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Critique de mjaubrycoin


Découvrant récemment ce roman historique à succès publié en 1945, je me suis plongée dans la vie quotidienne égyptienne à l'époque de la consécration du pharaon Amenophis IV, plus connu sous le nom d'Akhénaton, à travers le regard du héros Sinouhé prêtre d'Amon puis médecin qui sera amené à parcourir le monde antique, emportant avec lui le lecteur jusqu'aux royaumes hittites puis en Crète.
Regorgeant de détails sur les pratiques funéraires, les rapports sociaux, la ville antique, le roman témoigne d'une riche documentation qui évoque incontestablement les "Enquêtes " d'Hérodote, le premier historien.
Il faut remarquer que le livre ne fait aucune concession à la sensibilité contemporaine quand il aborde le sort réservé aux femmes et aux esclaves. le personnage principal Sinouhé, décrit comme un "homme de bien" ne fait pourtant pas exception à la règle quand il "corrige" son fidèle Kaptah qui est à la fois son intendant, son domestique, mais aussi son ami et quand il cède au Roi d'Amourrou la belle esclave Keftiou qui avait au l'audace de lui témoigner trop vivement son intérêt...illustrant ainsi sa sensibilité sélective en fonction des individus qu'il rencontre.
Sinouhé entretient un rapport compliqué avec les femmes. Pour une courtisane vénale qui se moque de lui, il se dépouille non seulement de tous ses biens mais aussi de ceux de ses propres parents qu'il aime pourtant tendrement, conduisant les malheureux à la mort. Follement épris de la crétoise Minéa, il respecte son voeu de chasteté et la laisse sacrifier sa vie à un dieu auquel il ne croit pas.
Peut-on parler d'athéisme à une époque où les divinités sont omniprésentes dans l'espace social et où leur culte règlementent tous les aspect de la vie ? C'est pourtant la philosophie du héros qui se démarque de ses contemporains...
Ce premier volume n'a pas emporté totalement mon adhésion tant les codes narratifs paraissent obsolètes, notamment en ce qui concerne les aspects intimes. Sinouhé ne fait que "se divertir " avec ses partenaires sexuelles et le lecteur qui voudrait en savoir un peu plus restera sur sa faim, ce qui ne permet d'ailleurs absolument pas de comprendre l'attachement excessif manifesté à la courtisane Nefernefernefer pour laquelle il a renoncé à tous ses principes. Pudeur de l'auteur à une époque où le récit devait respecter la décence ? Ou volonté d'entrer dans les caractéristiques du "roman-mémoire" qui ne peut présenter davantage de développements que ce que le narrateur souhaitait dévoiler?
J'aurais aimé que l'aspect médical du récit soit davantage développé.On sait que les médecins de l'Egypte ancienne témoignaient d'un savoir remarquable et que les soins pratiqués avec les moyens du bord donnaient des résultats significatifs permettant la guérison de pathologies que les siècles suivants considérèrent comme incurables. Or à part quelques développements sur la trépanation (une pratique qui ne devait pas être très fréquente quand même), l'auteur reste très discret sur l'activité de soignant de son héros. Dommage !
A l'heure où l'exposition dite "du centenaire" fait courir le Tout-Paris pour admirer les trésors de la Tombe de Toutankhamon, le "roman égyptien" revient sur le devant de la scène et la lectrice compulsive que je suis, se promet d'aborder le second volet des aventures de Sinouhé qui parait-il, se passent dans l'intimité du Pharaon Akhénaton au sein d'une cour royale ravagée par les complots et intrigues. Je suis curieuse de savoir si le jeune Toutankhamon, fils présumé d'Akhénaton, sera mentionné et si nous assisterons en direct à la chute du monothéisme égyptien.
A suivre, donc....
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