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Critique de indira95


L'auteur de roman lesbien le plus populaire d'Angleterre nous revient avec (comme c'est étonnant), un récit ayant pour thème l'amour entre deux femmes au lendemain de la 1e guerre mondiale (je vous avais dit que vous alliez être étonnés ;)). D'un autre côté, c'est son truc à Sarah Waters et elle le fait bien ; donc pourquoi chercher la petite bête ?  

Nous quittons l'ère victorienne, ses corsets oppressants, ses froufrous affriolants, pour débarquer dans un Londres encore marqué par les affres du 1er conflit mondial. Les Tommies ont versé beaucoup de sang dans les tranchées et le traumatisme est prégnant dans chaque couche de la société. Néanmoins, la perfide Albion tente de se reconstruire tant bien que mal et même si les temps sont durs, le courage de ses habitants inspire le respect. Frances fait partie de ses femmes qui ont perdu beaucoup : ses deux frères, pivots de la famille, sont tombés pour la patrie; les finances sont au plus mal et en 1922, une femme qui travaille pour gagner sa croûte, n'est pas encore inscrit dans les moeurs. C'est encore plus dur quand on a connu l'opulence dune vie bourgeoise, avec domestiques et le tout le tralala. Pour survivre, sa mère et elle sont contraintes de louer une partie de leur bourgeoise demeure à un jeune couple marié. le choc des classes est immédiat : entre une Frances, fruit de l'éducation victorienne, sa mère, matrone du XIX siècle et les locataires, pur produit de la classe populaire londonienne, on ne pouvait pas rêver plus dissonant.  

Et pourtant, entre la discrète Frances (qui cache bien son jeu d'ancienne suffragette lesbienne) et Lilian, la jeune épousée fantasque et un brin superficiel, c'est l'attirance immédiate et nos deux héroïnes commettent l'adultère. Derrière la porte, un désir fou sourd et emporte tout sur son passage (je vous passe les détails sur les scènes d'amour émaillées de ci de là pour ajouter du piquant à notre intrigue). 

Autant les deux premiers romans de Sarah Waters m'avaient conquises, parce qu'ambiguës et romanesques au possible, autant ce dernier opus manque de souffle et m'a paru fastidieux. Les personnages sont attachants pourtant, surtout Frances, animal pris dans le carcan d'une époque qui refuse aux femmes le droit d'être qui elles veulent, alors qu'elles ont connu un brin de liberté quand les hommes étaient au front.  

Le fond du roman est intéressant et c'est bien la forme que je déplore. A force de vouloir instaurer de la tension sexuelle et narrative et de les mener à leur paroxysme, Sarah Waters a interminablement étiré son récit, ce que j'ai trouvé inutile et finalement contre-productif. La dernière partie du roman, censée être le clou dramatique, n'a pu sauver l'ensemble. Dommage. Si j'ai un conseil à donner et si vous ne connaissez pas encore Sarah Waters, ce serait de ne pas commencer avec ce roman. Vous risqueriez de passer à côté de son meilleur. Quant aux autres, si vous pouvez vous passer de celui-ci, faites-le. 
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