocation de 8 jeunes filles très différentes, de dresser le portrait d'une jeunesse superficielle et cruelle. C'est un monde d'apparences où tout sonne faux, les amitiés, les amours. Tout n'est que jugement et comparaisons. La galerie de personnages est forcément inégale. le personnage de Danielle est le moins réussi. Fade, terne, manquant d'une véritable caractérisation, elle m'a laissée indifférente. Je n'ai pas compris le personnage de Sarah, sans doute aussi à cause d'une caractérisation un peu légère. de plus, j'ai trouvé que les développements autour de ce personnage n'étaient pas crédibles. 4 jours sans douche, et elle ressemble déjà à une clocharde, elle a des démangeaisons et des cheveux innommables. Il suffit d'avoir vécu des occasions où on est contraint de la jouer un peu roots, par exemple un festival, pour savoir que ce n'est pas en 4 jours qu'on se retrouve dans cet état-là. On pue un peu, d'accord, mais les gens ne changent pas de trottoir non plus. Cette exagération dessert le propos.
J'ai évoqué les deux personnages que je n'ai pas aimés. En revanche, d'autres m'ont totalement séduite. Candace est un personnage assez caricatural, c'est la peste typique des teen movies mais quel personnage jouissif. C'est celle qu'on adore détester. Ce personnage m'a amusée. Dans le registre des pimbêches, Margo est un personnage assez complexe et plutôt fouillé. J'ai beaucoup aimé Jennifer que j'ai trouvé tour à tour touchante et détestable, une jeune fille pleine d'aspérités. L'auteure a l'intelligence d'éviter de lui imaginer un happy end, facilité qui aurait démoli tout le propos du bouquin. La relation entre Abby et sa soeur Fern est assez intéressante aussi même si cette rivalité entre les deux soeurs (complexe d'infériorité intellectuelle pour l'une, complexe physique pour l'autre) aurait pu être développé davantage.
J'en viens maintenant aux deux personnages que j'ai préférés, sans doute parce que ce sont ceux à qui je me suis identifiée. Tout d'abord Lauren dont le désir d'émancipation m'a parlé de façon personnelle. Ensuite Bridget, personnage qui m'a vraiment remué intimement, et même un peu douloureusement. J'ai souffert de troubles du comportement alimentaire qui ont commencé dans l'adolescence et se sont prolongés adulte pendant de nombreuses années, des périodes de boulimie et 3 périodes d'anorexie, dont une assez sévère. Autant dire que je connais un peu le sujet, de l'intérieur. Trop souvent, les fictions qui abordent ce sujet le font mal et se vautrent dans les clichés et les facilités. Rien de tout cela ici, le sujet est abordé avec subtilité et réalisme. L'auteure ne cherche pas le spectaculaire mais la vérité. Et pour ça, je suis reconnaissante. L'auteure ne met pas en scène un squelette vivant obsédé par les mannequins et qui se répète sans cesse « je suis grosse ». Bridget est une jeune fille que les gens trouvent jolie, qui a une part de superficialité, comme toutes les ados, mais qui ne se résume pas à cela. Bridget n'est pas vraiment dans le déni, elle sait qu'elle a un problème, tout comme je le savais à l'époque, elle sait qu'elle se fait du mal, tout comme je le savais. Chaque cas est particulier et provient d'un vécu personnel mais il y a tout de même des traits communs. J'ai reconnu ce que j'ai traversé dans tellement de choses décrites : ce besoin de contrôle permanent, l'impression d'être 2 en une, le fait d'avoir conscience d'avoir un problème, se faire régulièrement des promesses "dès que j'aurai atteint mon objectif j'arrête" tout en sachant pertinemment qu'on se ment à soi-même, les stratégies pour que personne ne découvre qu'on a un problème, le fait de comptabiliser ce qu'on mange (je me souviens que je tenais un cahier où je notais le poids, le nombre de calories, de glucides, lipides et protéines que j'ingurgitais)... Deidamie, ma co-lectrice, a parlé dans nos échanges de « verrouillage mental qui rend sourd et aveugle à tout ce qui est extérieur à sa propre souffrance ». Deidamie a posé là des termes très justes et cela prouve que l'auteure a su faire comprendre ce que vivait une personne anorexique, en évitant tout spectaculaire malsain et en ne se vautrant pas dans le misérabilisme pleurnichard. L'auteure ne cherche ni à choquer, ni à faire pleurer dans les chaumières. Elle n'omet pas la forme d'égocentrisme qui existe dans cette maladie, tout en faisant comprendre qu'il ne s'agit pas là d'égoïsme, la nuance est réelle. Cette justesse, cette honnêteté me laissent penser que l'auteure a sans doute connu l'anorexie, directement ou indirectement.

Je remercie Deidamie pour avoir partagé cette lecture avec moi. Si le roman a des défauts, ils sont compensés par ses qualités qui en font une lecture intéressante. La tonalité du roman, à la fois léger et rugueux, est audacieuse et culmine dans les toutes dernières phrases au ton très désabusé.
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critiques presse (1)
Ricochet
03 septembre 2013
Une histoire glaçante de banalité, un cran au-dessus de la mêlée des romans pour filles.
Lire la critique sur le site : Ricochet
Citations et extraits (89) Voir plus Ajouter une citation
- Je t'ai dit que je ne voulais pas de glace.
- Je sais, répond Lisa en se rasseyant sur le lit. Mais je voudrais que tu la manges avec moi.
Bridget ne supporte pas le chagrin qui se peint sur le visage de sa sœur. La supplication.
Elle se lève, ramasse son sac de cours par terre et fouille dedans à la recherche d'un livre.
- En fait, j'ai du boulot. Alors...
- Bridget, juste une bouchée...
- Je suis sérieuse, Lisa. Laisse-moi travailler.
Lisa a l'air sur le point de fondre en larmes. [...]
- Tu ne manges rien, je sais que tu ne manges rien. Comme cet été.
Bridget soupire.
- Je veux être nickel dans ma robe de bal, OK?
- Mais tu as quand même besoin de manger.
Puis, d'un ton de profonde déception, Lisa ajoute :
- ça allait tellement mieux quand on est rentrés de vacances, Bridget.
Bridget déteste le fait que sa sœur ait compris, qu'elle n'ait pas réussi à cacher son jeu.
- Je vais manger, Lisa, promis. Après le bal.
Une larme coule sur le visage de sa sœur.
- Je ne te crois pas.
Bridget se met à pleurer aussi.
- Je t'assure. Après le bal de la rentrée, je remangerai. Tout redeviendra normal. Juré. Regarde comme tu parles tout le temps de la liste, en disant que tu voudrais être dessus un jour ? Eh bien, mets-toi à ma place. C'est beaucoup de pression.
Lisa pleure toujours, comme si elle n'avait rien entendu de ce que Bridget vient de lui dire.
- Je culpabilise, maintenant, à cause de toi. Chaque fois que je mange, je culpabilise. Je n'étais pas comme ça, avant.
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– Je sais, je connais le principe de la liste. Ça ne t’oblige pas pour autant à te pavaner dans tout le lycée.
– Tu veux dire, comme toi quand tu reçois les félicitations ?
Fern ricane.
– C’est différent, Abby.
– Ah bon ? Même si je n’ai jamais les félicitations, ça ne m’empêche pas d’être contente pour toi.
– Mais les félicitations, ça se mérite. C’est le reflet direct du travail et des efforts que j’ai fournis. Tu ne vas pas mettre sur ton CV le fait que tu es la plus jolie fille de ta classe de troisième, si ?
Fern rit de sa propre blague et Abby a envie de disparaître sous sa couette.
– D’accord.
– Et si tu te concentrais un peu sur tes devoirs au lieu de regarder la télé ? Ou de passer tout ton temps à chercher des robes débiles sur Internet ? ajoute Fern avant de se retourner vers son bureau. Tu pourrais t’intéresser à des trucs qui comptent. Essayer d’accomplir quelque chose qui puisse vraiment te servir dans la vie.
– Ça n’est pas des robes débiles, Fern. Et tu trouves peut-être ça débile aussi d’être sur la liste, mais tu te trompes. C’est un honneur.
Fern reprend son stylo. Mais au lieu de se remettre au travail, elle fixe le mur.
– La liste ne va pas changer ta vie, Abby. Je ne cherche pas à être méchante, mais je ne vais pas me prosterner à tes pieds pour un truc aussi absurde. Maintenant, si tu reçois les encouragements, je serai la première à te féliciter. Je serai même prête à accrocher des ballons à ton lit.
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- Tu essayes juste de me punir pour la liste ! Parce que tu es jalouse !
Le visage de Fern se fige.
– C’est pitoyable.
Abby a l’impression d’être arrivée en haut d’une pente abrupte et d’être précipitée dans la descente sans pouvoir ralentir.
– Bien sûr que si. Tu es jalouse parce que je suis jolie et que tu es moche et que tout le monde le sait.
L’espace d’une seconde, elle se sent mieux. D’avoir dit ce qu’elle pensait, et ce qui pouvait faire le plus mal à Fern. Mais la seconde après, elle n’arrive plus à respirer.
Tout se passe très vite. Fern blêmit, puis les larmes se mettent à couler, comme si elles étaient accumulées la longtemps, n’attendant que l’occasion de se déverser.
– Merci, Abby, je sais que je suis moche. Moi aussi, j’étais sur la liste.
Abby est choquée d’entendre sa sœur parler ainsi ; se traiter elle-même de moche.
- Mais non. La liste n’a pas mentionné ton nom. En plus, tu l’as dit toi-même, personne ne fait le lien entre nous.
Fern s’essuie les yeux, ce qui n’arrange pas grand-chose.
– Je ne te parle pas de la liste de cette année.
La honte lui fait détourner les yeux.
– J’étais sur celle de l’an dernier. J’étais la plus moche des premières.(…)
- Comment je pouvais le savoir ? demande-t-elle. Et tu as dit que la liste ne changeait rien.
– C’est vrai, confirme Fern d’une voix plate qui contraste étrangement avec ses larmes. Pas besoin d’une liste idiote pour me dire que ce que je sais déjà.
Abby ouvre la bouche, mais aucun son n’en sort. Elle ne sait pas quoi répondre.
– Mais je ne regrette pas d’avoir rapporté sur toi, Abby. Je trouve ça dingue que tu considère cette liste comme ton seul atout. Sérieux, je ne comprends pas comment quelqu’un comme toi peut avoir aussi peu d’estime de soi.
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Sarah met un moment à retrouver son vélo. Il est tout au fond du garage, recouvert du drap à fleurs poussiéreux que son père utilise pour ramasser les feuilles mortes. Une carte à jouer, coincée dans les rayons lui rappelle la dernière fois qu’elle est montée sur son engin ; elle fuyait la bande de filles qu’elle fréquentait en troisième en ravalant ses larmes, après un énième sarcasme sur un détail de « savoir-vivre » qu’elle aurait dû maitriser.
- Pourquoi c’est si compliqué pour toi d’être normale ? se sont demandées tout haut ces « amies » dans un chœur incrédule quand elles l’ont vue arriver à une fête à vélo, toute poisseuse de sueur.
Comme si elles n’avaient pas passé l’été à faire du vélo ensemble !
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Pas une seconde elle n'avait envisagé d'aller au bal de la rentrée de Mount Washington. Avec un garçon. Et elle préférerait mourir que de l'admettre, mais une minuscule, pitoyable étincelle d'attente mêlée d'impatience luit quelque part tout au fond d'elle.
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