The Little Stranger (2018) - Bande-annonce Officielle HD
S'il y a bien une chose dont l'artiste doit se garder scrupuleusement dans son travail, c'est l'hésitation. L'hésitation mène tout droit à la faiblesse, et la faiblesse a fait échouer de plus grands desseins que les nôtres.
La rareté de l'objet dépend du désir qui anime le coeur qui le recherche.
-Un livre ne dure-t-il pas tout autant ?
-Autant que durent les mots, oui. Mais il y a dans une photographie quelque chose qui dépasse les mots, qui dépasse même les bouches qui les prononcent. Une photographie mettra le feu aux sens d'un Anglais, d'un Français, d'un Hottentot. Elle nous survivra à tous pour allumer le même feu chez nos petits-fils. Elle est un objet transcendant à l'histoire.
-Un objet englué dans l'histoire ! proteste mon oncle. Perverti par l'histoire qui l'offusque comme un écran de fumée ! Cela se voit à la façon dont une mule épouse le pied, à la coupe d'une robe, au style d'une coiffure. Donnez des photographies à votre petit-fils: il y verra une curiosité pittoresque. Votre moustache cirée le fera rire ! Mais les mots, Hawtrey, les mots - hein ? Ils nous séduisent dans le noir, et l'esprit de chacun les revêt de chair et d'habits à sa guise.
-Après tout, mon opinion n'a rien de choquant. Cela concerne votre... votre sexe et les arts. À mon avis, Mademoiselle Lilly, il y a quelque chose qui manque à votre sexe.
-Quoi donc, Monsieur Rivers ?
[...]
-La liberté dont dispose le mien.
En général, le murmure ne sied guère à l'organe masculin - la voix de la plupart des hommes se fausse, détonne, résiste mal à l'envie de sonner plus fort - la sienne cependant sait se mettre une sourdine, jouer des mots couverts, tout en conservant sa limpidité, telle une note de musique.
Je ne désirerai jamais un amant plus que je ne désire la liberté.
Les dames avaient sorti leurs diamants. Elles portaient des gants vénitiens, montants et moulants, comme si elles venaient de plonger les bras jusqu'aux aisselles dans une grande jatte de lait.
" Quand je la vois, c'est comme... Je ne sais pas comment te le décrire. Comme si j'ouvrais les yeux pour la première fois. Je me sens comblée, comme un verre de vin qui se remplit. Je regarde les autres, avant, mais ce n'est rien, de la poussière. Alors, quand elle fait son entrée... Elle est tellement jolie, et son costume est tellement coquet, et elle a une voix si tendre... Je souris malgré moi, et en même temps j'ai envie de pleurer. Quand je la vois, ça me fait mal, là... "
Je mis la main sur ma poitrine, entre les seins. Ma voix n'était plus qu'un murmure tremblotant qui finit par me manquer tout à fait.
" Je n'ai jamais vu une fille pareille. Je ne savais même pas qu'il y avait des filles comme elle... "
A ma manière, je suis un gredin, et il n'y a personne que je comprenne aussi bien que mes semblables. Votre oncle en est, et de la pire espèce, car sa gredinerie est confinée au cadre domestique, où elle passe pour un caprice de vieillard. Ne dîtes pas que vous l'aimez, ajoute-t-il rapidement en me voyant prête à parler. Ne vous souciez pas des bienséances. Vous êtes au dessus de tout cela, je le sais. C'est pourquoi je me suis permis de me présenter ainsi chez vous. Vous et moi, nous nous dictons nos propres lois, nous ne respectons celles des autres que dans la mesure où cela nous arrange.
Il y a trop de nouveaux livres qui paraissent et qu'il faut ajouter aux anciens, trop de livres perdus à redécouvrir, trop d'incertitude partout.