Une lecture pas simple, frustrante par certains aspects, mais fascinante par toutes les thématiques qu'elle parvient à aborder.
Ce livre se mérite. Son rythme extrêmement lent ne cherche pas tant à développer une « aventure » qu'à interroger sur notre société à travers le portrait d'une civilisation construite sur les vestiges d'un monde post-apocalyptique, le nôtre.
Avec un fil rouge plutôt ténu et une trame qui n'avance que très lentement, le livre parvient néanmoins à maintenir l'intérêt du lecteur grâce à plusieurs véritables points forts :
- L'écriture très réussie, qui évolue d'un langage enfantin vers une tonalité plus "nostalgique" à mesure que Lisbeï grandit ;
- le travail sur le langage, et l'influence sur la société que celui-ci peut avoir. La féminisation de la langue et l'inversion du rapport entre les sexes entraînent l'homme habitué à un langage "masculo-centré" dans une expérience "exclusive" du langage comme moyen de conditionnement aussi déroutante que précieuse ;
- le worldbuilding présentant une société matriarcale riche d'une histoire séculaire, de dynamiques géopolitiques propres et de courants religieux puissants ;
- Les réflexions sur le rapport entre Histoire et religion, entre science et croyance, suite à la découverte d'un document historique majeur susceptible de remettre en cause les fragiles équilibres, notamment religieux, de la société, entraînant de passionnantes questions.
Néanmoins, le livre ne parvient pas à emporter la totale adhésion en raison de plusieurs limites assez gênantes à mes yeux :
- de très nombreuses longueurs et le sentiment de régulièrement tourner en rond autour des mêmes questionnements ;
- Des promesses pas toujours tenues, notamment en ce qui concerne l'exploration des terres « contaminées » par la catastrophe ;
- La fin bien trop expéditive pour être satisfaisante, malgré une remarquable qualité formelle.
En bref, un roman aux thématiques fortes et passionnantes pour qui fera l'effort de s'accrocher.
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