On a dit que ce roman était le roman de la défaite, l'histoire des vaincus. Il érige un monument à leur mémoire, mais il ne se contente pas de constater la fuite. Il ne se contente pas de la fin des combats tels que les représente la frise de l'autel de Pergame où tout s'achève par la défaite. Les oppositions de classes qui, dans l'histoire, ont facilité l'arrivée au pouvoir du fascisme et rendu nécessaire la résistance contre lui, ne sont pas abolies. Peter Weiss esquisse dans ce livre la vision d'une esthétique dont l'instance la plus foret est la qualité d'imaginer de l'individu ; cette force de l'individu ne saurait se contenter de trouver un refuge dans l'art, le lieu de sa réussite est la réalité quotidienne des lecteurs de ce livre. Rien n'est donc terminé une fois le livre fermé, tout est donné à faire.
Hannes Goebel et Éliane Kaufholz-Messmer, Lire L'esthétique de la résistance