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Critique de SophianeLaby


La construction de ce roman est complexe. C'est un enchaînement de chapitres courts issus de plusieurs époques, plusieurs narrateurs, plusieurs lieux. À l'intérieur de ces chapitres s'entrechoquent aussi plusieurs formes littéraires: des poèmes, des lettres, des chansons, des prières. L'ensemble forme un tout hétéroclite qui rend parfaitement compte de l'absurdité de la seconde guerre mondiale, où les couples se retrouvent séparés, les familles déchirées, les âmes esseulées.

Parmi elles, Edmond et Émile, tous deux prisonniers au fin fond de la Poméranie. Suzanne, juive, qui se cache à Paris. Pedro, boulanger au grand coeur. Chacun résiste à sa manière et chacun à sa façon soutient Edmond. Edmond qui n'a qu'une obsession: recevoir le Grand Prix de Littérature après la guerre. Car notre héros écrit, dans la crasse du camp, dans la promiscuité suante, dans le froid cuisant, rongé par les poux, affaibli par la maladie, la faim, la soif, le désespoir, il écrit sans relâche. C'est là le coeur de ce roman: la littérature est-elle vraiment "au-dessus de tout, au-dessus de la guerre, des ennemis, de la souffrance et de la dignité"? Pour Edmond, la littérature est un refuge, depuis l'enfance. Elle devient résistance, lorsque ses camarades et lui créent une université dans le camp. Elle se fait même sensualité, lorsqu'il écrit à Suzanne: "dans les déliés des lettres, je retrouve les courbes de ton corps."

Ce récit d'Isabelle Vouin est un magnifique hommage à toutes les formes d'écriture. Et à tous ceux qui sont capables "de s'emparer d'un grain de sable, d'un courant d'air, d'une épluchure de pomme de terre, pour en faire un chef-d'oeuvre."
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