« Il y avait la manucure, la pédicure, maintenant, il y a la vanicure. »
En somme, plus les pères passent de temps avec leur enfant, plus leur cerveau libère de l’ocytocine. Tout comme les mères. Autre fait intéressant, la prolactine – hormone plus connue chez la mère car intervenant dans le processus de fabrication du lait – apparaît aussi chez l’homme. Une étude de 2002 a montré des niveaux de prolactine plus élevés chez les pères en réponse aux pleurs de leur enfant. S’il faut évoquer la biologie, autant le faire de façon complète, et non tronquer cette réalité à des fins de domination masculine. (p. 184)
Les douleurs liées aux règles sont par exemple largement sous-estimées et il existe cinq fois plus de recherches sur la dysfonction érectile qui touche 19 % des hommes que sur le syndrome prémenstruel qui touche 90 % des femmes. (p. 64)
Le corps et l'expérience post-partum terrorisent notre société. Ils débordent, ils sont discordants, ils heurtent les structures de la domination masculine, ils menacent d'en dévoiler le secret, de jeter une grande ombre sur ces représentations idylliques fallacieuses. (...) Peu informées, sans ancrage, images ou discours familiers auxquels se raccrocher, les futures mères sont ballottées au gré de leurs émotions confuses et parfois dévastatrices. (...) Elles se vivent alors comme anormales, incomprises, aliénées. (CONCLUSION, p.190-191)
À présent, je vous invite à ne plus garder le silence, qu'importe la réception de nos voix, qu'importe la censure que l'on y apposera. Ceci est notre post-partum, et nous refusons le droit à nos sociétés d'en détourner les yeux plus longtemps.
Mais qu'est-ce que la dignité ? Garder le silence ? Accepter sa destinée sacrificielle de femme et a fortiori de mère ? Qu'est-ce qu'être digne ? Subir constamment sans jamais exprimer sa douleur ou son ressenti ? Accepter de rester dans l'ombre, de se plier au mutisme pour rester correcte, convenable ? Si tel est le prix de la « dignité », je préfère être indigne.
D'aucuns rétorqueront que le corps de la femme est « naturellement » conçu pour procréer. Certes, il en a les capacités (pas toujours), mais il a aussi les capacités de se jeter d'un pont, de pratiquer la danse classique à haut niveau ou d'être projeté sur la Lune et ne le fait pas nécessairement.
Je pars du principe simple que le savoir est un pouvoir. Une femme bien informée est une femme libre. L'idée ici est de mieux prévenir les difficultés pour les mères et surtout de les normaliser pour que cette expérience soit vécue le plus sereinement possible. Il n'y a rien de plus effrayant que de vivre une expérience douloureuse et transformatrice tout en ignorant ses manifestations.