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Critique de bobfutur


Dans la famille « livre impossible à critiquer », j'aimerais la Famille Royale
Mes amis, que ce livre est paradoxal, et c'est peut-être là d'où vient sa force !
Sa lecture est à la fois aisée, car très bien écrit et structuré, et à la limite du soutenable. Vu le sujet, et la démarche de l'auteur, ce n'est que normal… En sortir est un soulagement sans réconfort, comme si la boucle restait à tout jamais inachevée…

Vollmann est un grand humaniste, son livre se pose dans un espace inconnu, ni morale ni amorale. En sociologie, on ne pourrait le rattacher ni à Weber ni à Durkheim, dans le sens que les situations décrites ne sont ni le fait des individus, ni de la société. Un flou de destinées, invoquant sans cesse le peuple de Canaan, le meurtre d'Abel par Caïn, comme un brouillard pré-historique. Les individus en sont des figures mouvantes dont on ne comprendra jamais vraiment les motivations.

Livre des détestations, des rapports humains impossibles, où la simple empathie n'existe qu'à travers cette Reine des Putes, figure magique aux contours indéterminées, comme le sont tous ces personnage, tour à tour décrits comme beaux ou ignobles…
Ignobles surtout, le livre regorge d'abcès purulents éclairés aux néons, de dépendances sans fins possibles autres que la mort, dont le lecteur en vient forcément à leur souhaiter, tant le seul espoir relève de l'irréel, tant l'auteur met tout en oeuvre pour nous plonger dans l'écoeurement, et de cette volonté farouche de rendre tout jugement inopérant, lorsqu'il s'adresse directement à nous pour défendre l'humanité de ses pires personnages.
Rien n'est épargné au lecteur, renvoyant dans leurs chapelles les interprétations simplistes et moralisantes de ceux qui tiendraient à les nommer "travailleuses du sexe".

Lecture très éprouvante, au bord du gouffre, sauvée par une écriture somptueuse, qui sait changer de rythme et de texture, tels ces chapitres en milieu de livre glissant vers le surréalisme burroughsien, ou ces échappées hyper-réalistes (car vécues) dans le monde des sans-abris.

Livre impossible à aimer, pourtant indispensable. Je m'aligne sur la note de JIEMDE ( 3,5 / 5 ), car c'est dans son texte que je me retrouve le mieux.
Ne me parlez plus jamais d'Irène, Domino, ou bien de ces frères Tyler…
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