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Critique de Calimero29


1950, dans le Connecticut, dans une énorme bâtisse victorienne, six soeurs de 11 à 19 ans vivent avec leur mère Belinda, que tout le monde considère comme folle sauf Iris, la cinquième soeur, la narratrice et un père qui se désintéresse de sa famille et ne s'occupe que de son entreprise florissante de fabrication d'armes. Un sort semble s'acharner sur les jeunes filles ; aussitôt mariées, elles meurent le lendemain dans une crise de folie. Iris refuse ce destin.
Ce roman foisonnant, étonnant, nous emporte dans une atmosphère gothique, tendue, angoissante, dans un conte macabre assez allégorique. Toutes les soeurs veulent échapper à la maison-prison, à l'atmosphère délétère de leur famille et le seul moyen que la plupart d'entre elles trouve est le mariage ou du moins un homme qui les emmène loin. La mort après le mariage, comme la mort en couches des aïeules des soeurs, sont le symbole de la mort de la liberté des femmes. Seule Iris, qui choisit l'art comme mode d'expression, aura une vie de femme libre mais à quel prix!
L'art et la nature sont très présents dans ce livre et le personnage d'Iris, en particulier quand elle s'installe au Nouveau-Mexique, m'a fait penser à la peintre Georgia O'Keeffe (1887-1986) connue, en particulier, pour ses représentations en gros plan, très détaillées de fleurs, évoquant le corps de la femme. Seule la rose bénéficie d'un traitement spécial; normalement symbole de beauté, son parfum est, ici, vénéneux, annonciateur de malheurs.
Autre thème important : le contact intime et doux avec les défunts, le sentiment qu'ils accompagnent ceux qui les ont aimés, le sentiment de leur présence et que la mort permettra de les rejoindre. le diagnostic de la folie permet de rejeter celles qui vivent cette proximité dans le domaine de la médecine, de l'enfermement pour ne pas se poser de questions sur ce que l'on ne comprend pas. le roman n'apporte, d'ailleurs, aucune réponse définitive sur ce qui a causé la mort brutale et inexpliquée des soeurs mais ce n'est pas ce qui importe vraiment.
Les 624 pages de ce roman vous saisissent et ne vous lâchent plus malgré quelques longueurs qui ne gâchent cependant pas la lecture ; nous vivons avec les soeurs, avons peur pour elles, souffrons avec celles qui restent, l'atmosphère de cette maison-tombeau nous oppresse.
Une belle découverte.
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