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Critique de Symphonia2


Le sujet est passionnant. D'une part parce que j'ai eu la chance de visiter plusieurs fois son magnifique château de Valençay, mais aussi parce que j'ai entendu des choses sur cet homme si contradictoires que j'ai eu envie d'en savoir plus et de connaître davantage ce personnage historique.


Le livre se lit relativement vite – pour un livre de cette longueur du moins. L'auteur a très bien raconté l'histoire du personnage, de façon claire en générale, malgré quelques digressions que j'ai regrettées à certains moments, notamment lors des passages où il était question de finance. Je me suis un peu perdue parfois. Hormis cela, la manière de raconter et le langage utilisé sont suffisamment simples pour rendre la lecture agréable et l'auteur est assez précis dans les faits historiques pour être intéressant et enrichissant. J'ai appris énormément de choses, d'autant plus sur une période très mouvementée, et que je connais trop peu: le directoire, l'empire de Napoléon et la Restauration. Période franchement complexe et même bordélique. Les événements racontés sont donc parfois très compliqués. Il y a aussi énormément de personnages différents. C'est donc difficile de tout retenir mais les chapitres nous guident bien dans les différentes étapes de la vie de Talleyrand, qui correspondent en même temps aux différents épisodes de l'Histoire de France.

En ce qui concerne ma perception du personnage lui-même, après avoir lu ce livre, j'ai eu la confirmation que le personnage était bien plus complexe que ce que l'on entend souvent, c'est à dire un homme sans foi ni loi trahissant à tour de bras et aux moeurs légères. En fait, j'ai beaucoup d'admiration pour lui, malgré ses défauts et faiblesses, fort nombreuses et fort bien expliquées dans le livre. En effet, l'auteur tente de dresser un portrait le plus fidèle possible du diplomate, en essayant donc de faire le tri entre les rumeurs et la vérité historique, qu'il s'agisse de ses qualités comme de ses défauts. C'est plutôt très bien fait.
Dans tous les cas, on ne peut absolument pas douter du fait que Talleyrand a été un immense homme d'Etat et un visionnaire souvent. Ce qui m'a le plus impressionnée c'est sa vision de l'Europe. Il a toujours voulu et agi pour atteindre un objectif: la paix en Europe car selon lui c'était la condition pour que la France s'épanouisse vraiment. Je le cite “On a appris enfin que la véritable primatie, la seule utile et raisonnable, la seule qui convienne à des hommes libres et éclairés, est d'être maître chez soi, et d'avoir pas la ridicule prétention de l'être chez les autres. On a appris, et un peu tard sans doute, que, pour les Etats comme pour les individus, la richesse réelle consiste non à acquérir ou envahir les domaines d'autrui, mais bien à faire valoir les siens.”

Le livre est en tout cas très bien documenté. J'ai particulièrement apprécié les nombreuses citations qui illustrent très souvent le récit de l'auteur. Les citations proviennent de Talleyrand lui-même bien sûr – et c'est un plaisir de lire ses réflexions et conversations qui montrent un esprit libre, drôle, moqueur parfois mais toujours subtil – mais aussi d'autres personnages qui l'ont côtoyé de près et de loin, tels que sa nièce et maîtresse Dorothėe, duchesse de Dino, ses bons amis mais aussi de certains de ses plus farouches opposants comme le fameux Chateaubriand.
Voici un exemple, parmi tant d'autres : “Plus tard, Wellington aimera citer en la trouvant “parfaitement diplomatique” sa réponse à quelqu'un qui lui demandait à l'issue d'une conférence longue et inutile, ce qui s'y était passé: “Mylord, il s'est passé trois heures.”

Autres exemples provenant du livre de Stéphane Bern, le bel esprit de l'Histoire:
“Ne suivez jamais votre premier mouvement, car il est le bon.”

En 1808, se tint le congrès d'Erfurt réunissant Napoléon et le tsar Alexandre Ier de Russie. Pour encourager le tsar à tenir tête à Napoléon, Talleyrand lui glissa ces mots: “Sire, la Russie a un peuple de barbares et un prince civilisé. La France a un peuple civilisé et un prince barbare.”

On raconte qu'une femme fort laide avait un jour reproché à Talleyrand:
“- Il paraît, monsieur, que vous vous êtes vanté d'avoir obtenu mes faveurs.
– Oh non, madame, sûrement pas vanté, accusé peut-être.”

Parlant de Chateaubriand qui devenait sourd et s'était écarté de la vie politique française, Talleyrand eut ce mot: “Il croit qu'il devient sourd parce qu'il n'entend plus parler de lui.”

Je vous conseille donc ce livre si vous êtes intéressé par le personnage. Vous aurez un portrait fidèle, nuancé et complet d'un personnage haut en couleurs et qui fait partie sans conteste des plus grands hommes d'Etat de l'histoire de France.
Lien : https://leshistoiresdesympho..
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