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Critique de Parthenia


Dans ce livre, le monde est inversé : les populations de l'euramérique vivent dans une pauvreté extrême et ne doivent leur survie qu'aux aides humanitaires provenant de l'opulente Afrique. L'auteur africanise nos références économiques, consuméristes et culturelles : McDo devient le McDiop, Nescafé le Neguscafé, la carte AmericanExpress la Carte Fricafric; L'origine du monde est désormais peinte par Gustavio Mbembé, et le sourire de Mona Lisa est remplacé par celui de Mouna Sylla...
Si les rôles se sont inversés, l'égoïsme et le nombrilisme, eux, règnent toujours parmi les pays dominants, "monde perdu dans la contemplation du dieu Guinée, voué au spectacle et à la consommation" (page 219).
Je m'attendais à une espèce d'uchronie mais il n'en est rien; l'auteur s'est apparemment beaucoup amusé à rebaptiser les marques, les rues, les oeuvres artistiques mais on a l'impression qu'il ne va pas jusqu'au bout de son idée initiale... Je pensais qu'il allait davantage décrire ce monde ré-inventé !

De plus, le mode de narration m'a assez déstabilisée au début. Waberi en alterne les types selon le point de vue qu'il adopte :
Au 1er chapitre, l'auteur s'exprime à la deuxième personne du pluriel (le "vous" de politesse"); on devine que c'est un journaliste africain qui s'adresse à nous pour nous présenter un tableau négatif de l'immigration; ce narrateur, qui paraît un peu bas-du-front, porte sur les réfugiés européens un regard méprisant et rempli de clichés.
Puis, l'auteur alterne les passages avec la jeune Africaine Maya où il utilse la deuxième personne du singulier et ceux avec "Yacouba" l'immigré helvète, écrits à la troisième personne.

On pense donc que l'auteur va nous raconter l'histoire de ces deux personnages. Eh bien, non ! Enfin, pas tout à fait...
Les informations que l'on peut glaner çà et là sur eux sont parcellaires. On sait que "Yacouba" est un surnom qui lui est attribué parce que son nom est imprononçable. Mais on apprend au détour d'une page qu'il s'appelle en réalité Maximilien Geoffrroy de Saint Hilaire ! On ne connaît rien de son passé ni de ses pensées, on le retrouve parfois au coin de la rue où il mendie, on le reconnaît à son bonnet, mais c'est un immigré, un damné de la terre, un fantôme famélique, un être qui passe inaperçu, pourquoi en connaître davantage sur lui ?
Quant à Maya, on apprend au début que, suite, à la maladie de sa mère, elle se retrouve livrée à elle-même, qu'elle aime peindre et dessiner. A la page 114, on apprend qu'elle est née en Normandie, puis que son ex petit ami Adama Traoré n'accepte pas leur rupture et la harcèle de lettres toutes plus belles les unes que les autres; à partir de la page 181, Maya part à la recherche de ses origines et de sa mère biologique...

Il n'y a pas d'histoire à proprement parler.
C'est un peu décousu, fragmenté comme si on suivait les errances de la pensée du narrateur.
Et pourtant, la lecture passe rapidement, sans ennui, tant la plume de Waberi connaît par moment des fulgurances poétiques !
Lien : http://parthenia01.eklablog...
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