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Critique de Dionysos89


Après Le Cercle de Farthing, nous poursuivons les aventures de l’inspecteur Carmichael dans Hamlet au paradis, poursuivant l’uchronie d’un Royaume-Uni ayant arrêté tôt la Deuxième Guerre mondiale et glissant vers un régime autoritaire et discriminatoire.

Hamlet au paradis nous ramène dans ce Royaume-Uni qui a signé une paix séparée avec l’Allemagne et qui a laissé l’Europe entière sous la domination nazie. Les discriminations montent rudement et sûrement, et même si l’homophobie est encore abordée, c’est plutôt la chasse aux juifs et aux communistes qui est annoncé.
Le début de cette nouvelle enquête de l’inspecteur Carmichael est clairement à l’image du Cercle de Farthing : le personnage principal nous replace le contexte vis-à-vis du premier tome et nous alternons de la même façon entre l’enquêteur soumis aux pressions de sa hiérarchie et une jeune actrice qui a décroché le fameux rôle d’Hamlet. Nous suivons, à nouveau, les codes du roman policier tels que nous les avons ingérés depuis Agatha Christie (peu de personnages, histoires de familles et lecteur laissé dans l’ignorance presque autant que l’enquêteur).
Toutefois, l’immersion progressive dans le monde du théâtre anglais des années 1940-1950 permet de faire évoluer le point de vue. Et c’est là que l’intérêt de ce deuxième tome se révèle, parce que sinon j’avoue que la lecture ne m’emballait guère, jusque là. Approfondir notre connaissance du théâtre anglais du milieu du siècle, ça fait un peu sociologie, et pourtant c’est un peu fascinant de voir Londres par ce biais-là ; la narratrice elle-même nous fait comprendre la géographie londonienne par sa vie de jeune artiste.
Sans dévoiler le moins du monde les tenants et les aboutissants de l’intrigue, sachez juste qu’on y croise carrément ce « cher » Adolf Hitler et que l’enquête étant relativement tranquille dans son avancée, ce sont les derniers moments qui accélèrent le rythme du livre. Quelques miettes plutôt visibles en fin d’ouvrage nous guident tranquillement vers le troisième tome. Le lecteur pointilleux pourra par contre (à défaut de critiquer l’édition de Lunes d’Encre qui est très bonne et sans coquille aucune) s’étonner du choix des titres de cette trilogie. En effet, en anglais, cela donne Farthing (pour Le Cercle de Farthing donc), Ha’penny (pour Hamlet au paradis) et Half a Crown (pour Une demi-couronne), avec la trilogie du Small Change, au lieu du Subtil Changement ; là il est évident que la traduction a été très difficile à choisir, puisque la version originale se permet des jeux de mots avec les différentes monnaies britanniques, ce qui est intraduisible pour les deux premiers tomes, et la trilogie aurait pu s’intituler « La petite monnaie », mais ça n’aurait plus suggérer autant l’uchronie… Dilemmes, donc.

Hamlet au paradis ne dépareille pas du tout du Cercle de Farthing au niveau de sa forme, mais permet un approfondissement de l’uchronie anglaise que Jo Walton nous propose. Nous sentons bien toute la montée des extrêmes et des discriminations en tout genre, à l’image de nos propres sociétés...

[Critique dans le cadre de la Masse Critique spéciale littératures de l'imaginaire de novembre 2015, merci donc à Babelio et aux éditions Denoël pour cet envoi.]
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