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Critique de gromit33


Lu dans le cadre du challenge 68premièresfois. Voici donc la lecture d'un premier roman, francophone, puisqu'il s'agit d'un auteur d'Haïti. Je suis une lectrice assidue de la littérature de ce « petit » pays francophone, suite à un très bel hommage à des auteurs de ce pays lors d'escales du Livre de Bordeaux ; je lis donc régulièrement les livres de Lyonel Trouillot et d'autres auteurs haïtiens (Dany Laffériere..) ou d'ouvrages sur l'histoire de ce pays (j'avais beaucoup apprécié la lecture de la trilogie sur Toussaint Louverture de l'auteur, Madison Smartt Bell). Ce premier roman nous parle de la vie d'une famille qui essaie de survivre. Roman polyphonique, l'histoire nous est racontée à plusieurs voix : celle de la mère et du père. Avec une écriture proche du réel et avec quelques envolées poétiques, l'auteur va nous décrire la vie difficile des habitants de quartiers périphériques et qui survivent grâce à des petits boulots. le père travaille sur les chantiers et la mère est « brasseuse » sur les marchés. Brasser signifie vendre des petits produits, du tissu, par exemple. Ils ont ensemble quitté leur village car leur amour n'était pas accepté par leurs parents. Ils vont tenter d'élever leurs cinq enfants. « Pourquoi enfanter nous condamne à la misère ? Un acte qui procure autant de joie aux parents. Pourquoi nos enfants doivent souffrir ? Pourquoi le monde n'est pas partout pareil ? Pourquoi utilise-t-il ce moyen atroce pour sauver ma famille du péché. » (p129). Babette, l'aînée, belle enfant et qui va à l'école, va être remarquée un jour au bord de la route par Monsieur Erickson. Celui-ci est le patron d'un grand magasin à Port au Prince, marié, il va installer la jeune fille dans un appartement. Les parents vont alors nous raconter la descente aux enfers de leur enfant, alors qu'au début, cela aurait pu être une belle histoire de « Cendrillon ». Nous allons alors en apprendre un peu plus sur la vie actuelle et passée de ce pays. Un pays occupé par les ONG, qui viennent pour « aider » la population, un pays grevé par la corruption politique et économique. Ce texte est très fort car il nous entraîne dans l'esprit de cette mère qui essaie de comprendre. Nous sommes à la fois dans la dure réalité et quelquefois dans des songes, des espoirs de vie meilleure. L'auteur nous décrit la vie quotidienne de cette famille mais aussi les espoirs et les espérances de ce pays, qui a été malmené et qui l'st encore par la nature (ouragan, tremblement de terre), mais aussi par un climat politique instable ( des dictatures, des espoirs de démocratie, des espérances d'aides internationales, attente des millions promis par les états Unis par exemple après le dernier tremblement de terre. Mais il nous parle tout de même d'espoir et d'amour. Un premier roman très noir mais un texte qui interpelle avec une belle écriture : nous nous retrouvons dans les rues de ce pays, dans les bars où le père passe ses soirées pour tenter de colorier sa triste vie, dans le taxi collectif que prend la mère pour rejoindre le marché des brasseurs. . Un premier roman difficile, rude mais dont j'ai apprécié la lecture, grâce à une écriture à la fois réaliste et poétique.
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