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Critique de Gwen21


Voilà, ça c'est de la biographie !

J'aime particulièrement l'écriture directe et objective d'Elisabeth Weissman. Journaliste et essayiste diplômée de Sciences Po, elle s'intéresse à son sujet sous l'angle des faits et des actes et elle ne s'est pas entichée du personnage dont elle retrace le destin au point de lui prêter des sentiments ou des pensées subjectifs et invérifiables.

Alors, forcément, c'est court et direct, moins de 100 pages.
Mais du coup, c'est bon ; ça se dévore en deux heures.
C'est un peu comme regarder un documentaire sans avoir l'image. L'image ? mais on s'en balance de l'image, si vous me passez l'expression. On la connaît notre Coco ! Chanel, on la trouve en chaque femme qui a compris que simplicité était jumelle d'élégance ; en chaque femme qui a acquis le bon goût de la sobriété pour mieux faire briller sa personnalité plutôt que ses bracelets.

Gabrielle... une égérie pour moi depuis toujours. Cette femme pourtant dure comme la lame d'une épée, associable, rude jusqu'à la violence caractérielle et dont la froideur apparente décourage l'affection fut pourtant une femme au destin hors du commun. Née de rien, elle arriva à tout.

Sa créativité ne fut pas égoïste.
Toute sa vie, elle pensera aux femmes, elle cherchera à les libérer, à leur rendre ce corps longtemps enfermé, malmené et étouffé entre les baleines et les gaines, comme le signe tangible de leur soumission aux hommes, pour qu'elles en jouissent dans chacun de leurs mouvements. Chanel a fait plus que créer une mode, elle a créé la femme moderne.

Le corset jeté par-dessus les moulins, c'est elle.
Le pantalon, c'est encore elle.
La jupe au genou, c'est toujours elle.
Les accessoires, c'est incontestablement elle.
Les bijoux fantaisie, c'est plus que jamais elle.
Le sac à main, c'est inspiré d'elle.
La petite robe noire, c'est signé d'elle.
L'imperméable, c'est évidemment elle.
Le tailleur, c'est définitivement elle !

L'élégance, c'est Chanel.

Avec une sobriété et une élégance que n'aurait pas reniées Mademoiselle, l'auteur nous propose un panorama complet et non romancé d'une existence totalement modelée par l'effort, la ténacité, la volonté, le talent, la chance et... les épreuves.

En effet, la chance et la malchance, toujours, ont écartelé entre leurs mains cette grande dame en noir et blanc. Orpheline, pauvresse, chanteuse ratée, maîtresse entretenue... les rêves d'ascension semblent longtemps inaccessibles. Pourtant, le destin veille et transformera dans une succession de fulgurances la chenille en papillon.

Mais cette métamorphose aura un prix que tout l'argent du monde ne pourra jamais suffire à acquitter. Ce prix, c'est la solitude profonde qui caractérise toute l'existence de la modiste. Solitude de l'orpheline, solitude du coeur, solitude de la femme stérile, solitude de l'incomprise, solitude de l'entêtée...

Gabrielle a bâti un empire, d'abord pour se prouver à elle-même qu'elle valait quelque chose, ensuite pour prouver aux autres qu'elle valait mieux que ce qu'ils croyaient d'elle. Elle a montré une voie nouvelle à la Femme dans son universalité, elle l'a rendue forte, insoumise, libre et cependant irrésistible. Elle a gagné son pari sur la vie ; elle a engendré non pas un enfant mais des milliers à qui léguer son patrimoine.

Un tel héritage mérite bien qu'on lui laisse le mot de la fin : "Une définition de l'élégance ? Les femmes sont toujours trop habillées, mais jamais assez élégantes". Plus qu'une définition, une devise, un style.



Je remercie Babelio pour cette belle découverte dans le cadre de Masse Critique.
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