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Critique de Presence


Cette histoire (parue initialement en 1993) est la deuxième d'une série de crossovers entre Batman et Judge Dredd, avec un scénario d'Alan Grant et John Wagner (les 2 scénaristes qui ont développé Judge Dredd), et des illustrations de Cam Kennedy. Cette histoire a été rééditée dans The Batman/Judge Dredd collection qui comprend également Judgment on Gotham de Grant & Wagner, illustré par Simon Bisley, Ultimate riddle de Grant & Wagner, illustré par Karl Critchlow & Dermot Power, et "Die laughing" de Grant & Wagner, illustré par Glenn Fabry et Jim Murray.

À Gotham, Batman poursuit un pickup dans lequel ont pris place 3 voleurs qui se sont emparés d'un coffre fort. Il saute du le toit, bloque la vision du conducteur en plaçant sa cape devant le pare-brise du véhicule. Après son arrêt inopiné dans une façade, il maîtrise rapidement les 3 individus et les laisse pour la police. C'est à ce moment qu'arrive Judge Dredd sur sa moto. Il prend Batman en chasse, tire sur la Batmobile qui effectue un tonneau. Il s'approche du véhicule et extirpe Batman en lui expliquant qu'il est venu délivrer la sanction (sous la forme d'une correction) pour les infractions qu'il a commises lors de son passage précédent à Mega-City One. Pendant ce temps, Arnold Wesker (le ventriloque) emmène Scarface à un spectacle d'enfants auquel assiste un sénateur (sa fille joue le rôle de Boucle d'Or).

Le premier tome avait laissé un goût de frustration, le scénario étant squelettique, et les dessins de Bisley oscillant entre exagération comique et simplement fonctionnelles. Pour cette deuxième rencontre entre Dredd et Batman, Grant & Wagner sont épaulés par Cam Kennedy, un dessinateur historique de 2000AD avec des histoires de Judge Dredd, et s'étant également exporté aux États-Unis (avec par exemple Star Wars - Dark Empire trilogy). Sous la couverture de Mike Mignola, le lecteur découvre un dessinateur qui ajoute des petits traits à l'encrage, conférant une forme de rugosité à toutes les surfaces. Il choisit également de donner des gueules à tous les personnages dont aucun ne présente un visage amène, pas même la petite fille du sénateur. Cette approche confère une présence remarquable à Scarface, la marionnette du ventriloque. Kennedy semble avoir une grande facilité pour tout dessiner, mais avec un degré de simplification légèrement trop élevé qui laisse à penser qu'il s'adresse à de jeunes adolescents plutôt qu'à un public plus âgé. C'est en particulier patent pour les décors plus esquissés que vraiment concrétisés. de temps à autre, le lecteur découvre un personnage ou un élément auquel Kennedy a souhaité conférer une présence plus marquée avec un dessin plus sophistiqué (par exemple un SDF en train de picoler dans la rue).

Les dessins de Kennedy présentent un aspect assez attractif dans la mesure où ils comportent une composante humoristique. le comique lié à l'irascible Scarface déguisé en poupon est premier degré, mais visuellement très réussi. En y regardant de plus près, le lecteur découvre que Cam Kennedy est régulièrement moqueur : Batman assommant un voleur avec un coup de boule franc et massif, Batman et Dredd échangeant des horions comme des pantins dessinés en ombre chinoise sur une page de 12 cases, Batman se prenant une balançoire entre les 2 jambes, etc. Cette approche est cohérente avec le ton de la narration des scénaristes, eux aussi pince-sans-rire.

Au départ le lecteur est désarçonné par cette baston sans rime ni raison entre Dredd et Batman, le premier agressant le deuxième. Sans explication, le lecteur ne peut que supposer que Grant & Wagner ont décidé d'utiliser un cliché (les 2 héros se tapant dessus sans se rendre compte qu'ils sont du même bord) en guise de scénario. Petit à petit, il apparaît qu'ils ont eux aussi recours au second degré, à la limite de la parodie. Comme dans le premier épisode, Batman et Dredd sont 2 alpha-mâles, refusant de céder en virilité à l'autre. Scarface est magnifique dans sa dualité marionnette / langage grossier et propos sarcastiques. Plus radical encore, l'affrontement entre Batman et Dredd est à la frontière de la parodie dès le début, avec Dredd posant à terre toutes ses armes pour se lancer dans un combat à la loyale. À condition de passer outre le cliché, et de faire confiance aux scénaristes, il est alors possible d'apprécier cette longue bagarre de cour d'école comme une critique décomplexée d'un poncif propre au genre "superhéros". Grant & Wagner font en sorte de terminer leur histoire proprement avec un clin d'oeil aux paradoxes engendrés par les voyages dans le temps.

Pour cette deuxième rencontre entre Dredd et Batman, Grant & Wagner ont un peu étoffé leur scénario, et augmenté la dose d'humour gentiment moqueur. Les dessins de Cam Kennedy n'ont pas la flamboyance des peintures de Simon Bisley, mais ils en ont l'humour.
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