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Citations sur Chroniques du pays des mères (46)

Il y a des moments où, de la présence simultanée d'éléments disparates, jaillit soudain une étincelle qui se propage aussitôt. Tous ces éléments portent à notre insu une parcelle identique de sens inflammable. Et elles se combinent en nous, une chimie invisible se cristallise tout à coup en une illumination, comme on dit, "fulgurante". Une intuition irrésistible. Après, on reconstruit, on se dit que "c'était évident" mais on se trompe : c'est devenu évident. Les conséquences de cet éclair sont allées modifier notre conscience en amont, comme en aval la réalité que nous percevons : notre futur, mais aussi notre passé. Et il faut tout un travail pour reconstituer cette intuition dans ses détails, retrouver dans la linéarité des mots cette certitude globale qui a en quelque sorte court-circuité le langage et la durée : il faut essayer, péniblement, de revenir, de se souvenir de ce qu'on a su.
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" Les femmes font des enfantes parce que sans cela la race humaine disparaîtrait. Et apparemment la race humaine n'a pas envie de disparaître, il y a quelque chose en chaque humaine qui la pousse à vouloir se reproduire ", dit Antoné, avec tout à coup une curieuse amertume.
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N'est-il pas étrange de penser que ce qui nous a formées, et le plus profondément, nous l'oublions, peut-être justement parce que nous en avons pris la forme ?
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Beaucoup de choses nous fâchent, des petites, des grandes. C’est normal. Ça t’es déjà arrivé, sûrement, de te cogner sur quelque chose et d’avoir envie de cogner à ton tour sur ce qui t’a fait mal, oui ? Et quand ce sont des personnes qui nous font mal, c’est plus facile de penser qu’elles l’ont vraiment voulu, et de vouloir leur faire mal à elles aussi. Mais la plupart du temps, elles ont des raisons de nous avoir fait mal. Souvent, c’est parce qu’elles ont mal aussi. Ça ne les excuse pas. Mais ça explique. Et parfois, on a un peu moins mal quand on comprend. Il y a toujours au moins deux côtés dans une dispute. Quelquefois, il y en a même davantage.
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Le mot est inexact. Il peut être dangereux d’employer des mots inexacts.
- Ce n’est qu’un mot, protesta Lisbeï.
- A force d’employer des termes inexacts, l’inexactitude finit par contaminer nos idées et par les transformer.
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La réalité est plus lente que les histoires, même si elle leur ressemble quelquefois.
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À force d'employer des termes inexacts, l'inexactitude finit par contaminer nos idées et par les transformer [...] il faut avoir conscience de ce que nos mots font à nos idées et de là à nos émotions.
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Le commencement et à la fin, c'était bien ce qu'avait dit Mooreï. Mais comment pouvait-il y avoir quelque chose avant le commencement de tout? Où s'était-elle trouvée, la graine du commencement?
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La gardienne bleue s’appelait Antoné et c’était une Médecine. Elle avait vingt années. Elle aurait dû être une Rouge, mais elle n’avait jamais pu faire d’enfantes. Aussi était-elle une Bleue. C’était aussi une « pérégrine », une Bleue qui ne restait pas chez elle mais se promenait de Famille en Famille. Lisbeï était une Verte, ou une « dotta ». Les Mosta aussi étaient des Vertes, mais ce n’étaient pas des dotta. Il faudrait un certain temps à Lisbeï pour comprendre la nuance.
Les Bleues normales étaient celles qui ne pouvaient plus faire d’enfantes parce que leurs graines étaient épuisées, après 35 années, en général. Les Rouges seules étaient les » mères », celles qui faisaient les enfantes. On les appelait aussi « génitrices ». Mots, catégories, hiérarchies, les réponses se multipliaient de façon vertigineuse de l’autre côté du mur de la garderie. La plupart du temps, Lisbeï ne savait même pas à quelles questions correspondaient ces réponses qu’on laissait tomber en passant, comme si elles allaient de soi.On croyait donner des explications : on lui révélait surtout la profondeur de son ignorance.
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Les règles de conduite étaient les mêmes, à commencer par la règle implicite : ne pas demander aux gardiennes une information qu’elles ne fournissent pas d’elles mêmes. […] Elles prenaient leur rôle au sérieux et affirmaient leur autorité dès le début en répondant aux questions seulement quand elles le voulaient bien. […] Cependant, au bout de quelques jours, Lisbeï découvrit une façon de faire parler Clara, la grande qui s’occupait de son équipe : il suffisait de ne pas avoir l’air de poser des questions, simplement de parler tout haut, comme à soi-même ; si on se trompait, Clara ne pouvait s’empêcher de rectifier, en levant les yeux au ciel et en pinçant les lèvres, exactement comme la gardienne Marli. Cette tactique faisait passer Lisbeï pour une idiote. Mais elle se rendit vite compte qu’on l’acceptait mieux stupide que trop curieuse.
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