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Critique de 5Arabella


Il s'agit du dernier roman de l'auteur décédé en 2017, roman resté inachevé. Starlight, un jeune géant d'origine indienne, mais élevé en dehors de la communauté amérindienne par un vieil homme blanc, a repris après la mort de ce dernier sa ferme, qu'il exploite avec l'aide d'Eugene Roth, garçon de ferme devenu ami. Il a un rapport fusionnel et fort avec la nature. Son chemin va croiser celui d'Emmy et de sa fille Winnie. Elles sont en fuite. Emmy a réussi a secouer l'emprise d'un homme violent et malsain, Cadotte pour essayer de préserver Winnie et retrouver sa dignité. Starlight les prend sous sa protection, et va les initier à la communion avec la nature, pour les aider à se reconstruire. Mais Cadotte n'a pas abandonné l'idée de se venger, il sillonne le pays pour essayer de retrouver Emmy et Winnie.

J'avoue ne pas avoir vraiment adhéré à ce roman, qui semble par ailleurs plaire à des nombreux lecteurs. J'ai eu tout de suite des difficultés avec l'écriture de Richard Wagamese, que j'ai trouvée très simple, très descriptive, trop prosaïque. Or je suis très sensible à l'écriture, sans doute plus qu'à l'histoire racontée ou les thématiques évoquées. Je ne voudrais pas être trop sévère avec ce livre, mon rejet n'est pas forcément justifié objectivement, mais j'ai très vite eu tendance à trouver de nombreuses invraisemblances et facilités dans la narration. Par exemple, Winnie qui a 9-10 ans, compte tenu de la vie qu'elle a mené avec sa mère, ne semble avoir reçu aucune instruction, et bien sûr n'est jamais allée à l'école. Or elle s'y adapte sans autre souci que des bagarres avec des garçons (forcément, avec le passif de sa mère avec les hommes). Cette difficulté avec la gent masculine ne l'empêche en revanche absolument pas d'accorder presque immédiatement toute sa confiance et affection à nos deux gentils fermiers. de même la traque de Cadotte semble complètement dérisoire : il part à la recherche d'Emmy totalement au hasard, sans aucune ébauche de stratégie ni de réflexion. Dans un pays de presque 10 millions km² et 37 millions d'habitants, la probabilité de la retrouver frôle le zéro. Or nous ne doutons à aucun moment qu'il va y arriver, tout simplement parce l'auteur l'a décidé ainsi sans se donner la peine de rendre cela vraisemblable.

C'est en quelque sorte un conte pour grandes personnes, avec des gentils très gentils et très méritants, et un méchant très méchant. Un conte très optimiste, qui raconte la renaissance d'une femme et d'une petite fille qui ont beaucoup souffert, mais qui grâce à la gentillesse, et surtout à une immersion dans la nature, qui leur permet de se ressource, de retrouver une place dans le monde, et un autre rapport à elles-même, ont la chance de pouvoir se projeter dans une nouvelle existence. Il y a quelques belles pages sur la nature, sur la façon de la ressentir, d'en faire partie et d'y trouver grâce à un abandon de soi une sensation plus forte de réalité et un équilibre plus solide. Mais j'ai souvent du mal avec trop de bons sentiments, quelque part en dépit du bon sens. J'aurais peut-être davantage pu croire à cette histoire, si elle avait été un peu plus complexe, déjà en ce qui concerne les rapports humains. Par exemple, si les rapports entre Emmy, Winnie, Starlight et Roth n'auraient pas toujours été idylliques et dépourvus du moindre conflit ou différent.
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