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Critique de Cancie


Mais quel polar ! Je ne connaissais Marc Voltenauer que de nom, n'ayant pas lu ses précédents ouvrages. Avec Les protégés de Sainte Kinga, j'ai été conquise dès les premières pages, à ne plus pouvoir lâcher le bouquin. le comble est, que étant tellement emportée par cette enquête et bien que le livre fasse pas moins de 541 pages, je me suis obligée à ralentir pour le dernier quart afin de garder du plaisir pour plus longtemps, comme on peut parfois le faire avec un mets savoureux qu'on voudrait ne jamais voir terminé. Je remercie donc vivement Babelio et les Éditions Slatkine & Cie qui m'ont permis de vivre des heures intenses.
Avant de démarrer l'intrigue, l'auteur nous présente comment ces mines de sel, celles de Bex, dans le canton de Vaud ont été découvertes incidemment par Jean Bouillet, au XVe siècle. Il faut souligner qu'elles sont encore exploitées aujourd'hui et qu'il s'agit des dernières mines de Suisse encore en exploitation.
C'est donc dans ces dernières que va avoir lieu une incroyable prise d'otages, avec parmi eux une classe d'adolescents, leurs deux enseignantes et une guide, des membres d'une association d'extrême-droite, le bloc identitaire suisse et deux sauniers. L'inspecteur Andreas Auer n'a que quelques heures pour mener son enquête et découvrir le nombre et l'identité des ravisseurs et leurs motivations. Qui se cache notamment derrière ce personnage déguisé en Charlot, dont les revendications lancées par vidéos sont pour le moins peu banales et y n'y aurait-il pas un complice à l'extérieur de la mine ?
À cette enquête palpitante, nous est dévoilée en parallèle, la vie de Aaron Salzberg. Elle débute en 1826, lorsque ce jeune Juif polonais arrive à Bex recommandé au directeur des Mines de sel par son père, géologue. Si, dans un premier temps tout va pour le mieux, les choses vont bientôt tourner à la tragédie.
Si le lieu, en l'occurrence ces mines de sel, est le point commun aux deux histoires, il se pourrait bien que les personnages puissent également être un point de rapprochement.
Ce sel, ce véritable or blanc, pas seulement cet élément qui donne du goût à nos préparations culinaires mais aussi ce qui donne du piquant à nos propos, de l'intérêt à notre vie, son extraction et ces bienfaits sont au coeur de ce polar et lui confèrent déjà son originalité. Une autre originalité se révèle dans les motifs de cette prise d'otage qui sont sociaux et humanistes, loin des demandes de rançons habituelles.
En dehors de l'enquête policière extrêmement bien ficelée, menée avec des moyens modernes de communication et d'information, ce sont les thèmes déployés par l'écrivain qui m'ont particulièrement marquée.
Sans jamais tomber dans le manichéisme, Marc Voltenauer analyse fort bien comment des hommes et des femmes ont pu se retrouver à soutenir des thèses aussi indignes que celles portées par l'extrême-droite, comment la haine de l'homosexualité peut être soutenue et du coup encouragée par des religieux intégristes. Il pointe également du doigt la lenteur et souvent l'incurie des services administratifs vis-à-vis des réfugiés, avec ces familles séparées sans raison justifiée. Des thèmes sombres évidemment mais ô combien actuels, malheureusement ! Tout ceci donc pour la période contemporaine.
Avec Aaron Salzberg, c'est à tout un pan de l'histoire de la Pologne que l'auteur va faire référence. Ce nom Salzberg, qui signifie "montagne de sel" ancien nom en allemand de la ville Bochnia, Bochnia et son ghetto créé entre mars et avril 1941, dont la liquidation totale a eu lieu le 1er septembre 1943. de terribles pages témoignent de ces sombres moments.
J'ai admiré la maîtrise avec laquelle l'auteur genevois a su relier le passé avec le présent, n'hésitant pas à inclure deux arbres généalogiques pour une compréhension optimale. J'ai apprécié aussi les précisions documentaires aussi bien historiques que géographiques ainsi que les détails du fonctionnement des cellules de crises policières, même si j'ai parfois été un peu perdue par cette technique informatique.
Les chapitres sont courts. Leur titre, en faisant très souvent référence au temps précédent ou suivant la prise d'otages, la présence d'une carte avec le plan de la mine jointe au livre m'ont fait suivre en direct et en quelque sorte aidé à participer avec eux tous, à essayer de convaincre ces preneurs d'otages à les relâcher. Quel suspense !

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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