Le privé est sacré, telle pourrait être la maxime traduisant actuellement les rapports privé/public en France. La police est d'ailleurs souvent gênée pour intervenir. "On se fait souvent rembarrer y compris par la femme" explique un responsable. La sacro-sainte famille à droit au respect de son intimité. Le droit de la famille est prévalent sur le droit des femmes.
Que l'on invoque son non-sens, son inintelligibilité, ou bien des explications biologiques hormonales ou musculaires, voire astrologiques ; ou que l'on démontre son usualité, sa transversalité à l'ensemble de la vie sociale, la violence apparaît dans les discours : normale, naturelle, facile. C'est un élément du mythe sur la violence domestique. Dans de nombreux discours, ce n'est pas tant la violence qui est perçue comme naturelle que ce qui la légitime : la différence des sexes.
[...] à l'écoute des hommes violents, quand on compare leurs propos et ceux de leurs compagnes, on réalise qu'ils / elles ne parlent pas toujours des mêmes choses. Lorsqu'un homme dépasse les attitudes de premières défenses, il peut définir plus de violences que sa compagne n'en a repérées ; il explique comment les violences ont commencé avant qu'elle ne s'en aperçoive. On entend ainsi, à travers les multiples histoires de vies, les constructions sociales du masculin et du féminin : on ne naît pas homme, ni homme violents, on le devient, pourrait-on dire en paraphrasant Simone de Beauvoir.
L'alcoolisme n'est pas une des causes principales de violence. L'alcool peut être le révélateur ou accentuer la violence, mais il n'en est pas à l'origine.
"Tous les hommes violents, se ressemblent, disait un accueillant de Montréal, non pas dans leur physique, ou leur discours, mais dans le type de problématique qu'ils développent face à la violence." "Hommes violents" et "femmes battues" sont des produits sociaux de la marche vers l'égalité des sexes. Une intervention sur cette problématique nécessite de tenir compte de l'aspect anthropologique de son apparition, de sa légitimation, de sa structuration et notamment de la place centrale qu'occupe le mythe de la violence masculine domestique.