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sur 424 notes
« La Dernière Maison avant les bois » est celle de Ted Bannerman, un homme solitaire et asocial, qui a cependant déjà fait la une des journaux…en tant que suspect lors de la disparition de la petite fille à la glace au sirop. Déjà onze ans que la petite Lulu a disparu, mais sa grande soeur s'est jurée de la retrouver. du coup, même si le pauvre Ted a été innocenté par les autorités, elle décide d'emménager dans la maison voisine, bien déterminée à surveiller le moindre mouvement de ce type au comportement bizarre…

Dans ce roman choral, Catriona Ward va vous balader d'un personnage à l'autre au fil de chapitres qui se font brillamment écho. Dans ce récit à plusieurs voix, vous partagerez les pensées les plus secrètes de Ted, le principal suspect, de Dee, la soeur aînée de Lulu, de Lauren, la fille de Ted et même d'Olivia, son adorable petit chaton. Un voyage intriguant, parsemé de peurs profondes et d'espoirs auxquels on désire foncièrement s'accrocher, qui vous mènera progressivement vers une vérité, certes entrevue, mais pour le moins surprenante. Une construction aussi énigmatique et déstabilisante, qu'intelligente, qui vous tiendra en haleine de la première à la dernière page…

Derrière les allures de conte de cette histoire qui se déroule à l'orée d'un bois qui semble abriter d'étranges dieux, dans une petite maison bien mystérieuse où même les chats semblent parler, se dissimule un thriller psychologique oppressant qui vise à démêler les mystères qui entourent d'étranges disparitions d'enfants. Un huis-clos sombre, aux accents fantastiques et horrifiques, qui vous emmènera dans les méandres de l'esprit humain, là où les petites voix vous parlent et vous manipulent, là où le talent d'une autrice vient mettre des mots sur l'indicible, l'invisible, l'enfoui…

Un ovni littéraire dont je m'abstiens de trop dévoiler, mais que je vous recommande vivement !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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« Je vous envoie ce mail afin de vous proposer de recevoir et lire La Dernière Maison avant les bois de Catriona Ward, à paraître le 16 février 2023 aux éditions Sonatine. Attention : la lecture de ce thriller est une expérience tout à fait particulière, qui peut s'avérer décourageante tant l'une des trois voix nous permettant de découvrir l'histoire est singulière. Je me permets de vous conseiller de postuler à cette opération uniquement si vous avez le temps et l'envie de vous essayer à une lecture relativement ardue - mais bien sûr pas totalement illisible, rassurez-vous, et tout à fait originale. »
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Ceux qui me connaissent ici savent qu'il n'existait pas de meilleure présentation pour me donner envie de lire ce livre ! La forme semblait originale comme je les aime, et l'histoire mystérieuse et intrigante : La Dernière Maison avant les bois est celle d'un dénommé Ted, un marginal qui a été suspecté des disparitions d'enfants ces dernières années. A la disparition de Lulu notamment, sa maison a été fouillée et un article sur lui est paru dans le journal. Il a été innocenté par des caméras de surveillance d'un supermarché. Mais vous savez ce que c'est une réputation, le doute dans l'esprit des gens et les préjugés. Bien des mois plus tard alors que l'enquête est au point mort, la soeur de Lulu, Dee, décide de creuser cette piste abandonnée par la police. Elle emménage dans la maison voisine de celle de Ted, bien décidée à découvrir ce que cache cet homme solitaire dont toutes les fenêtres du rez-de-chaussé sont barricadée, qui ne sort jamais de chez lui sauf pour honorer quelques rendez-vous mystérieux dont il revient toujours dans un drôle d'état… Et de chez qui il s'échappe parfois de drôles de voix de petite fille mêlées de miaulements ! Ted aurait une fille, Lauren, qui lui rendrait parfois visite, mais on ne lui connaît pas de femme et, surtout, Dee ne voit jamais personne entrer ou sortir de chez lui… Alors, ne pourrait-ce pas être Lulu qui serait enfermée ?
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Ce livre, comme un sortilège, est raconté tour à tour par chacun des personnages précités, chat compris. C'est ce qui fait, avec la plume magique de l'auteure, que le charme opère immédiatement et ne vous lâche plus jusqu'à la fin.
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Et pourtant, j'ai lu ce livre dans de mauvaises conditions : dès que je l'ai reçu, mes problèmes de santé de sont dégradés, j'ai arpenté les couloirs d'hôpitaux et avalé des kilomètres de voitures pour squatter les salles d'attente de spécialistes. J'étais épuisée, percluse de douleurs qui m'empêchaient de tenir mon livre pour le lire même en le posant et, pour couronner le tout, les yeux plein de larmes m'empêchait de lire. Je n'arrivais de toutes façons pas à me concentrer, et les néons grésillants des lieux où je trimballais désespérément La Dernière Maison finissaient de me faire craindre une lecture plus glauque que ce que mon moral pouvait de toutes façons encaisser. Mais je m'étais engagée à écrire une critique de ce roman. Et puis le livre ne cessait malgré tout de m'appeler, j'étais au moins curieuse d'essayer. Alors, Chou m'a lu les premières pages dans la salle d'attente des urgences, chuchotant avec son masque dans l'intimité toute relative que donne un siège vide entre deux groupes de gens inoccupés, s'ennuyant de se regarder en chien de faïence.
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Immédiatement, le décor autour de moi s'est effacé pour laisser place à une maison, juste à l'orée d'un bois. Une maison dans laquelle rien ne filtre à part les rayons du soleil dans les défauts des planches de bois qui la barricadent, projetant des piécettes d'or sur les murs et tapis, et de laquelle rien ne filtre à part, parfois, quelques cris d'enfant. Une maison dont l'occupant à l'air un peu cinglé brise des boules de Noël devant sa porte d'entrée pour entendre les intrus arriver et qui, certaines nuits, s'enfonce dans la forêt pour déterrer « les dieux » et les enterrer ailleurs… Alors je plongeais tour à tour avec délice dans la tête d'Olivia, la chatte qui apporte son éclairage sur sa maison et son propriétaire, à qui elle est très attachée grâce à ce poétique cordon d'amour qui les lie ; de Ted, qui craint les garçons verts, de Lauren qui se rebellait contre celui qu'elle répugnait à appeler papa. Et dans celle de Dee, bien décidée à mettre un terme à cette mascarade, sans la police qui ne veut plus l'aider.
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Même si j'ai su dès le début où l'auteure nous emmenait, son idée reprenant plusieurs de mes films et livres cultes, c'est un univers merveilleux dans lequel on pénètre et où les chats parlent, où à l'orée de cette forêt mystérieuse, comme à l'orée d'un conte, tout semble possible, à la limite du fantastique ou du magique. Enfin, le texte n'est pas du tout difficile à lire puisque je l'ai lu en étant au plus mal, au contraire tout s'enchaîne avec délice, on veut savoir, on se fait voyeur nous aussi, en s'immisçant dans les tête de chaque protagoniste, zieutant dans les trous des palissades. Un roman délicieux qui oscille entre l'horrifique et le psychologique, mais dont le suspense vous tient dans ses griffes jusqu'à la fin : je vous le recommande ! Je remercie chaleureusement babelio et les éditions Sonatine pour ce cadeau qui, s'il parle en réalité de souffrance, m'a fait beaucoup de bien.
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Devant l'enthousiasme communicatif de mes babelpotes, je me suis empressée de me procurer le premier livre de Catriona Ward, qui vient juste de sortir... c'est pas comme ça que le niveau de mon pense-nouille va baisser, me direz-vous.
Mais j'ai de suite vu que j'étais la cible idéale pour cette lecture.
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La dernière maison avant les bois est un roman choral à l'atmosphère oppressante.
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Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de la disparition de la petite fille à la glace au sirop. Déjà onze ans et aucune piste sérieuse n'a jamais abouti.
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Sa soeur aînée, Dee, n'a jamais désespéré de la retrouver, cette enfant de 6 ans qui l'adulait et qu'elle s'obstinait à rejeter.
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Dee est persuadée que Ted Bannerman a kidnappé sa soeur.
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Pourquoi lui ? Par un hasard malencontreux, un journaliste a fait paraître sa photo en première page, à côté de celle de la gamine, et l'opinion publique en a fait ses choux gras, même si l'homme a été innocenté, faute de preuves.
De plus, il avait un solide alibi.
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Qu'à cela ne tienne, on a cassé tous les carreaux de sa maison, qu'il a fini par remplacer par des planches et s'est enfermé dans ce qui est devenu un taudis sombre et austère.
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Ted n'a plus de parents. Il serait complètement seul s'il n'avait sa fille Lauren, gamine rétive dont il semble avoir la garde à mi-temps, et son chat Olivia.
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Mais alors le chat, c'est quelque chose ! Une intelligence et une culture hors du commun, surtout à côté de Ted qui semble un peu "simplet" !
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Poursuivant son enquête, Dee va s'installer dans la maison voisine de celle de Ted et le surveiller en permanence.
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J'ai beaucoup aimé ce roman foisonnant de détails. En effet, l'auteure prend son temps pour installer et développer son intrigue.
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L'intensité va crescendo au fil des pages qui se tournent et curieusement, j'ai souvent eu l'impression de faire du sur place, sans toutefois m'ennuyer une seule seconde.
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Un procédé narratif remarquable, une plume addictive, des protagonistes passionnants, une histoire qui semble décousue mais tout s'assemble à la fin.
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N'hésitez pas à plonger dans ce récit difficilement classable, au final, puisque rien ni personne n'est vraiment ce qu'il semble être.
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Quel roman ! je crois pouvoir affirmer que mon sommeil en a été perturbé, une de ces nuit ou, dans un demi-sommeil, vous revivez le roman.

Le récit s'ouvre sur Ted, que l'on côtoiera tout au long du roman : il a une fille, Lauren, une chatte, Olivia, avec qui il a tressé un lien si fort, qu'un filament doré le relie à l'animal. Homme insignifiant sans doute, pour la société américaine dans laquelle il évolue, mais ô combien digne d'intérêt pour le lecteur ! Il vit dans une maison fermée à triple tour , le clac, clac, clac des verrous résonnant tel un leitmotiv dans le récit, ne s'est pas contenté de fermer les fenêtres, mais les a condamnées à l'aide de panneaux de bois dans lesquels des trous lui permettent d'observer le jardin, la chatte et la fillettes ne peuvent en aucun cas sortir de cette cage, beaucoup trop dangereux ! ce qui amène le lecteur à constater un beau cas de paranoïa.

Le récit mentionne, dès le début, un fait divers qui sera explicité dans les chapitres suivants : Lulu, une fillette de 6 ans, a disparu dans le secteur de la maison de Ted, onze ans auparavant, et n'a jamais été retrouvée.

On est alors en droit de faire jaillir de son esprit, de nombreuses questions dont on attend les réponses avec impatience ! Particulièrement concernant Lauren : qui est cette enfant ? Qui est sa mère ? Nulle mention dans le passé de Ted à son sujet ! dès lors, on est tenté de faire des suppositions. Et on apprend au compte-goutte, le passé de Ted, son enfance, son mal-être lorsque des individus viennent le perturber : Dee, la soeur de Lulu, qui s'est installée dans la maison voisine, bien décidée à retrouver sa soeur, l'homme aux cheveux orange, qui promène son chien un peu trop près de la maison, le meurtrier, qui a déposé des pièges à glu dans le jardin de Ted, tuant les oiseaux qu'il aime tant observer…

Un roman déroutant ! Dans un thriller en général, on essaie de deviner la suite au regard des informations dispensées en cours de lecture, hé bien je vous défie, futurs lecteurs, d'essayer, comme moi, vous irez de surprise en surprise. Un conseil : soyez bien attentifs à ce que vous lisez dans la première moitié du roman.

La configuration du roman est très intéressante : tour à tour, les personnages prennent la parole, de qui en fait un roman choral : d'abord Ted, puis Olivia, et plus rarement, Lauren. Ces narrations entrecoupées de récit à la troisième personne concernant Dee.

Un bon thriller psychologique comme je les aime et comme je les conseille !
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Tudieu, l'étrange roman que voilà.

La lecture de la quatrième de couv' laissait présager un récit sans réelle surprise, à la limite du convenu, en un seul mot.
Une impasse, un mec chelou, une nouvelle arrivante auréolée de mystère. le tout se voulant étroitement lié dans une sombre disparition survenue 11 ans plus tôt.
Voilà, rien de neuf sous le soleil, a priori.
Toujours se méfier des a priori.
Cette intrigue en constitue la preuve éclatante.

Alternance de chapitres.
Un personnage aux commandes, systématiquement.
N'était cet étrange félin qui parle et vous répond, de surcroit, rien qui vaille de se fracasser la tête contre les murs, porté par un enthousiasme rappelant furieusement celui éprouvé à l'écoute du dernier Aya Nakamura. Les mélomanes et autres amateurs de métaphores chiadées apprécieront.

Finalement, ce récit possède tous les attributs de l'ovni littéraire.
Une construction diabolique.
Un sens inné du coup de théâtre qui, tout comme l'ami Ricorée, s'en vient toujours au bon moment.
Immuablement porté par une petite mélodie aussi radieuse qu'un ciel d'orage, La Dernière Maison Avant les Bois détonne de par son originalité folle et le sentiment prégnant d 'avoir été le témoin privilégié d'un récit durablement marquant.

Un très très grand moment de lecture.

Merci à Babelio ainsi qu'aux éditions Sonatine pour cette balade euphorisante.
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« Il y a un monstre qui se cache en chacun de nous… Si vous laissez sortir le vôtre, peut-être qu'il ne vous mangera pas. »

J'aime les maisons chargées d'une histoire, d'une âme, les maisons qui abritent entre leurs murs des secrets, des mystères auquel on n'aura sans doute jamais de réponses.
Alors, lorsque Babelio m'a proposé l'envoi de « La dernière maison avant les bois », je n'ai pu résister à l'envie de savoir ce que cachait cette maison, la proximité des bois rajoutant une petite note d'angoisse qui n'était pas pour me déplaire.

Il faut dire aussi que le petit mot qui accompagnait cette proposition de lecture était très incitatif. Mettez-vous à ma place : si on vous annonçait que le thriller que vous allez lire est certes ardu, mais qu'il est une véritable expérience littéraire, comment pourriez-vous passer à côté de ce plaisir ?
Je remercie l'équipe de Babelio, les éditions Sonatine et Catriona Ward pour ce joli moment de lecture qui sort un peu de mes lectures habituelles.

*
Imaginez une maison isolée à l'orée d'un bois dont le jardin est envahi par les herbes et les fenêtres ont été totalement obstruées par des planches.
Ted y vit seul avec sa fille Lauren, une adolescente rebelle dont il n'a pas totalement la garde. Les voisins ne l'ont jamais vu, car elle reste cloîtrée dans la maison. Mais ils entendent le son de sa voix à laquelle se mêlent les miaulements d'un chat.
Cet homme étrange, solitaire et asocial a déjà eu des soucis avec la justice, suspecté pendant un certain temps, d'avoir kidnappé de jeunes enfants. Mais sa maison, fouillée, n'a pas permis de prouver sa culpabilité. Vous savez cependant comment les gens peuvent se montrer médisants, méfiants, et soupçonneux dans de pareils cas. Harcelé pendant un certain temps, il vit depuis lors reclus avec son enfant et son chat, évitant les voisins, sortant peu de chez lui, s'abrutissant de médicaments, buvant beaucoup trop.

Le récit commence au moment où son quotidien est bousculé par le massacre d'oiseaux qui venaient se nourrir chaque matin dans son jardin, puis, par l'emménagement d'une jeune femme dans la maison abandonnée, voisine de la sienne.

*
Au cours de l'histoire, le lecteur suit les pas de Ted, de sa fille Lauren, de sa chatte Olivia, et de sa nouvelle voisine Dee. Chaque chapitre laisse un des narrateurs s'exprimer, laissant l'intrigue s'entrelacer autour de ces voix qui se répondent, se télescopent, se percutent, s'affrontent, se rejettent.

Le livre est très surprenant, plein de rebondissements, on remonte dans le passé de chaque acteur, et lentement, se dessine une réalité dont le lecteur ne pouvait envisager toutes les facettes. C'est excessivement bien amené, l'autrice n'hésitant pas à prendre son temps pour mettre en place les décors, les personnages dont la psychologie est véritablement explorée.

Progressivement, les sentiments de tension et de malaise s'intensifient, rendant l'atmosphère nerveuse, pesante. Ce roman est vraiment d'une construction surprenante, astucieuse, intelligente.
On pense comprendre l'intrigue dans sa globalité, tenir le bon bout, mais des zones d'ombre subsistent et viennent embrouiller notre esprit. La narration spiralaire nous conduit alors, par ricochet, à entrapercevoir d'autres solutions à la disparition de ces enfants, au mystère qui entoure les occupants de cette maison.

« Il faut que tu les déplaces … Ne laisse personne découvrir ce que tu es. »

Si au final, j'avais entrevu une partie de la solution, les dernières pages créent à nouveau la surprise et modifie toute notre perception de l'histoire.

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Sur cette trame narrative, Catriona Ward dissèque, avec justesse et perspicacité, l'ambiguïté et la complexité de la nature humaine. J'ai adoré entrer dans l'intimité de chaque personnage, explorer leurs pensées, leurs pulsions, leurs désirs, leurs peurs, leurs espoirs, leur stratégie pour survivre à l'horreur.
Le personnage de Ted est particulièrement bien développé, sa profondeur se dévoilant lentement jusqu'à la toute fin. Et si le bois ajouté une tension supplémentaire, il n'apparait pas comme l'élément le plus inquiétant du roman : il est seulement spectateur de la violence que les hommes portent en eux jusqu'à la folie.

« Dans la forêt, même les choses familières semblaient étranges. En entendant le crépitement constant de la nuit, j'avais l'impression d'être enfermé dans un cachot à écouter l'eau goutter du plafond. Les branches qui grinçaient devenaient les membres couverts d'écailles de monstres en train de s'étirer. Les brindilles qui s'accrochaient à mes vêtements étaient les doigts squelettiques d'une créature qui cherchait à m'attraper – une créature qui avait peut-être été un enfant, jadis, avant de s'aventurer dans la lumière verte pour ne jamais revenir. »

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La plume de l'autrice est si efficace que le lecteur est harponné, ne peut se défaire de cette envie de retourner lire la suite.
Après m'être éloignée des thrillers, je suis ravie de cette histoire singulière et inattendue qui associe le thriller gothique, le roman psychologique et le policier. Il m'a fallu quelques chapitres pour entrer dans le rythme du livre, mais une fois confortablement installée dans l'intrigue, j'ai pris beaucoup de plaisir à le reprendre chaque soir, à me laisser enfermer dans ce huis-clos sombre et me laisser manipuler par l'autrice du début à la fin.
La postface de l'autrice apporte des éclaircissements sur la phase d'écriture de cet ouvrage. Il est très intéressant de le lire après le roman car il révèle beaucoup sur le contenu de l'intrigue et les choix de l'autrice.

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Pour un premier roman, je trouve que Catriona Ward a fait preuve de beaucoup de talent pour mêler vérités, mensonges et faux-semblants, réalité, confusion et délire. Elle a réussi à me captiver, me dérouter, me surprendre pour au final me toucher. Et si je n'ai pas trouvé son roman ardu, je l'ai trouvé au contraire intelligent, énigmatique, fascinant.

Si vous êtes curieux, si vous voulez savoir ce qui se cache à l'intérieur de la dernière maison de la rue Needless, n'hésitez pas à vous procurer ce livre, vous serez surpris par son dénouement.
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Si vous vous rendez-là-bas, vous ne pourrez pas vous tromper, c'est La Dernière Maison avant les bois.
C'était la seule indication que j'avais, peu rassurante du reste, je n'ai jamais aimé les maisons trop près des bois, elles me font peur…
J'ai commencé par entendre des voix, des voix tout d'abord solitaires comme si elles se parlaient à elles-mêmes, ou bien à nous, un peu comme une confidence. Et brusquement elles ont commencé à se mêler les unes aux autres. Cela ressemblait à l'écho de la lumière qui se promène par ricochet entre les branches des arbres d'une forêt et qui nous saisit lorsqu'on s'y perd pour la première fois…
Certaines de ces voix me sont devenues vite très familières, d'autres plus singulières m'ont étonné…
Ce sont des voix qui parlent, chuchotent, doutent, tremblent, elles viennent à nous ou bien n'est-ce pas plutôt nous qui venons à elles, franchissant les obstacles qui nous séparent d'elles et qu'on croyait insurmontables... Parfois elles rebondissent l'une à l'autre comme si à leur tour elles se parlaient…
Ces voix sont multiples, différentes, pourtant elles ne sont qu'au nombre de quatre, mais c'est à croire qu'elles se multiplient comme le pouvoir d'un kaléidoscope qui réfracte la lumière.
On dit qu'une petite fille aurait disparu tout près de là, au bord d'un lac, il y a onze ans. On dit que Ted le propriétaire de la dernière maison avant les bois aurait tout d'abord été suspecté, puis disculpé tout aussi vite… Il faut dire que son comportement bizarre en ferait un coupable idéal.
On dit que la soeur aînée de la petite fille disparue ne croit pas à son innocence. Elle a grandi avec le poids de cette disparition comme une déflagration qui n'en finit pas, l'empêchant désormais de vivre sereinement. C'est peut-être pour cela qu'elle vient d'emménager dans le quartier, rue Needless, dans la maison voisine, mais moins près des bois…
C'est une petite bourgade ordinaire de l'Oregon...
Je me suis tout d'abord demandé pour quelles raisons toutes les fenêtres du rez-de-chaussée de cette maison étaient barricadées. Ce sont des rangées de planches pointées horizontalement, mais qui laissent peut-être passer quelques rais de lumière au travers. Est-ce à cause de la peur qu'elle soit un jour cambriolée ? Elle est si près des bois…
Cette maison devient vite obsessionnelle comme si à sa manière elle amplifiait les voix qu'on entend, leurs mots, leurs peurs, leurs échardes… Est-ce que les herbes du jardin sont seules à être folles ?
Et si l'intériorité de cette maison impénétrable ne résidait pas simplement entre ses murs ?
J'aurais voulu pouvoir suivre les pas de la petite chatte Olivia à laquelle je me suis attachée parce qu'elle apporte du réconfort aux personnages de l'histoire. Elle semble ne pas pouvoir s'échapper de cette maison, sans doute parce que le monde extérieur est si dangereux… Heureusement pour le lecteur que nous sommes, elle nous tient au courant de tout ce qui s'y passe…
Dès les premières pages, j'ai été pris à la gorge, saisi dans la nasse de l'intrigue.
Ce roman aux accents gothiques sonne comme un sortilège, nous sommes ici à la lisière du récit onirique, à quelques encablures d'un monde qui échappe totalement à la raison.
J'ai oscillé dans ces pages étranges dans de multiples facettes et visages, entre thriller psychologique, roman horrifique, conte fantastique…
Il y a quelque chose qui tient du huis-clos, mais un huis-clos à géométrie variable, tantôt l'oeil du cyclone est dans la maison, tantôt il est dans les bois tous proches…
De ce va-et-vient incessant, nos pas ne peuvent s'en défaire.
Mais qui est Ted ? Quel est ce temps de l'enfance obsessionnel qui semble entrer par effraction dans le récit du présent ? Qu'est devenue cette mère possessive ? Et ce père né à Locronan, qui jadis convoquait l'Ankou lorsqu'il racontait des histoires au petit Teddy ? Mais oui, c'est aussi un des mystères de ce récit… Je ne vais pas me priver de vous l'évoquer…
L'ambiguïté du personnage de Ted est abyssale, magnifiquement écrite, invitant au vertige d'un labyrinthe.
Est-ce que Ted vit seul dans cette maison alors qu'on entend des voix qui s'en échappent puisqu'elles nous parlent ? Que va-t-il faire de temps en temps dans les bois ? Que sont devenus les oiseaux de ces bois que j'aimerais tant entendre chanter ?
Comme il est dit quelque part, la lecture de ce thriller est une expérience éprouvante, inquiétante, presque malsaine parce qu'elle nous invite à regarder au travers des fentes des planches disjointes qui barricadent les fenêtres de la maison. Nous écoutons aux portes, nous devenons voyeurs. Nous entrons à notre tour dans cette maison par effraction… C'est terriblement excitant, délicieux presque, vertigineux sûrement, ce caractère obsessionnel qui ne nous lâche plus jusqu'au dénouement final.
Ce premier roman est d'une qualité remarquable, l'écriture de l'autrice, Catriona Ward, dont c'est le premier roman, est à la fois poétique et construite comme une partition chorale qui n'en finit pas de pianoter sur nos nerfs. Mais dans ces voix qui semblent parfois venir de très loin, il y a comme une tendresse blessée qui sait nous broyer le coeur. Au prétexte d'un thriller psychologique dont le point de départ est un fait divers ordinaire, elle déplie toutes les possibilités d'un roman jusqu'au vertige qui habite chaque personnage. J'ai trouvé son approche narrative très inventive.
Je remercie Babelio et les éditions Sonatine qui m'ont permis de lire ce récit envoûtant dans le cadre d'une masse critique privilégiée.
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Ce livre est un mystère. Il serait criminel de dévoiler les tenants et les aboutissants de la dernière maison avant les bois de Catriona Ward. A tel point qu'il est presque impossible d'en raconter quoi que ce soit.

Les éditions Sonatine sont restées très évasives sur la quatrième de couverture, tout en dégainant les superlatifs, parlant d'une des histoires les plus inattendues depuis longtemps. Et s'appuyant sur les propos élogieux d'autres écrivains, comme Chris Whitaker auteur de l'inoubliable Duchess.

Et de Stephen King également, qui a dit n'avoir rien lu d'aussi excitant depuis Les apparences de Gillian Flynn. de l'artillerie lourde !

Ce livre de Flynn avait été le déclencheur de vagues successives et ininterrompues de thrillers psychologiques. Jusqu'à la nausée. Avec l'impression que ce sous-genre tournait en rond depuis un bon moment.

Mais, si vous achetez ce livre, dites-vous que vous tiendrez bien entre les mains un roman à part. Et que je m'associe aux louanges précédentes. Et il m'en faut beaucoup pour être encore surpris.

Petit conseil d'ami, laissez-vous porter par la narration. Car la forme interpelle rapidement, Catriona Ward prenant le pari d'écrire ce récit à plusieurs voix. Vous serez déstabilisés et intrigués. Jusqu'à même vous demander ce qui se déroule réellement sous vos yeux.

Faites confiance à l'autrice, laissez la poser les pièces du puzzle (et ses pièges), et développer son intrigue protéiforme.

Pas d'action effrénée, on est bien au plus près de la psychologie, avec des personnages plutôt dévoyés.

Sur le papier, on pourrait se dire que c'est une énième disparition d'enfant. Et qu'au fil des pages le « principe » retenu a déjà été largement utilisé dans le genre (livres et films).

En soit ce n'est pas faux, sauf que… Catriona Ward arrive réellement à renouveler le propos, et son habileté et son audace forcent le respect. A l'image de la toute fin et des explications que vous prendrez en pleine tronche.

A la différence d'une foultitude de thrillers, je peux vous assurer que vous garderez trace en mémoire de cette histoire et de ses personnages, pour longtemps. Un gros, très gros supplément d'âme y plane.

La dernière maison avant les bois est une intrigue qui joue avec les peurs, à l'ambiance pesante autant qu'étrange, au plus près de personnages, les plus déconcertant soient-ils.

Vous vous direz sans doute, de chapitre en chapitre, que vous avez compris le sens de l'histoire, que vous savez à quoi vous en tenir. Oui, vous placerez rapidement quelques pièces, sauf que les plus importantes seront invisibles à vos yeux (même habitués), ou se présenteront sous une forme différente de ce que vous aurez pu anticiper.

L'écrivaine a pensé son intrigue et ses protagonistes avec un très grand soin. Ce qui parait fou au départ se révèle ensuite d'une grande finesse et d'une belle intelligence narrative. Elle provoque le lecteur, le heurte, le perturbe, le met mal à l'aise. En prenant des risques.

Mais rien n'est gratuit, tout fait sens, le grand tout se montre d'une puissance émotionnelle insoupçonnée.

La dernière maison avant les bois est bien ce suspense inattendu à ne pas rater. Je plussoie avec force. Catriona Ward a un talent singulier et son approche du thriller psychologique (mais pas que) est à couper le souffle. Malsain et humain, poignant et jubilatoire.
Lien : https://gruznamur.com/2023/0..
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Ce livre était depuis des mois dans ma Pal, je l'avais emprunté à la médiathèque puis malencontreusement oublié dans un coin, trop occupée avec mes deux nouveaux postes, puis ma nombreuse famille féline. Et voilà que juste au moment où on me signifie que là j'abuse, que cinq personnes l'ont réservé et l'attendent impatiemment, mon amie Siabelle me propose de le lire ensemble ! Nous avons dû différer de quelques semaines, le temps que je puisse le récupérer. Fort heureusement pour moi, les cinq lecteurs ont été bien plus rapides que moi !

Nous avons donc découvert ensemble cette jeune auteure dont c'est le premier roman fin octobre, une lecture très fluide malgré ses particularités, que nous avons achevée en quatre ou cinq jours. Et puis, je suis partie au Portugal pour une semaine, convenant avec Isa de rédiger nos billets à mon retour. Sauf que...j'ai complètement zappé, croyant avoir déjà publié ! C'est pas beau de vieillir… Heureusement que mon amie québécoise est compréhensive et patiente, et qu'elle a su me rappeler avec beaucoup de tact que j'avais oublié quelque chose. Je la remercie infiniment et vous invite à découvrir également son beau retour.

Ce sont les billets très enthousiastes de certain(e)s ami(e)s qui nous ont amenées à choisir ce roman pour notre LC, et nous ne l'avons pas regretté, même si personnellement je n'ai pas été complètement emportée par l'ambiance et l'étrangeté des protagonistes. Il y en a quatre principaux, dont trois s'expriment tour à tour à la première personne : Ted Bannermann, trentenaire qui semble parfois un peu simplet et qui manifestement a subi l'emprise d'une mère toxique. Olivia, une...chatte, très attachée à Ted (d'ailleurs ils sont reliés par un cordon symbolique dont la couleur peut varier selon les humeurs de chacun), et qui au contraire possède des capacités de réflexion et un vocabulaire très développés. Lauren, la fille de Ted, dont il semble avoir la garde en alternance, mais au sujet de laquelle on se pose rapidement beaucoup de questions. Ces trois-là partagent le même toit, cette fameuse « dernière maison avant les bois ». Et puis il y a Dee, qui vient d'emménager dans la maison d'à côté, dans un but bien précis : découvrir si sa petite soeur Lulu a bien été enlevée par Ted onze ans auparavant, et surtout s'il la séquestre encore dans cette lugubre demeure dont les fenêtres sont condamnées par des planches.

Le décor et les personnages sont plantés, place à l'histoire...que je ne vous raconterai pas, vous n'avez qu'à lire le livre ! Mais comme je ne suis pas égoïste, je vous partage mon ressenti.
Je me suis posée des questions pendant les deux tiers de ma lecture sur le vécu des personnages, leurs interactions, la véracité de leurs récits respectifs. Ça a parfois pollué ma lecture, parce que je traquais les invraisemblances, les contradictions...jusqu'à ce que je finisse par comprendre un point-clé. Nous échangions régulièrement avec Isa, et comme moi elle s'interrogeait beaucoup. Qu'allait faire Ted dans les bois, qui sont ces « Dieux » dont il est régulièrement fait mention, ou ces « enfants verts », pourquoi Ted s'obstine-t-il à essayer de rencontrer des femmes dans des lieux pour le moins inadaptés ? Cela vous paraîtra peut-être paradoxal, mais au fur et à mesure que l'intrigue se complexifie, la lecture se fait plus rapide, les chapitres courts au rythme soutenu incitant à poursuivre pour comprendre. L'auteure réussit à rendre les voix des différents personnages crédibles, chacun s'exprime à sa manière très personnelle. Pas à dire, c'est addictif, et même si on a compris le noeud de l'histoire, on va avec avidité jusqu'au dernier mot. J'ai regretté qu'un ou deux points restent flous, j'aurais préféré avoir toutes les réponses, c'est l'explication de ma note un peu moins généreuse que beaucoup d'autres. La maison en elle-même tient une place primordiale dans le récit, j'aurais aimé qu'elle soit encore plus étrange (c'est peut-être le signe que je peux enfin m'attaquer à « La maison des feuilles » qui est enfouie sous une énorme pile!).

Je conclurai en remerciant Isa (Siabelle) de m'avoir incitée à cette découverte, ce fût comme toujours un réel plaisir de lire avec elle, surtout que nous avons été complètement synchrones dans l'avancement de la lecture. Et malgré mes petits bémols, je ne peux qu'encourager ceux qui ne l'ont pas encore fait à découvrir Catriona Ward et cette maison.
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Complètement emportée par ce thriller atypique ! L'autrice m'a baladée du début à la fin, détruisant mes certitudes d'une page pour en construire de nouvelles tout aussi erronées !

Ted, qui nous dit son quotidien, est rapidement identifié comme différent. le style de sa prose en rend compte. Ses expressions, sorties d'un conditionnement, les préceptes hérités d'une éducation faite de répétitions et de mises en garde, et les incohérences de ce qu'il observe avec une tendance à la paranoïa (mais n'oublions pas que les paranoïaques peuvent aussi avoir des ennemis !) , en témoignent. Et qui est cette petite fille qui l'appelle papa ? C'est si étrange qu'on ne s'étonne même pas que le chat Olivia endosse lui aussi une fonction de narrateur !

Dans les environs de la maison, située à l'orée de la forêt, plusieurs disparitions d'enfants ont défrayé la chronique sans que les affaires aient été élucidées. La petite soeur de Dee s'est ainsi volatilisée il y a six ans. Devant l'échec de Karen, l'inspectrice de police qui « ressemble à un opossum » , Dee mène sa propre enquête, qui la ramène toujours à Ted !

Pas question de dévoiler la moindre piste, ce serait dommage, mais cette ambiance parfois surréaliste finira par s'éclaircir de façon logique, levant le voile sur les innombrables questions soulevées au cours de la lecture.

J'ai adoré ce roman, malin, instructif, totalement addictif, impossible à lâcher !

416 pages Sonatine 16 février 2023
Traduction (Anglais) Piere Szczeciner
#LaDernièreMaisonavantlesbois #NetGalleyFrance

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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