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Critique de Bastien_P


Ça grouille mais ça brasse de l'air

Des années que j'entendais “Les Fourmis” par ci, “Les Fourmis” par là. On m'a offert la trilogie, je n'avais donc plus d'excuses… Depuis longtemps je sentais l'entourloupe, la vaste fumisterie, mais bon, il faut toujours se faire son propre avis. Avec Werber, c'est toujours documenté, ouais, c'est son métier, mais assez inégal au fil de sa bibliographie. J'ai trouvé certains de ses livres géniaux, uniques, et d'autres franchement bâclés. Ici c'est plus mitigé.

Tout d'abord, les éditeurs, non ! Arrêtez de scinder des histoires quand ça n'a pas lieu d'être. Merde ! Quand un auteur vous propose UN roman, et pas trois, c'est parce qu'il l'a conçu tel quel. Vous ne vous faites pas assez de blé sur leur dos pour vouloir pousser le vice mercantile encore plus loin ? Sérieusement, ce premier tome est à peine un prologue, il ne s'y passe presque rien et ça sent le vide dans chaque recoin des galeries.
La seule chose qui fait tenir le tout est l'énorme travail documentaire de l'auteur. Là, je m'incline. Quelle passion et quelle patience faut-il déployer pour compiler ces données entomologiques ! Respect. La partie journalistique est donc parfaitement exécutée, et les informations distillées au fil du texte suscitent un intérêt constant pour le sujet. J'ai beaucoup aimé.
Évidemment, quelques libertés et fantaisies quant aux actes et aux pensées prêtées aux insectes, il faut bien romancer un peu leur vie pas si trépidante, l'agrémenter d'un peu de suspense, d'intrigue artificielle. Mais ça passe, ce n'est pas là que ça pèche.

A mon sens, la partie humaine de ce tome 1 est accessoire. Hormis à la fin où Werber révèle tout d'un bloc, les 90% du roman ne sont que stagnation et dialogues qui tournent en rond. Là encore, exigence d'éditeur ; il paraît qu'un simple récit autour des fourmis n'aurait intéressé personne. Ce choix est absurde et vient dénaturer l'histoire principale. Personnages creux, sans vie, manque cruel de réalisme… Vraiment dommage. Ces scènes annexes lui permettent certes d'introduire son Encyclopédie, mais bon, encore eût-il fallu que celle-ci viennent réellement étayer le propos, à point nommé, et non tomber comme un cheveux sur la soupe à la fin de telle ou telle partie. de temps en temps, ces apports scientifiques, sociaux ou historiques coïncident avec l'histoire, mais cela reste assez rare.
L'auteur excelle à nous faire partager sa vision d'un univers, il aurait dû se concentrer là-dessus. Car oui, l'organisation de la cité fourmi est géniale, on comprend et visualise tout, les rôles, les enjeux, leur écosystème précaire, la longévité de l'espèce, leurs ambitions, leurs forces et leur fragilité aussi… J'ai vraiment aimé.

Il m'a toutefois manqué cette portée philosophique qui m'avait tant plu dans la pentalogie des Anges et des Dieux. Un univers copieux, une cosmogonie originale et des réflexions certes faciles, mais souvent profondes, essentielles même, amenées avec une aisance déroutante.
Les Fourmis manque cruellement de densité, ce qui me fait espérer que les autres tomes apporteront un peu d'eau dans les canaux souterrains. Pour le moment, je ne ressens pas l'envie de poursuivre. Dans quelque temps, peut-être, lorsque j'aurai à nouveau besoin d'une lecture facile.
Lien : https://editionslintemporel...
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