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Critique de Marie987654321


L'ouvrage de Nathan Wachtel, réédité depuis à plusieurs reprises, date de 1971. Il se fixait comme objectif, comme son titre l'indique, de donner un autre point de vue que celui de l'historiographie occidentale, centrée sur le regard des conquérants; de s'intéresser à celui de ceux qui ont été "vaincus". Il raconte ce qu'ont vu et vécu les Incas essentiellement (avec quelques excursions chez les Aztèques et quelques autres); ce que l'arrivée des Espagnols a changé dans les sociétés locales. Alors que du côté occidental, il s'agit d'une conquête, d'une phase d'expansion et de grandes découvertes, d'une Renaissance ; pour les Amérindiens, il s'agit d'une destruction, de la fin d'un monde, d'un traumatisme. Les Indiens, eux aussi, ont découvert un autre monde : celui des Européens venus à eux par la mer avec une religion, des valeurs, un mode de vie, des règles sociales, des produits alimentaires, des techniques inconnus...

Les sources restent en partie importante les sources espagnoles, mais aussi des sources locales transmises par la tradition orale et quelques chroniques écrites dans la période immédiatement postérieure à la conquête. L'auteur utilise également comme source les traces de cette période laissées dans le folklore, combinant les méthodes de l'histoire et celle de l'ethnologie.

Le livre est divisé en trois parties. "La conquête" s'intéresse aux traumatismes liés à la violence de la conquête, aux morts humains innombrables et à la "mort des dieux" de l'ancien monde indien. "Les changements sociaux au Pérou" présente les perturbations apportées à l'organisation de la société Inca par les conquérants espagnols. Ceux-ci vont en partie utiliser les structures sociales existantes, fondées sur la réciprocité et la redistribution pour les réinterpréter en leur faveur, la réciprocité étant transformée en levée du tribut au bénéfice des conquérants. "Pour les vaincus, ne survivent que des débris détachés de leur ancien contexte." Les structures ancienne sont toujours là mais vidées de leur sens : le système colonial ne donne pas de sens nouveau et n'est plus qu'une oppression.

La troisième partie est intitulée "la révolte" : Les amérindiens ont tenté plusieurs fois de se révolter contre les conquérants : le nom de Tupac amaru est encore très connu, mais il y eut d'autres révoltes : Manco inca ou la guerre de Mixton au Mexique, les révoltes Chichimèques ou Araucanes (Chili). Ces derniers en particulier réussirent à mettre en échec les Espagnols. L'auteur conclut au maintien, malgré la défaite factuellement incontestable, d'une fidélité aux traditions et une résistance durable à" l'Espagnol."

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