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Critique de migdal


Last but not the least … ce roman posthume (Vladimir Volkoff est mort en le corrigeant en septembre 2005) apparait comme le testament de l'écrivain masqué ici derrière le Lieutenant Robert Lavilhaud, jeune homme natif d'Amiens, se destinant à l'enseignement de la littérature, engagé volontaire en Algérie au début des années 60.

Confronté au terrorisme, la police et la gendarmerie ont tendance à appliquer des méthodes d'interrogation « viriles » et notre officier est plongé dans ce drame sur le secteur de Bourmont. Fidèle à la mémoire de son père, mort pour la France en juin 1940 avec les cadets de Saumur, et à son éducation chrétienne il refuse d'appliquer la torture et interdit à ses hommes la moindre brutalité sur les prisonniers. Dans un premier temps sa méthode obtient des résultats positifs, mais cela demande du temps …

Un soir où Lavilhaud interroge un prisonnier, la maternité de Bourmont est attaquée et sept victimes sont égorgées : deux soldats, une infirmière, un obstétricien, deux musulmanes et la femme d'un capitaine avec les crânes des trois bébés fendus en deux. Lavilhaud n'a pas compris à temps que son prisonnier était le chef du commando. Torturé par le remords, « J'aurais peut être pu l'empêcher », Lavilhaud voit ses convictions ébranlées.

Quelques semaines plus tard, un comédien est arrêté par la police qui a découvert dans ses bagages une liste d'armes et de munitions destinées à être livré au FLN. Lavilhaud et ses hommes sont chargés de le faire parler et de découvrir quand et comment cet arsenal va être livré … Cet interrogatoire réussit et le cargo est identifié. Mais Lavilhaud a du abuser de la manière forte et des marins innocents sont morts lorsque le cargo a mystérieusement coulé avec sa cargaison. Lavilhaud est ravagé par cet épisode.

Arrive le putsch d'avril 1961 puis l'épuration de l'armée … Lavilhaud est lâché par ses supérieurs soucieux de leurs carrières. Poursuivi en justice, il se retrouve face au comédien torturé et à son avocat, un alias de Maitre Vergés, et est condamné par la justice et par la presse « bien-pensante ».

Ce verdict casse ses fiançailles. « J'étais né pour être pur et j'ai trahi mon destin » !

Magnifique roman qui met en scène un Lieutenant et d'autres acteurs aux personnalités fortes et contrastées, dans le contexte des derniers mois de la guerre d'Algérie, avec une intrigue riche en interrogatoires, en montages et en retournements (trois spécialités de notre romancier).
Interrogation morale remarquable qui interpelle le lecteur sur l'ordre, la violence, la morale et aborde la question taboue de la torture et rappelant que la fin ne peut jamais justifier les moyens.

Ce dernier ouvrage de Volkoff met en évidence le contraste avec son tout premier ouvrage « Opération barbarie », écrit 40 ans plus tôt et publié en 2001 avec une postface de 30 pages débutant par « s'il est vrai que seuls les imbéciles ne changent jamais d'avis, je dois être très intelligent, car ma conception de la guerre d'Algérie a beaucoup évolué ». Autant « Opération Barbarie » m'apparait être une oeuvre compliquée, tortueuse, ambiguë autant « Le tortionnaire » est un chef d'oeuvre d'un très grand classicisme « ce qui se conçoit bien, s'énonce clairement ».

Cinq étoiles sans hésitation !
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