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Citations sur Gengis Khan et les dynasties mongoles (3)

Avant même d’être pubère, il avait déjà noué les deux relations les plus importantes de son existence, en jurant amitié et allégeance éternelles à un garçon légèrement plus âgé que lui – ami intime durant sa jeunesse avant de devenir à l’âge d’homme son ennemi le plus acharné –, et en s’engageant avec la jeune fille qu’il aimerait toute sa vie et qui deviendrait grâce à lui la mère de futurs empereurs. Cette double prédisposition à l’amitié et à son contraire, forgée dans sa jeunesse, persista sa vie durant et
finit par devenir l’un de ses traits caractéristiques. Les affres de
l’incertitude relative aux questions d’amour et de paternité nées à
la lueur vacillante du foyer familial ou du mystère d’une couverture partagée furent ainsi projetées sur la vaste scène de l’histoire. Ses objectifs personnels, ses désirs et ses craintes déferlèrent sur le monde.
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Le jeune garçon qui allait devenir Gengis Khan grandit dans un environnement tribal d’une violence extrême, avec son lot quotidien d’assassinats, d’enlèvements et d’asservissement de populations entières. Issu d’une famille que sa tribu avait rejetée et laissée à son triste sort dans la steppe, il n’a probablement pas rencontré plus de quelques centaines de personnes durant toute son enfance, ni reçu d’enseignement classique.

Dans ce contexte difficile, il s’est frotté de manière particulièrement redoutable à toute la panoplie des émotions humaines, notamment le désir, l’ambition et la cruauté.
Enfant, il tua son demi-frère plus âgé avant d’être capturé et réduit à l’esclavage par une tribu rivale, à qui, pourtant, il parvint à échapper.
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En 1937, l’« âme » de Gengis Khan disparut d’un monastère bouddhiste du centre de la Mongolie, situé à proximité de la rivière de la Lune, au pied des monts Shankh, où avec vénération les fidèles lamas veillaient sur elle depuis des siècles. Dans les années 1930, en effet, les hommes de Staline exécutèrent une trentaine de milliers de Mongols au cours d’une série de campagnes contre leur culture et leur religion. Les troupes soviétiques détruisirent les monastères les uns après les autres, fusillant les moines, violant les nonnes, brisant les objets sacrés, pillant les bibliothèques, brûlant les écritures et rasant les temples. On raconte qu’un quidam sauva l’objet matérialisant l’« âme » du grand Khan pour le mettre en sécurité dans la capitale, Oulaan-baatar, où l’on finit par en perdre la trace.
Les guerriers nomades ont pourtant traversé les siècles en arpentant les vastes steppes herbues de l’Asie intérieure derrière leur süld, bannière symbole des esprits gardiens constituée d’un assemblage de crins tirés de la queue des meilleurs étalons et montés sur la hampe d’une lance, juste en-dessous du fer. Chaque fois qu’il installait son camp, le chef guerrier plantait la bannière à l’entrée pour révéler son identité et se poser en gardien perpétuel. Le süld flottait toujours à l’air libre sous l’Éternel Ciel bleu, divinité des Mongols. Balloté par la brise qui soufflait presque en permanence, les longs crins captaient le pouvoir du vent, du ciel et du soleil, en canalisant la puissance de la nature pour la transmettre au guerrier. Le vent dans les crins nourrissait ses rêves et l’encourageait à suivre sa destinée. Le flottement l’attirait sans cesse vers d’autres lieux où trouver de meilleurs pâturages, exploiter de nouvelles possibilités, vivre d’autres aventures, se forger son propres destin. L’union entre l’homme et sa bannière spirituelle devenait si fusionnelle qu’à sa mort, disait-on, les crins de cheval étaient les dépositaires éternels de l’esprit du guerrier. Tout au long de sa vie, le süld symbolisait sa destinée ; à sa mort, il incarnait son âme. Le corps physique était vite abandonné à la nature et à ses œuvres, mais l’âme vivait à jamais dans ces quelques touffes de crins, source d’inspiration pour les générations futures.
Gengis Khan possédait deux sülds, l’un à crins blancs pour les temps de paix, et l’autre tiré d’une queue-de-cheval noire pour conduire ses hommes à la guerre. La bannière blanche disparut assez vite après lui, mais la noire demeura, dépositaire de son âme. Pendant des siècles après sa mort, le peuple mongol continua à honorer son chef à travers ce symbole. Au XVIe siècle, l’un de ses descendants, le lama Zanabazar, fit édifier un monastère pour honorer et protéger la bannière étendard. Bravant orages et tempêtes de neige, invasions et guerres civiles, plus d’un millier de moines bouddhistes de la secte thibétaine des Bonnets jaunes (Gelugpa) s’en constituèrent les gardiens. Face aux politiques totalitaires du XXe siècle, ils ne pesèrent pas lourd et finirent massacrer. La bannière disparut.
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