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Critique de AnnaDulac


En 1925, dans « Aquarelle », Robert Walser écrivait « Je suis tellement musicien que je peux tout à fait me passer d'écouter de la
musique. Ça chante en moi continuellement, vous pouvez me croire ».
En effet, le style de Walser, son rythme, ses assonances, ses longues périodes font de lui un artiste réellement sensible à la musique, même s'il n'a jamais pratiqué un instrument.
Ses digressions évoquent celles de Chopin ou de Paganini qu'il admire.
Toutefois, il n'est pas non plus un théoricien et n'a jamais entretenu de correspondances avec des compositeurs ou des musiciens, ni
fréquenté assidûment les salles de concert, si ce n'est pour se moquer ironiquement des conventions sociales. Il préfère souvent « faire du pied » à ses voisines (« Concert »).
Réunir une anthologie de ce que « pouvait dire de mieux sur la musique » Robert Walser est donc un peu un défi qu'ont réalisé les éditions Zoé
en offrant ici un recueil d'une soixantaine de poèmes et de proses, dont certains inédits, écrits ou publiés entre 1899 et 1933.
On y rencontre le Robert Walser de « La Promenade ». Un arpenteur du monde, prêt à saisir au vol un chant s'échappant d'une maison,
ou des exercices de piano ou le son d'un accordéon, l'instrument qu'il préférait, ou encore l'orgue de Barbarie, un « instrument qui ne ment pas ». Il aime aussi infiniment les chanteurs ambulants. Ce qui ne l'empêche pas d'apprécier une représentation de Don Giovanni (« Des larmes d'émotion brillaient dans les yeux de quelques auditeurs, ce qui semblait dû à la façon de refléter la vie que propose la pièce »).
Les petits récits publiés dans cette anthologie mettent en scène des flâneurs, des personnages qui regardent par la fenêtre. Souvent la référence à la musique n'occupe qu'une seule ligne.
Walser est aussi attentif au silence comme dans le merveilleux « Neiger » ( « La neige a amorti tout murmure, tout bruit, enneigé tous les sons et tous les échos »).
Et dans « Taper », Walser se plaint du tintamarre environnant (« On a vraiment l'impression d'être courageux, quand on fait du vacarme »).
On le voit, il n'est pas question que de musique au sens strict dans ce recueil, mais de toutes les perceptions auditives qui peuvent
nous assaillir, nous agresser ou nous consoler.












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