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Critique de Erik35


Une fois n'est pas coutume, Monsieur Voltaire s'en prend à la religion. Mais cette fois, son propos est sans doute moins frontal que dans nombre de ses écrits, contes, controverses. Non, cette fois, c'est avec une apparente nonchalance, une petite oeuvre toute de séduction, d'humour raffiné et presque de douceur que l'essayiste s'en prend à la théologie et à ses défenseurs. Ainsi, imitant les contes persans et arabes - à commencer par les mille et unes nuits-, Voltaire s'en prend par le biais à la Bible, lui faisant prendre le détour d'une agréable fabulette que l'on se raconterait entre gentes et prudes demoiselles autour d'une tisane.

Mais que nul s'y trompe ! Quoi qu'usant de tous les charmes de sa plume légère et expérimentée pour confondre le lecteur dans cette élégante élégie, notre alerte philosophe se moque dans les grandes largeurs du texte biblique tout autant que des gens de son temps ; de ces Monarques, par exemple, ou Seigneurs plein de courage dès lorsqu'il s'agit de sacrifier une innocente, mais qui deviennent plus pleutres que des agneaux perdus aussitôt que l'ombre d'une Eglise et de ses servants pointe le bout de son dogme. Et que dire du sort qu'il fait subir à ces prophètes bibliques, à ces animaux sacrés du texte révélé, à tous ces supposés héros dont les noms sont arrivés jusqu'à nous par l'entremise des écrits hébraïques ?

En un mot comme en cent, Monsieur Arouet a la dent aussi dure contre la foi, la religion et les dévots lors même qu'il semble dépeindre tout cela sous le verni d'une doucereux racontar. Grattez ce verni, et l'ironie vive et mordante de notre génie des lumières réapparaît bien promptement. Pour le plus grand plaisir du lecteur, même deux siècles et demi plus tard !

Que l'on soit croyant ou pas, il est urgent de redécouvrir Voltaire et sa dénonciation des fausses bigoteries, sa méfiance à l'égard des religions qui tuent plus qu'elles ne sauvent, de cette défiance toujours acerbe mais intelligente à l'égard des églises, des pouvoirs établis, des mauvaises intentions politiques ou théocratiques, quels qu'ils soient.
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