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Critique de LaBiblidOnee


« Je vous envoie ce mail afin de vous proposer de recevoir et lire La Dernière Maison avant les bois de Catriona Ward, à paraître le 16 février 2023 aux éditions Sonatine. Attention : la lecture de ce thriller est une expérience tout à fait particulière, qui peut s'avérer décourageante tant l'une des trois voix nous permettant de découvrir l'histoire est singulière. Je me permets de vous conseiller de postuler à cette opération uniquement si vous avez le temps et l'envie de vous essayer à une lecture relativement ardue - mais bien sûr pas totalement illisible, rassurez-vous, et tout à fait originale. »
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Ceux qui me connaissent ici savent qu'il n'existait pas de meilleure présentation pour me donner envie de lire ce livre ! La forme semblait originale comme je les aime, et l'histoire mystérieuse et intrigante : La Dernière Maison avant les bois est celle d'un dénommé Ted, un marginal qui a été suspecté des disparitions d'enfants ces dernières années. A la disparition de Lulu notamment, sa maison a été fouillée et un article sur lui est paru dans le journal. Il a été innocenté par des caméras de surveillance d'un supermarché. Mais vous savez ce que c'est une réputation, le doute dans l'esprit des gens et les préjugés. Bien des mois plus tard alors que l'enquête est au point mort, la soeur de Lulu, Dee, décide de creuser cette piste abandonnée par la police. Elle emménage dans la maison voisine de celle de Ted, bien décidée à découvrir ce que cache cet homme solitaire dont toutes les fenêtres du rez-de-chaussé sont barricadée, qui ne sort jamais de chez lui sauf pour honorer quelques rendez-vous mystérieux dont il revient toujours dans un drôle d'état… Et de chez qui il s'échappe parfois de drôles de voix de petite fille mêlées de miaulements ! Ted aurait une fille, Lauren, qui lui rendrait parfois visite, mais on ne lui connaît pas de femme et, surtout, Dee ne voit jamais personne entrer ou sortir de chez lui… Alors, ne pourrait-ce pas être Lulu qui serait enfermée ?
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Ce livre, comme un sortilège, est raconté tour à tour par chacun des personnages précités, chat compris. C'est ce qui fait, avec la plume magique de l'auteure, que le charme opère immédiatement et ne vous lâche plus jusqu'à la fin.
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Et pourtant, j'ai lu ce livre dans de mauvaises conditions : dès que je l'ai reçu, mes problèmes de santé de sont dégradés, j'ai arpenté les couloirs d'hôpitaux et avalé des kilomètres de voitures pour squatter les salles d'attente de spécialistes. J'étais épuisée, percluse de douleurs qui m'empêchaient de tenir mon livre pour le lire même en le posant et, pour couronner le tout, les yeux plein de larmes m'empêchait de lire. Je n'arrivais de toutes façons pas à me concentrer, et les néons grésillants des lieux où je trimballais désespérément La Dernière Maison finissaient de me faire craindre une lecture plus glauque que ce que mon moral pouvait de toutes façons encaisser. Mais je m'étais engagée à écrire une critique de ce roman. Et puis le livre ne cessait malgré tout de m'appeler, j'étais au moins curieuse d'essayer. Alors, Chou m'a lu les premières pages dans la salle d'attente des urgences, chuchotant avec son masque dans l'intimité toute relative que donne un siège vide entre deux groupes de gens inoccupés, s'ennuyant de se regarder en chien de faïence.
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Immédiatement, le décor autour de moi s'est effacé pour laisser place à une maison, juste à l'orée d'un bois. Une maison dans laquelle rien ne filtre à part les rayons du soleil dans les défauts des planches de bois qui la barricadent, projetant des piécettes d'or sur les murs et tapis, et de laquelle rien ne filtre à part, parfois, quelques cris d'enfant. Une maison dont l'occupant à l'air un peu cinglé brise des boules de Noël devant sa porte d'entrée pour entendre les intrus arriver et qui, certaines nuits, s'enfonce dans la forêt pour déterrer « les dieux » et les enterrer ailleurs… Alors je plongeais tour à tour avec délice dans la tête d'Olivia, la chatte qui apporte son éclairage sur sa maison et son propriétaire, à qui elle est très attachée grâce à ce poétique cordon d'amour qui les lie ; de Ted, qui craint les garçons verts, de Lauren qui se rebellait contre celui qu'elle répugnait à appeler papa. Et dans celle de Dee, bien décidée à mettre un terme à cette mascarade, sans la police qui ne veut plus l'aider.
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Même si j'ai su dès le début où l'auteure nous emmenait, son idée reprenant plusieurs de mes films et livres cultes, c'est un univers merveilleux dans lequel on pénètre et où les chats parlent, où à l'orée de cette forêt mystérieuse, comme à l'orée d'un conte, tout semble possible, à la limite du fantastique ou du magique. Enfin, le texte n'est pas du tout difficile à lire puisque je l'ai lu en étant au plus mal, au contraire tout s'enchaîne avec délice, on veut savoir, on se fait voyeur nous aussi, en s'immisçant dans les tête de chaque protagoniste, zieutant dans les trous des palissades. Un roman délicieux qui oscille entre l'horrifique et le psychologique, mais dont le suspense vous tient dans ses griffes jusqu'à la fin : je vous le recommande ! Je remercie chaleureusement babelio et les éditions Sonatine pour ce cadeau qui, s'il parle en réalité de souffrance, m'a fait beaucoup de bien.
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