Le cinéma offre un style, il permet de transmettre une expérience à laquelle il ajoute une dimension artistique. C'est là le rapport le plus simple et le plus profond qu'on puisse imaginer entre le cinéma et la vie.
Quelle est, selon vous, votre plus grande qualité en tant que cinéaste?
Ma capacité à observer la vie. C'est là le plus important.
On a toujours tendance à penser à la réputation des acteurs, mais celle-ci n'a en fait aucune importance. Nous aurions dû nous contenter de choisir les acteurs en fonction de leur personnalité, de leur capacité à imaginer le personnage à partir du scénario...
La beauté est comme un personnage ou comme une histoire. La beauté n'est pas qu'une simple question d'apparence mais de sens profond: elle suppose quelque chose à savourer, à apprécier... En découvrant ce lieu, j'ai eu l'impression de grandeur et de nature absolue, l'impression d'un monde sans humains... C'est cette sensation d'absence que j'appelle, en l'occurrence, la beauté.
Un homme est apparu tout à coup, sortant de nulle part. Je n'ai pu m'empêcher de le suivre jusqu'à son refuge de troglodyte. Il vivait seul, dans une autarcie et un isolement complets. Dans la Chine extrêmement matérialiste d'aujourd'hui, son exemple muet est un acte éloquent de résistance. L'Homme sans nom ne demande rien à personne. Dans la campagne désertique, sa vie ressemble à celle d'une pousse. C'est l'existence à l'état pur. Cette rencontre m'a profondément touché.
La question de Chronique d'une femme chinoise était la suivante: était-il possible qu'une simple parole soutienne tout un film? Il se trouve que oui! L'homme sans nom représente le programme inverse: l'action peut-elle remplacer entièrement le discours?
Numéro zéro a-t-il en effet été une inspiration pour la réalisation de Chronique d'une femme chinoise?
On peut le dire, même si la façon de faire de Jean Eustache est entièrement différente de la mienne. Eustache parle à la première personne. Ce n'est pas quelque chose que j'aime faire. Je considère que seuls les autres ont le droit de parler de leur vie. Pour ma part, je me contente d'écouter.
Je n'ai pas copié Visconti mais il a influencé mon travail. Disons que si j'ai beaucoup étudié les films d'Antonioni et ceux de Tarkovski, le résultat est plus proche du cinéma de Visconti.
Le seul documentaire que j'avais vu était Chung Kuo (La Chine, 1975) de Michelangelo Antonioni.
Dans la société chinoise, on ne vous aide que si vous êtes issu d'une grande famille, y compris dans le milieu du cinéma.