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Critique de fuji


Vous êtes dans les coulisses du Madison Square Garden le 19 mai 1962, et vous admirez la sensualité de Marilyn susurrant son Happy Birthday Mister President. En lisant ce prologue vous y êtes vraiment, partagé entre l'admiration et la prémonition de vous dire que Marilyn et la famille Kennedy ce n'est pas une belle rencontre.
Le lecteur fait un bond d'un demi-siècle plus tard pour se retrouver au milieu d'une foule de manifestants. Occupons Wall Street envahit le Parc Zucotti, une femme est parmi eux c'est Kristin Arroyo, ancienne marine en Irak, libre pour non-renouvellement de son contrat après dix ans. Pure New Yorkaise malgré ses origines hispaniques, elle se cherche une nouvelle vie, seule, ses parents sont morts dans un accident, elle occupe l'ancien logement de son grand-père, qu'elle n'a pas connu.
Dans cette foule de manifestants, elle est abordée par Nathan Stewart, photographe.
Il lui propose un contrat pour des photos d'elle en manifestante, après quelques hésitations elle accepte.
Nathan veut monter une exposition avec ses photos, il lui demande de passer à la galerie pour en discuter.
En rentrant chez elle, elle se replonge dans la caisse de souvenirs de son grand-père et découvre des clichés qu'elle décide de présenter à Nathan.
Quelle n'est pas sa surprise de découvrir que son grand-père Edward Pyle était un photographe célèbre et respecté. Nathan est subjugué par ces photos représentant Marilyn.
L'idée folle lui vient de modifier son expo en mêlant ces anciens clichés et les clichés des manifestations où Kristin est en vedette.
« Vous vous méprenez complètement ! Et s'il vous plaît, arrêter de vous dénigrer et laissez-moi argumenter. Vous possédez deux personnalités totalement différente… mais qui se rejoignent. Je m'explique : vous êtes deux rebelles qui se battent contre le système. Et aussi, deux amoureuses de New-York. »
Kristin se laisse convaincre et Nathan lui présente Michael un milliardaire (à l'opposé des idées de Kristin) membre éminent de la fondation Marilyn Monroe, prêt à payer très cher ces clichés. Argent qui irait à la cause Occupons Wall Street, ce qui permettrait au mouvement d'avoir les moyens de ses actions.
Mais rien ne se passe comme prévu, l'exposition est une réussite malgré une scène qui ressemble bien à la rebelle Kristin.
Pour tout dire, après l'exposition, l'univers de Kristin explose, elle est pourtant « habituée » à la barbarie, mais là cela dépasse l'entendement, et elle ne sait pas contre quoi elle doit se battre. Mais elle doit sauver sa peau.
Elle qui se cherchait une raison de vivre, elle risque la surdose.
Par la magie de l'écriture Philippe Laguerre a construit son cadre, comme un photographe aguerrit, sachant faire un gros plan sur un visage dans la foule, celui-ci happant le regard mais sans faire oublier pour autant ce qui entoure le gros plan et par contraste va révéler des détails qui ont leur importance.
Ici le gros plan qui happe le lecteur c'est évidemment Kristin, mais se dessine New-York, comme si vous y étiez et c'est totalement bluffant, Nathan et les autres sont mis en lumière tour à tour.
L'auteur a étudié son sujet et échafaude une théorie pas si farfelue que cela ou disons que nous serions prêts à y croire.
J'ai aimé cette sensation de loupe sur des photos pour redessiner les contours d'une histoire, puis scruter encore et encore, pour en découvrir la chair.
Les codes du thriller sont respectés, même si je ne suis pas une spécialiste du genre, car je suis plus attachée à une écriture et une histoire qu'à un classement en catégorie.
Mais si l'on me propose une intrigue, j'aime être embarquée, et pas besoin d'hémoglobine toutes les dix lignes ou autres violences qui pullulent bien assez dans les fictions littéraires, télévisuelles et cinématographiques où souvent j'ai l'impression que la surenchère de violence est là pour me dire que je suis un lecteur à gruger.
Cette chasse à la femme tient ses lecteurs en haleine jusqu'au bout avec un subtil mélange d'élégance et de muscle.
Choisir un tel sujet veut dire prendre un risque celui de ne pas pouvoir aller au bout de sa théorie sans se casser la figure.
Il n'en est rien, l'auteur, tel un funambule sait jouer du balancier.
©Chantal Lafon






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