A l'occasion du salon "Rendez-vous de l'histoire" à Blois, rencontre avec Nathan Wachtel vous présente son ouvrage "Paradis du Nouveau Monde" aux éditions Fayard.
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Note de musique : © Scott Holmes
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Le mouvement de la « Danse des Esprits » se situait lui-même au terme d’une longue tradition de phénomènes dits de « revitalisation » religieuse, c’est-à-dire de rejet des influences occidentales et de retour aux coutumes ancestrales (même si ces refus n’en comportaient pas moins l’absorption de certains apports extérieurs, intégrés dans la logique de la pensée indigène). Ces mouvements messianiques, ou prophétiques, surgissent à bien des reprises dans le cours de l’histoire nord-américaine, dont la documentation historique porte la trace depuis le milieu au moins du XVIIIe siècle : ils apparaissent comme une réponse des sociétés autochtones, une réaction sur les plans religieux et politique aux conséquences désastreuses de la conquête et de la colonisation anglo-américaines, en même temps qu’une affirmation pathétique de leur persistante identité indienne.
Le folklore actuel conserve en effet le souvenir du traumatisme de la Conquête, tout en imprimant aux faits historiques des déformations qui s’insèrent elles-mêmes dans un système d’oppositions et de transformations, y compris sous la forme imaginaire d’une revanche et d’une supériorité indienne (résistance victorieuse aux envahisseurs, châtiment de Pizarro, etc.)
L’acculturation ne se réduit pas, en effet, à un cheminement unique, au simple passage de la culture indigène à la culture occidentale ; il existe un processus inverse, par lequel la culture indigène intègre les éléments européens sans perdre ses caractères originaux
À la différence des auteurs qui décrivent une Amérique paradisiaque en un sens métaphorique, Antonio de León Pinelo prend parfaitement au sérieux le fait géographique qu’en ce continent se trouvait le Paradis, et il en tire rigoureusement toutes les conséquences. Si Dieu en effet créa Adam et Ève en une région située dans les terres basses du Pérou, toutes les perspectives traditionnelles se voient renversées : c’est l’Amérique que leurs descendants peuplèrent tout d’abord, de sorte que ce continent constitue en réalité l’Ancien Monde. D’où la question : comment l’Europe, l’Asie et l’Afrique furent-elles à leur tour peuplées ?
Et lorsque nous parlons d'une logique ou d'une rationalité de l'histoire, ces termes n'impliquent pas que nous prétendions définir des lois mathématiques, nécessaires, valables pour toutes les sociétés, comme si l'histoire obéissait à un déterminisme naturel; mais la combinaison des facteurs qui composent le non-événementiel de l'événement dessine un paysage original, distinct, que soutient un ensemble de mécanismes et de régularités, c'est-à-dire une cohérence, souvent inconsciente des contemporains, dont la restitution s'avère en retour indispensable à la compréhension de l'événement.
Mon héritage
Il ne me reste que souvenances,
Mémoire que j’approche,
Trésors qui forment mon héritage,
Conservés en tendresse.
Cuisante plongée parmi les morts,
Linceuls de lin blanc,
Pierres abandonnées sur les tombes,
Au bord de mon chemin.
Les psaumes protègent nos vies
Et la prière de la prochaine lune
Guérit mes blessures.
À la tombée du vendredi,
La clarté des bougies du Samedi
Illumine ma joie première.
La décomposition de la société indigène n'est pas compensée par un autre type d'organisation. Il y a déculturation sans véritable acculturation. Si bien que deux mondes restent face à face, l'un dominant, l'autre dominé. Si le traumatisme de la Conquête "continue" pendant la période coloniale, c'est parce que se renouvelle tous les jours la coexistence de deux systèmes de valeurs.
Vous nous dites
Que nos dieux ne sont pas vrais.
C’est une parole nouvelle
Que vous nous dites,
Elle nous trouble,
Elle nous chagrine.
Car nos ancêtres,
Ceux qui ont été, ceux qui ont vécu sur terre,
N’avaient pas coutume de parler ainsi.
Et maintenant nous détruirions
L’ancienne règle de vie ?
Nous ne pouvons vraiment pas le croire,
Nous ne l’acceptions pas pour vérité,
Même si cela vous offense.
« Les temps viendront », « les moments approchent », « le temps est arrivé » : du XVIe au XVIIIe siècle, et jusqu’au XXe, l’espérance en l’avènement d’une ère nouvelle de justice et de félicité semble constituer, aux divers niveaux de l’échelle sociale, l’horizon d’attente constamment renouvelé des populations andines.
Nous savons en effet que le dieu des chrétiens trouve place dans la nouvelle représentation du monde imposée par l'arrivée des hommes blancs: il a créé l'Espagne ainsi que les animaux et la nourriture d'origine espagnole, mais les huaca ont créé l'Empire inca, les Indiens, les animaux et la nourriture autochtones.