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Pierre Szczeciner (Traducteur)
EAN : 9782355849329
416 pages
Sonatine (16/02/2023)
3.97/5   209 notes
Résumé :
Dans l'impasse de Needless Street, à la lisière des ombres de la forêt, se dresse une maison. Isolée, solitaire, à l'image de ses habitants qui vivent à moitié reclus derrière ses murs. Parfois y résonnent les rires d'une petite fille, parfois ce sont les miaulements d'un chat. Parfois on aperçoit le propriétaire, Ted Bannerman, arpentant le jardin de sa démarche craintive et nerveuse.

Dee, qui vient d'emménager dans la maison voisine, est persuadée q... >Voir plus
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3,97

sur 209 notes
« La Dernière Maison avant les bois » est celle de Ted Bannerman, un homme solitaire et asocial, qui a cependant déjà fait la une des journaux…en tant que suspect lors de la disparition de la petite fille à la glace au sirop. Déjà onze ans que la petite Lulu a disparu, mais sa grande soeur s'est jurée de la retrouver. du coup, même si le pauvre Ted a été innocenté par les autorités, elle décide d'emménager dans la maison voisine, bien déterminée à surveiller le moindre mouvement de ce type au comportement bizarre…

Dans ce roman choral, Catriona Ward va vous balader d'un personnage à l'autre au fil de chapitres qui se font brillamment écho. Dans ce récit à plusieurs voix, vous partagerez les pensées les plus secrètes de Ted, le principal suspect, de Dee, la soeur aînée de Lulu, de Lauren, la fille de Ted et même d'Olivia, son adorable petit chaton. Un voyage intriguant, parsemé de peurs profondes et d'espoirs auxquels on désire foncièrement s'accrocher, qui vous mènera progressivement vers une vérité, certes entrevue, mais pour le moins surprenante. Une construction aussi énigmatique et déstabilisante, qu'intelligente, qui vous tiendra en haleine de la première à la dernière page…

Derrière les allures de conte de cette histoire qui se déroule à l'orée d'un bois qui semble abriter d'étranges dieux, dans une petite maison bien mystérieuse où même les chats semblent parler, se dissimule un thriller psychologique oppressant qui vise à démêler les mystères qui entourent d'étranges disparitions d'enfants. Un huis-clos sombre, aux accents fantastiques et horrifiques, qui vous emmènera dans les méandres de l'esprit humain, là où les petites voix vous parlent et vous manipulent, là où le talent d'une autrice vient mettre des mots sur l'indicible, l'invisible, l'enfoui…

Un ovni littéraire dont je m'abstiens de trop dévoiler, mais que je vous recommande vivement !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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« Je vous envoie ce mail afin de vous proposer de recevoir et lire La Dernière Maison avant les bois de Catriona Ward, à paraître le 16 février 2023 aux éditions Sonatine. Attention : la lecture de ce thriller est une expérience tout à fait particulière, qui peut s'avérer décourageante tant l'une des trois voix nous permettant de découvrir l'histoire est singulière. Je me permets de vous conseiller de postuler à cette opération uniquement si vous avez le temps et l'envie de vous essayer à une lecture relativement ardue - mais bien sûr pas totalement illisible, rassurez-vous, et tout à fait originale. »
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Ceux qui me connaissent ici savent qu'il n'existait pas de meilleure présentation pour me donner envie de lire ce livre ! La forme semblait originale comme je les aime, et l'histoire mystérieuse et intrigante : La Dernière Maison avant les bois est celle d'un dénommé Ted, un marginal qui a été suspecté des disparitions d'enfants ces dernières années. A la disparition de Lulu notamment, sa maison a été fouillée et un article sur lui est paru dans le journal. Il a été innocenté par des caméras de surveillance d'un supermarché. Mais vous savez ce que c'est une réputation, le doute dans l'esprit des gens et les préjugés. Bien des mois plus tard alors que l'enquête est au point mort, la soeur de Lulu, Dee, décide de creuser cette piste abandonnée par la police. Elle emménage dans la maison voisine de celle de Ted, bien décidée à découvrir ce que cache cet homme solitaire dont toutes les fenêtres du rez-de-chaussé sont barricadée, qui ne sort jamais de chez lui sauf pour honorer quelques rendez-vous mystérieux dont il revient toujours dans un drôle d'état… Et de chez qui il s'échappe parfois de drôles de voix de petite fille mêlées de miaulements ! Ted aurait une fille, Lauren, qui lui rendrait parfois visite, mais on ne lui connaît pas de femme et, surtout, Dee ne voit jamais personne entrer ou sortir de chez lui… Alors, ne pourrait-ce pas être Lulu qui serait enfermée ?
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Ce livre, comme un sortilège, est raconté tour à tour par chacun des personnages précités, chat compris. C'est ce qui fait, avec la plume magique de l'auteure, que le charme opère immédiatement et ne vous lâche plus jusqu'à la fin.
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Et pourtant, j'ai lu ce livre dans de mauvaises conditions : dès que je l'ai reçu, mes problèmes de santé de sont dégradés, j'ai arpenté les couloirs d'hôpitaux et avalé des kilomètres de voitures pour squatter les salles d'attente de spécialistes. J'étais épuisée, percluse de douleurs qui m'empêchaient de tenir mon livre pour le lire même en le posant et, pour couronner le tout, les yeux plein de larmes m'empêchait de lire. Je n'arrivais de toutes façons pas à me concentrer, et les néons grésillants des lieux où je trimballais désespérément La Dernière Maison finissaient de me faire craindre une lecture plus glauque que ce que mon moral pouvait de toutes façons encaisser. Mais je m'étais engagée à écrire une critique de ce roman. Et puis le livre ne cessait malgré tout de m'appeler, j'étais au moins curieuse d'essayer. Alors, Chou m'a lu les premières pages dans la salle d'attente des urgences, chuchotant avec son masque dans l'intimité toute relative que donne un siège vide entre deux groupes de gens inoccupés, s'ennuyant de se regarder en chien de faïence.
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Immédiatement, le décor autour de moi s'est effacé pour laisser place à une maison, juste à l'orée d'un bois. Une maison dans laquelle rien ne filtre à part les rayons du soleil dans les défauts des planches de bois qui la barricadent, projetant des piécettes d'or sur les murs et tapis, et de laquelle rien ne filtre à part, parfois, quelques cris d'enfant. Une maison dont l'occupant à l'air un peu cinglé brise des boules de Noël devant sa porte d'entrée pour entendre les intrus arriver et qui, certaines nuits, s'enfonce dans la forêt pour déterrer « les dieux » et les enterrer ailleurs… Alors je plongeais tour à tour avec délice dans la tête d'Olivia, la chatte qui apporte son éclairage sur sa maison et son propriétaire, à qui elle est très attachée grâce à ce poétique cordon d'amour qui les lie ; de Ted, qui craint les garçons verts, de Lauren qui se rebellait contre celui qu'elle répugnait à appeler papa. Et dans celle de Dee, bien décidée à mettre un terme à cette mascarade, sans la police qui ne veut plus l'aider.
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Même si j'ai su dès le début où l'auteure nous emmenait, son idée reprenant plusieurs de mes films et livres cultes, c'est un univers merveilleux dans lequel on pénètre et où les chats parlent, où à l'orée de cette forêt mystérieuse, comme à l'orée d'un conte, tout semble possible, à la limite du fantastique ou du magique. Enfin, le texte n'est pas du tout difficile à lire puisque je l'ai lu en étant au plus mal, au contraire tout s'enchaîne avec délice, on veut savoir, on se fait voyeur nous aussi, en s'immisçant dans les tête de chaque protagoniste, zieutant dans les trous des palissades. Un roman délicieux qui oscille entre l'horrifique et le psychologique, mais dont le suspense vous tient dans ses griffes jusqu'à la fin : je vous le recommande ! Je remercie chaleureusement babelio et les éditions Sonatine pour ce cadeau qui, s'il parle en réalité de souffrance, m'a fait beaucoup de bien.
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Devant l'enthousiasme communicatif de mes babelpotes, je me suis empressée de me procurer le premier livre de Catriona Ward, qui vient juste de sortir... c'est pas comme ça que le niveau de mon pense-nouille va baisser, me direz-vous.
Mais j'ai de suite vu que j'étais la cible idéale pour cette lecture.
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La dernière maison avant les bois est un roman choral à l'atmosphère oppressante.
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Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de la disparition de la petite fille à la glace au sirop. Déjà onze ans et aucune piste sérieuse n'a jamais abouti.
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Sa soeur aînée, Dee, n'a jamais désespéré de la retrouver, cette enfant de 6 ans qui l'adulait et qu'elle s'obstinait à rejeter.
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Dee est persuadée que Ted Bannerman a kidnappé sa soeur.
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Pourquoi lui ? Par un hasard malencontreux, un journaliste a fait paraître sa photo en première page, à côté de celle de la gamine, et l'opinion publique en a fait ses choux gras, même si l'homme a été innocenté, faute de preuves.
De plus, il avait un solide alibi.
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Qu'à cela ne tienne, on a cassé tous les carreaux de sa maison, qu'il a fini par remplacer par des planches et s'est enfermé dans ce qui est devenu un taudis sombre et austère.
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Ted n'a plus de parents. Il serait complètement seul s'il n'avait sa fille Lauren, gamine rétive dont il semble avoir la garde à mi-temps, et son chat Olivia.
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Mais alors le chat, c'est quelque chose ! Une intelligence et une culture hors du commun, surtout à côté de Ted qui semble un peu "simplet" !
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Poursuivant son enquête, Dee va s'installer dans la maison voisine de celle de Ted et le surveiller en permanence.
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J'ai beaucoup aimé ce roman foisonnant de détails. En effet, l'auteure prend son temps pour installer et développer son intrigue.
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L'intensité va crescendo au fil des pages qui se tournent et curieusement, j'ai souvent eu l'impression de faire du sur place, sans toutefois m'ennuyer une seule seconde.
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Un procédé narratif remarquable, une plume addictive, des protagonistes passionnants, une histoire qui semble décousue mais tout s'assemble à la fin.
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N'hésitez pas à plonger dans ce récit difficilement classable, au final, puisque rien ni personne n'est vraiment ce qu'il semble être.
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« Il y a un monstre qui se cache en chacun de nous… Si vous laissez sortir le vôtre, peut-être qu'il ne vous mangera pas. »

J'aime les maisons chargées d'une histoire, d'une âme, les maisons qui abritent entre leurs murs des secrets, des mystères auquel on n'aura sans doute jamais de réponses.
Alors, lorsque Babelio m'a proposé l'envoi de « La dernière maison avant les bois », je n'ai pu résister à l'envie de savoir ce que cachait cette maison, la proximité des bois rajoutant une petite note d'angoisse qui n'était pas pour me déplaire.

Il faut dire aussi que le petit mot qui accompagnait cette proposition de lecture était très incitatif. Mettez-vous à ma place : si on vous annonçait que le thriller que vous allez lire est certes ardu, mais qu'il est une véritable expérience littéraire, comment pourriez-vous passer à côté de ce plaisir ?
Je remercie l'équipe de Babelio, les éditions Sonatine et Catriona Ward pour ce joli moment de lecture qui sort un peu de mes lectures habituelles.

*
Imaginez une maison isolée à l'orée d'un bois dont le jardin est envahi par les herbes et les fenêtres ont été totalement obstruées par des planches.
Ted y vit seul avec sa fille Lauren, une adolescente rebelle dont il n'a pas totalement la garde. Les voisins ne l'ont jamais vu, car elle reste cloîtrée dans la maison. Mais ils entendent le son de sa voix à laquelle se mêlent les miaulements d'un chat.
Cet homme étrange, solitaire et asocial a déjà eu des soucis avec la justice, suspecté pendant un certain temps, d'avoir kidnappé de jeunes enfants. Mais sa maison, fouillée, n'a pas permis de prouver sa culpabilité. Vous savez cependant comment les gens peuvent se montrer médisants, méfiants, et soupçonneux dans de pareils cas. Harcelé pendant un certain temps, il vit depuis lors reclus avec son enfant et son chat, évitant les voisins, sortant peu de chez lui, s'abrutissant de médicaments, buvant beaucoup trop.

Le récit commence au moment où son quotidien est bousculé par le massacre d'oiseaux qui venaient se nourrir chaque matin dans son jardin, puis, par l'emménagement d'une jeune femme dans la maison abandonnée, voisine de la sienne.

*
Au cours de l'histoire, le lecteur suit les pas de Ted, de sa fille Lauren, de sa chatte Olivia, et de sa nouvelle voisine Dee. Chaque chapitre laisse un des narrateurs s'exprimer, laissant l'intrigue s'entrelacer autour de ces voix qui se répondent, se télescopent, se percutent, s'affrontent, se rejettent.

Le livre est très surprenant, plein de rebondissements, on remonte dans le passé de chaque acteur, et lentement, se dessine une réalité dont le lecteur ne pouvait envisager toutes les facettes. C'est excessivement bien amené, l'autrice n'hésitant pas à prendre son temps pour mettre en place les décors, les personnages dont la psychologie est véritablement explorée.

Progressivement, les sentiments de tension et de malaise s'intensifient, rendant l'atmosphère nerveuse, pesante. Ce roman est vraiment d'une construction surprenante, astucieuse, intelligente.
On pense comprendre l'intrigue dans sa globalité, tenir le bon bout, mais des zones d'ombre subsistent et viennent embrouiller notre esprit. La narration spiralaire nous conduit alors, par ricochet, à entrapercevoir d'autres solutions à la disparition de ces enfants, au mystère qui entoure les occupants de cette maison.

« Il faut que tu les déplaces … Ne laisse personne découvrir ce que tu es. »

Si au final, j'avais entrevu une partie de la solution, les dernières pages créent à nouveau la surprise et modifie toute notre perception de l'histoire.

*
Sur cette trame narrative, Catriona Ward dissèque, avec justesse et perspicacité, l'ambiguïté et la complexité de la nature humaine. J'ai adoré entrer dans l'intimité de chaque personnage, explorer leurs pensées, leurs pulsions, leurs désirs, leurs peurs, leurs espoirs, leur stratégie pour survivre à l'horreur.
Le personnage de Ted est particulièrement bien développé, sa profondeur se dévoilant lentement jusqu'à la toute fin. Et si les profondeurs du bois est inquiétante, il n'apparaît pas l'élément le plus hostile du roman, il est seulement spectateur de la violence que les hommes portent en eux jusqu'à la folie.

« Dans la forêt, même les choses familières semblaient étranges. En entendant le crépitement constant de la nuit, j'avais l'impression d'être enfermé dans un cachot à écouter l'eau goutter du plafond. Les branches qui grinçaient devenaient les membres couverts d'écailles de monstres en train de s'étirer. Les brindilles qui s'accrochaient à mes vêtements étaient les doigts squelettiques d'une créature qui cherchait à m'attraper – une créature qui avait peut-être été un enfant, jadis, avant de s'aventurer dans la lumière verte pour ne jamais revenir. »

*
La plume de l'autrice est si efficace que le lecteur est harponné, ne peut se défaire de cette envie de retourner lire la suite.
Après m'être éloignée des thrillers, je suis ravie de cette histoire singulière et inattendue qui associe le thriller gothique, le roman psychologique et le policier. Il m'a fallu quelques chapitres pour entrer dans le rythme du livre, mais une fois confortablement installée dans l'intrigue, j'ai pris beaucoup de plaisir à le reprendre chaque soir, à me laisser enfermer dans ce huis-clos sombre et me laisser manipuler par l'autrice du début à la fin.
La postface de l'autrice apporte des éclaircissements sur la phase d'écriture de cet ouvrage. Il est très intéressant de le lire après le roman car il révèle beaucoup sur le contenu de l'intrigue et les choix de l'autrice.

*
Pour un premier roman, je trouve que Catriona Ward a fait preuve de beaucoup de talent pour mêler vérités, mensonges et faux-semblants, réalité, confusion et délire. Elle a réussi à me captiver, me dérouter, me surprendre pour au final me toucher. Et si je n'ai pas trouvé son roman ardu, je l'ai trouvé au contraire intelligent, énigmatique, fascinant.

Si vous êtes curieux, si vous voulez savoir ce qui se cache à l'intérieur de la dernière maison de la rue Needless, n'hésitez pas à vous procurer ce livre, vous serez surpris par son dénouement.
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Si vous vous rendez-là-bas, vous ne pourrez pas vous tromper, c'est La Dernière Maison avant les bois.
C'était la seule indication que j'avais, peu rassurante du reste, je n'ai jamais aimé les maisons trop près des bois, elles me font peur…
J'ai commencé par entendre des voix, des voix tout d'abord solitaires comme si elles se parlaient à elles-mêmes, ou bien à nous, un peu comme une confidence. Et brusquement elles ont commencé à se mêler les unes aux autres. Cela ressemblait à l'écho de la lumière qui se promène par ricochet entre les branches des arbres d'une forêt et qui nous saisit lorsqu'on s'y perd pour la première fois…
Certaines de ces voix me sont devenues vite très familières, d'autres plus singulières m'ont étonné…
Ce sont des voix qui parlent, chuchotent, doutent, tremblent, elles viennent à nous ou bien n'est-ce pas plutôt nous qui venons à elles, franchissant les obstacles qui nous séparent d'elles et qu'on croyait insurmontables... Parfois elles rebondissent l'une à l'autre comme si à leur tour elles se parlaient…
Ces voix sont multiples, différentes, pourtant elles ne sont qu'au nombre de quatre, mais c'est à croire qu'elles se multiplient comme le pouvoir d'un kaléidoscope qui réfracte la lumière.
On dit qu'une petite fille aurait disparu tout près de là, au bord d'un lac, il y a onze ans. On dit que Ted le propriétaire de la dernière maison avant les bois aurait tout d'abord été suspecté, puis disculpé tout aussi vite… Il faut dire que son comportement bizarre en ferait un coupable idéal.
On dit que la soeur aînée de la petite fille disparue ne croit pas à son innocence. Elle a grandi avec le poids de cette disparition comme une déflagration qui n'en finit pas, l'empêchant désormais de vivre sereinement. C'est peut-être pour cela qu'elle vient d'emménager dans le quartier, rue Needless, dans la maison voisine, mais moins près des bois…
C'est une petite bourgade ordinaire de l'Oregon...
Je me suis tout d'abord demandé pour quelles raisons toutes les fenêtres du rez-de-chaussée de cette maison étaient barricadées. Ce sont des rangées de planches pointées horizontalement, mais qui laissent peut-être passer quelques rais de lumière au travers. Est-ce à cause de la peur qu'elle soit un jour cambriolée ? Elle est si près des bois…
Cette maison devient vite obsessionnelle comme si à sa manière elle amplifiait les voix qu'on entend, leurs mots, leurs peurs, leurs échardes… Est-ce que les herbes du jardin sont seules à être folles ?
Et si l'intériorité de cette maison impénétrable ne résidait pas simplement entre ses murs ?
J'aurais voulu pouvoir suivre les pas de la petite chatte Olivia à laquelle je me suis attachée parce qu'elle apporte du réconfort aux personnages de l'histoire. Elle semble ne pas pouvoir s'échapper de cette maison, sans doute parce que le monde extérieur est si dangereux… Heureusement pour le lecteur que nous sommes, elle nous tient au courant de tout ce qui s'y passe…
Dès les premières pages, j'ai été pris à la gorge, saisi dans la nasse de l'intrigue.
Ce roman aux accents gothiques sonne comme un sortilège, nous sommes ici à la lisière du récit onirique, à quelques encablures d'un monde qui échappe totalement à la raison.
J'ai oscillé dans ces pages étranges dans de multiples facettes et visages, entre thriller psychologique, roman horrifique, conte fantastique…
Il y a quelque chose qui tient du huis-clos, mais un huis-clos à géométrie variable, tantôt l'oeil du cyclone est dans la maison, tantôt il est dans les bois tous proches…
De ce va-et-vient incessant, nos pas ne peuvent s'en défaire.
Mais qui est Ted ? Quel est ce temps de l'enfance obsessionnel qui semble entrer par effraction dans le récit du présent ? Qu'est devenue cette mère possessive ? Et ce père né à Locronan, qui jadis convoquait l'Ankou lorsqu'il racontait des histoires au petit Teddy ? Mais oui, c'est aussi un des mystères de ce récit… Je ne vais pas me priver de vous l'évoquer…
L'ambiguïté du personnage de Ted est abyssale, magnifiquement écrite, invitant au vertige d'un labyrinthe.
Est-ce que Ted vit seul dans cette maison alors qu'on entend des voix qui s'en échappent puisqu'elles nous parlent ? Que va-t-il faire de temps en temps dans les bois ? Que sont devenus les oiseaux de ces bois que j'aimerais tant entendre chanter ?
Comme il est dit quelque part, la lecture de ce thriller est une expérience éprouvante, inquiétante, presque malsaine parce qu'elle nous invite à regarder au travers des fentes des planches disjointes qui barricadent les fenêtres de la maison. Nous écoutons aux portes, nous devenons voyeurs. Nous entrons à notre tour dans cette maison par effraction… C'est terriblement excitant, délicieux presque, vertigineux sûrement, ce caractère obsessionnel qui ne nous lâche plus jusqu'au dénouement final.
Ce premier roman est d'une qualité remarquable, l'écriture de l'autrice, Catriona Ward, dont c'est le premier roman, est à la fois poétique et construite comme une partition chorale qui n'en finit pas de pianoter sur nos nerfs. Mais dans ces voix qui semblent parfois venir de très loin, il y a comme une tendresse blessée qui sait nous broyer le coeur. Au prétexte d'un thriller psychologique dont le point de départ est un fait divers ordinaire, elle déplie toutes les possibilités d'un roman jusqu'au vertige qui habite chaque personnage. J'ai trouvé son approche narrative très inventive.
Je remercie Babelio et les éditions Sonatine qui m'ont permis de lire ce récit envoûtant dans le cadre d'une masse critique privilégiée.
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
- Je vais te confier un secret, chaton. Tout le monde se sent comme ça par moment. Parfois, les choses vont mal et on a l'impression que rien ne pourra s'arranger, que l'avenir est bouché, comme le ciel un jour de pluie. Mais tu sais, la vie ça change à toute vitesse. Les choses bougent tout le temps, les bonnes comme les mauvaises, et le ciel finira par se dégager. Je te le promets.
(...)
Je crois que les enfants ressentent la douleur plus fort que les adultes, parce qu'ils ne savent pas encore jusqu'à quelle intensité elle peut monter.
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Il y a une forte odeur de nettoyant ménager qui fait penser à une prairie en fleurs, en version chimique. J'imagine que dans le futur, on atteindra un moment où plus personne ne connaîtra le parfum d'une vraie prairie. Mais bon, si ça se trouve, d'ici là, les vraies prairies auront disparu et les fleurs seront fabriquées en laboratoire. Du coup, les ingénieurs feront en sorte que les fleurs aient une odeur de nettoyant ménager, parce qu'ils penseront que c'est ça, la véritable odeur des fleurs.
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Les dieux sont plus proches qu'on pourrait le croire. Ils vivent au milieu des arbres, derrière un voile si fin qu'un simple soup d'ongle suffirait à le déchirer.
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J’ai deux critères pour juger les gens ; comment ils traitent les animaux et ce qu’ils aiment manger. Ceux qui adorent la salade ont forcément mauvais fond. A l’inverse, ceux qui ont un faible pour le fromage ont tendance à m’inspirer confiance.
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- Je ne suis pas une personne normale, je lui avoue. C'est difficile d'être moi. Et c'est peut-être encore plus difficile pour ceux qui sont proches de moi.
- C'est quoi, une personne normale ? On fait ce qu'on peut, c'est tout.
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