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Critique de Rachelkaposi


THIERRY WERTS
Demain n'existe pas encore
Editions LA TRACE

Je ne connais pas d'histoires simples. Seulement des histoires complexes qu'on parvient, dans le meilleur des cas, à traduire avec des mots simples.
C'est ce que me suggère d'emblée la lecture de « Demain n'existe pas encore » de Thierry Werts qui raconte avec une infinie justesse la relativité des sentiments : l'amour et la haine, la normalité et l'anormalité, l'ordre et le chaos.

L'intrigue du roman se décline autour de trois personnages  : Victoire, la mère, Akemi, le père, Aurore, l'enfant. Un choix de prénoms hautement suggestif, car, s'il est question du chemin de vie allant de l'Aurore au Crépuscule (traduction d'Akemi en Japonais), la Victoire n'est possible que dans l'oubli de la cause du déséquilibre, dans la résolution de ce qui a été à l'origine du désordre, de la souffrance, des existences brisées.

« Victoire se retint d'exploser et rassembla ses forces pour expliquer qu'Aurore avait simplement du mal à structurer ses pensées. Elle suivait un traitement pour cela et il fallait l'encourager, lui donner confiance, et non la rabaisser sans cesse »

Au fil des pages, nous comprenons que la petite Aurore qui nous est présentée au début du livre différente, hors normes, défendue auprès de l'enseignante par une mère désireuse de mettre en avant ses capacités, est une enfant subissant les violences psychologiques de cette même mère. Autour d'elle, pour elle, avec elle, contre elle, va se jouer le drame familial évoqué dans le livre.

« La vie n'est rien qu'un peu d'irrémédiable peine noyée dans un soleil couchant », écrit dans la préface du livre Alain Cadéo.
Et c'est bien de cela qu'il s'agit puisque le roman décrit avec beaucoup de doigté, d'élégance et de concision ces personnes un peu différentes, mais si peu, qui finissent par sombrer du fait de leur incapacité à s'accepter mutuellement.

« Akemi Nadlot n'avait pas fermé l'oeil de la nuit. Cela faisait plusieurs jours qu'il repensait à sa vie d'avant et ça l'obsédait...
… Il distinguait à chaque fois la même silhouette, dans l'épais nuage de fumée, celle du petit personnage qui lui ressemblait, au pied de l'arbre, dans le tableau japonais...
Il entendait sans cesse cette foutue phrase, qui martelait dans sa tête, « tu voulais tant qu'elle disparaisse... Tu voulais tant qu'elle disparaisse... tu voulais tant qu'elle disparaisse.... »

Le ton est juste de part en part, avec une incontestable finesse d'évocation, tant dans la description de la situation de l'enfant placée que dans celle du père en prison. Justesse de ton qui s'explique par la parfaite connaissance qu'a l 'auteur, Thierry Werts, du milieu qu'il décrit, étant lui-même juge spécialisé en matière de protection de la jeunesse, d'homicides et de droit humanitaire.
« Demain n'existe pas encore » est son premier roman.

Rachel
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