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Critique de Nicolas9


A quoi pense un sexagénaire accompli lorsqu'il sent de manière diffuse que sa fin est proche ? C'est la question que se pose Manuel Vazquez Montalban en écrivant ce polar trois ans avant sa mort. Son antihéros, le détective privé Pepe Carvalho, retrouve vingt ans après son coup de foudre des années 80. Et, à son corps défendant, l'arrivée de Yes (pour Jessica) va lui faire percevoir à quel point il a vieilli. Momentanément, il mettra même en veilleuse sa relation avec Charo, sa maîtresse, prostituée professionnelle. Toutefois, et on s'en doutait, là n'est pas l'essentiel.

Ce roman n'est qu'un prétexte pour avertir le lecteur de la dérive indépendantiste qui s'est emparée de la Catalogne il a vingt ans déjà. A travers une enquête sur l'assassinat d'un fils de la grande bourgeoisie barcelonaise, on découvre les liens insoupçonnés entre une partie de l'intelligentsia locale le clergé nationaliste et l'embryon des services secrets catalans. Oui, j'ai bien écrit "services secrets"!

Sur un ton volontairement décalé, voire parfois moqueur, mais sans arrière-pensée malveillante, Manuel Vazquez Montalban démontre à quel point cette province autonome d'Espagne se rêve en leader mondial des peuples sans nation. Rien que ça!

Autre détail piquant, les agents indépendantistes semblent prêts à aller loin pour faire triompher leur cause puisqu'ils suivent un entraînement au maniement des armes et des explosifs... Alors, pure fiction ? On peut en douter étant donné l'amour de l'écrivain pour Barcelone, mais aussi sa profonde connaissance (il est aussi journaliste) du tissu politico-intellectuel local.

D'ailleurs, il avertissait déjà (en 2003!) que la fuite de milliers d'entreprises et les pertes d'emplois y afférentes (finalement réellement provoquées par le référendum sur l'indépendance de 2017) ne dérangeraient pas les anti-Madrid les plus farouches. Au contraire, conscient du niveau de vie privilégié de la Catalogne par rapport au reste de la péninsule ibérique, ces jusqu'au-boutistes estiment qu'un relatif appauvrissement leur serait favorable ! Selon eux, il ramènerait la population vers de supposées vraies valeurs comme la religion catholique, la langue et la culture catalanes et l'entraide à l'échelon local. Bref, un bon gros délire orchestré par des séminaristes exaltés et des fils de bonne famille qui n'ont jamais manqué de rien!
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