— Tu es vraiment en train de me dire qu’une enseignante de maternelle n’a pas besoin de sous-vêtements sexy ? demanda-t-elle en jetant un regard méfiant vers Ozzie.
Le jeune homme prenait son rôle de sourd-muet très à coeur.
— Si à un moment tu as envie d'en parler, je veux que tu saches que je serai là.
Il pivota sur lui-même avec une expression inhabituellement sévère sous l’éclairage jaunâtre et peu flatteur des lampes de chevet.
— Je croyais que ça devait être une aventure d’une nuit.
Houlà. Quoi ?
— Je n’ai... (Elle secoua de nouveau la tête.) Ce n’est pas ce que je veux dire. J’ai simplement pensé...
— Eh bien, abstiens-toi, siffla-t-il. N’essaie pas de penser.
— Nate...
Elle tendit la main vers lui tout en remontant le drap aux motifs ridicules sur ses seins nus. Soudain, c’était elle qui se sentait inexplicablement vulnérable.
— Arrête, s’il te plaît. Tu n’as pas à me raconter ton rêve mais ne... ne t’en sers pas comme d’une excuse pour te fermer à moi. Une excuse pour me repousser. Je veux juste...
— Je ne cherche pas d’excuse, l’interrompit-il avec un reniflement de mépris. Je n’en ai pas besoin. On était d’accord pour une nuit. (Il désigna la fenêtre. Un éclat rose discret s’élevait sur l’horizon à l’est.) C’est le matin maintenant. Donc... ça signifie que cette petite folie passagère est terminée, dit-il avec un revers de main dédaigneux.
Ses paroles la blessaient au plus profond d’elle-même.
Une folie passagère ?
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Alors non, il ne pouvait pas lui dire ce qui était réellement arrivé à Grigg. Et il espérait de toutes ses forces que jamais elle ne le découvrirait.
Elle scruta son visage soigneusement impassible et il ne put que contempler, impuissant, la rage et la frustration qui enflaient en elle, volcan émotionnel menaçant d’exploser.
Avant qu’il puisse l’en empêcher, elle bondit hors de la voiture, sauta par-dessus la clôture et s’élança en direction des dunes. Ses cheveux flottaient derrière elle et ses jambes graciles soulevaient d’épais nuages de sable vite emportés par le vent salé.
Merde.
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— Hmm ? répéta-t-elle, incrédule. (Elle redressa le menton et pinça les lèvres.) Bon, regardons les choses en face, coco. Vu la quantité de mouchards électroniques que je transportais sans le savoir sur moi en arrivant ici, il semble évident qu'on va devoir se supporter l'un l'autre pendant un petit moment. Deux ou trois jours au moins. Et si on veut avoir une chance de s'entendre, il va falloir que tu apprennes à employer de vrais mots. Excuse-moi mais même mes élèves de maternelle ont un vocabulaire plus étendu que le tien.
— Thaumaturgique.
— Hein ?
Elle le regarda en clignant les yeux, un air de suspicion sur le visage.
— Juxtaposition.
— Quoi ?
— Incoercible.
— Qu'est-ce qui te prend ? demanda-t-elle.
Nate haussa les épaules. Il adorait voir les émotions défiler sur les traits si expressifs de la jeune femme.
— Je prouve que je connais plus de mots qu'un gamin de cinq ans.