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Critique de ComptoirDesConnaissances


Encore une fois, ce roman est publié par la maison d'édition Inceptio, mais pour la première fois, il ne s'agit pas d'un roman de SFFF puisqu'il est catalogué comme « fiction générale ». Cette expression est très peu spécifique car la grande majorité des romans sont des fictions, mais je comprends la difficulté de genrer un tel livre. Aujourd'hui, nous pourrions dire qu'il appartient aux romans contemporains, mais je n'aime personnellement pas cette étiquette et c'est la raison pour laquelle je dirai qu'il appartient plutôt aux récits d'apprentissage. Tout au long de ma lecture, j'ai en effet pu constater que l'apprentissage était vraiment au centre du roman. Malgré tout, je n'ai pas l'habitude de lire ce type de récit, à part dans les romans du XVIIIe et XIXe siècle.

L'unité des couvertures se trouve dans la couleur jaune. Ce n'est pas non plus une couleur que j'ai l'habitude de voir dans ma bibliothèque, celle-ci contenant en majorité des romans de SFFF, car les codes couleurs et la structure des couvertures sont complètement différents. le titre A walk on the white side peut évoquer une tentative de devenir une meilleure personne, de se ranger du bon côté, celui de la lumière, ce qui est raccord avec l'idée d'apprentissage. Cependant, le peu d'informations données par la quatrième de couverture m'a mise sur la mauvaise route : je pensais classer ce livre avec tous les récits mettant en scène un(e) lycéen(ne) qui se cherche et tente de nouvelles expériences, mais dès les premières pages, j'ai appris que Solveig, ainsi que les autres protagonistes, avaient entre vingt-cinq et trente ans. Ainsi, ce n'est pas tant les couvertures qui m'ont attirées dans ce roman mais beaucoup plus la maison d'édition en qui j'ai confiance.

Tout d'abord, j'aimerais préciser que je suis étonnée d'avoir autant apprécié ce roman, alors que son genre ne fait pas du tout partie de mes genres de prédilection. Je m'attendais davantage à une lecture plate, mais la façon dont l'autrice l'a écrite la rend dynamique. Cependant, j'ai d'abord eu du mal à rentrer dans le roman, en restant dubitative les trente premières pages, probablement car ce livre me sort énormément de ma zone de confort. Grâce aux dates annoncées dans les titres des chapitres, nous comprenons très vite que le prologue fait partie du futur des personnages. Mais ce prologue n'apporte qu'une seule chose : la présence d'une ombre silencieuse aux côtés de Solveig. Je suis d'accord que du suspens accompagne ce premier chapitre, mais je doute que le lecteur en ait réellement besoin. Ensuite, je n'ai pu rentrer dans le roman qu'à partir du déménagement de Solveig et de l'apparition du personnage d'Erick. C'est grâce à lui que j'ai pu apprécié l'humour apporté par l'autrice. Mais à partir de ce moment-là, ma lecture est allée très vite, absorbée par les péripéties.

L'élément déclencheur du roman est en premier lieu la séparation de Solveig et Erwann, puis la mort d'Erwann. le groupe d'amis prend alors conscience de leur situation et cherchent davantage de stabilité dans leur vie. le décès entraîne un grand nombre de révélations au sein des amis, qui chamboulent et morcellent le groupe. J'ai beaucoup apprécié cette complexité entre tous les personnages différents, qui vivent leur propre vie chacun sans que le personnage principal, Solveig, soit l'origine de toutes les décisions. de nombreux secrets sont révélés au grand jour petit à petit et toujours au bon moment, tout en ayant tous leur période de développement où leur importance grandit. Grâce aux différentes intrigues secondaires, je n'ai pas pu m'ennuyer en lisant ce roman.

Cependant, j'ai recommencé à être dubitative peu de temps après les premières disparitions, alors que les scènes où l'étrange s'invite sont de plus en plus nombreuses. Les personnages se retrouvent bloqués dans un brouillard épais et perdent peu à peu leurs moyens moteurs. Pendant longtemps, j'ai cru que ce n'était qu'une illusion due à l'ivresse de Solveig qui imaginait des scènes, ou pour n'importe quelle autre raison, mais finalement non, c'était vraiment un élément fantastique amené de façon (je trouve) trop irrationnelle. Malgré tout, je ne peux pas classer ce roman parmi les romans fantastiques car c'est un aspect que je n'accepte pas. Je ne suis pas rentrée dans cet dimension de l'univers de l'autrice.

Il me semble que le nom de la ville n'est jamais mentionné dans le roman, projetant ainsi les personnages dans une France anonyme. Cela a également pour effet d'augmenter la proximité entre les personnages et le lecteur car les personnages ne sont pas cloisonnés dans une ville bien précise. En revanche, chaque chapitre permet de situer dans le temps les différentes péripéties. Ainsi, l'intrigue dure une année entière, entre le 11 février 2019 et le 13 février 2020, avec seulement un épilogue quatre ans plus tard en 2024. le roman prend clairement place dans notre monde dont nous connaissons déjà les difficultés de la vie et les technologies qui n'ont pas besoin d'être expliquées.

Ce que vivent les personnages peut être vécu par tout le monde. A walk on the white side met en scène des amis, comme n'importe quel groupe d'amis pourrait être en vrai. Il retranscrit la réalité de la vie, dans sa virtualité et dans le besoin de chacun d'oublier ses soucis. C'est notamment en cela que ce roman est bien plus facile à lire que n'importe quel roman fantastique ou d'aventures non contemporaines. le lecteur n'a aucun effort à fournir pour comprendre la langue parlée ni l'univers du travail ni les divers moyens technologiques utilisés.

Ce roman présente peu de personnages, seulement le groupe d'amis de Solveig ainsi que deux inconnus que sont Erick et Kristin. Mais grâce au développement effectué sur chacun d'entre eux, le lecteur peut facilement s'identifier à un des personnages, selon son propre vécu. Ainsi, parmi les personnages principaux et secondaires, nous retrouvons Solveig, Erick, Elise, Camille, Simon, Baptiste, et Kristin la soeur d'Erick. En revanche, il n'y a pas réellement d'antagoniste, si ce n'est Solveig envers elle-même. Mais malgré ce petit nombre de personnages, ils ont tous une grande place dans le roman, et je pense qu'il aurait même fallu bien plus de 300 pages pour que je sois rassasiée de les rencontrer. Ils ont tous une caractéristique qui les différencie des autres, que ce soit un mode de pensée, une obsession, une morale… Ainsi, je ne me suis jamais ennuyée à les rencontrer les uns après les autres au fil des chapitres.

Une fois n'est pas coutume, car dans ce roman, presque tous les personnages évoluent de façon individuelle. Évidemment, étant un récit d'apprentissage pour Solveig, celle-ci doit forcément évoluer entre le début et la fin. Mais les autres personnages gagnent eux aussi en changement, et la majorité en maturité. C'est un plaisir de voir des personnages qui, au début du roman, enchaînaient les erreurs, que ce soit des maladresses envers leurs amis ou des actions effectuées sur un coup de tête, et qui grandissent au fur et à mesure de l'avancée de l'intrigue, jusqu'à se rendre compte de leurs erreurs.

Ce que j'ai également particulièrement apprécié dans ce roman sont les relations entre les personnages qui sont toutes très compliquées mais qui étoffent énormément le roman et permettent d'approfondir chaque personnage à tour de rôle. Les personnages ne sont pas tous parfaitement liés les uns aux autres selon des stéréotypes communément utilisés, ils ont des passés différents, des relations plus ou moins fortes, seulement amicales ou amoureuses… En bref, chaque personnage entretient avec un autre une relation unique qui rend de la même façon le personnage unique.

Comme pour chaque livre que je trouve entre mes mains, je me suis posée la question de l'origine du titre. Pourquoi avoir choisi l'anglais ? Pourquoi un tel titre ? Et pour mon plus grand bonheur, le roman nous fournit une réponse à ces questions. Ainsi, le début du récit nous révèle que le titre provient du mélange de « The White Side », le nom du carnet que trouve Solveig, et de « Walk on the Wild Side », une chanson de Lou Reed. Je trouve la symbolique plutôt intéressante.

Au bout du deuxième chapitre, nous nous rendons compte qu'en plus d'avoir un narrateur à la première personne écrivant au présent, celui-ci change à presque toutes les scènes, pour varier les points de vue entre tous les personnages. Ce choix peut diviser, mais ayant lu des romans qui utilisaient beaucoup moins bien ce changement de narrateur, cela ne m'a pas dérangée, surtout que ça a permis de donner une importance à chaque personnage et ainsi de les approfondir en douceur. L'autrice a également fait le choix (que j'apprécie) de retranscrire les sms et les mails visuellement. J'aime beaucoup cette façon moderne d'appréhender les différents moyens de communication et de les exploiter dans un livre.

En plus de ça, l'autrice a apporté au roman son humour et sa franchise, lui donnant une véritable identité que j'ai tout particulièrement apprécié. La maison d'édition Inceptio a également mis sa patte dans l'ouvrage, que nous reconnaissons facilement à l'écriture addictive et à un quelque chose de très agréable qui se remarque dès les premières pages.

Points positifs :
– l'humour
– le développement des personnages
– la présence d'une véritable conclusion

Points négatifs :
– l'aspect fantastique

Lien : https://comptoir-des-connais..
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