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Critique de Irkyno


« Inscrit dans les astres » de Donald Westlake est un livre intéressant à plus d'un titre. Polar écrit en 1969 (année des émeutes de Stonewall, même s'il n'en est aucunement fait mention dans ce roman), on se retrouve à New York sur les pas de Mitch Tobin, ancien flic renvoyé pour faute grave et rongé par la culpabilité pour avoir causé la mort de son collègue. Un jour, Ronald Cornell, un homo quelque peu flamboyant, vient lui demander de l'aider pour trouver le meurtrier de son amant, car la police – et un flic en particulier — a déjà classé l'affaire. Grâce à l'astrologie, Ronald Cornell est persuadé de pouvoir trouver l'assassin ; il a juste besoin de l'aide de Mitch pour accéder à certaines informations.
Voilà en gros le postulat de départ.
Je vais vite passer sur le côté « astrologie ». Si Mitch Tobin n'a pas d'opinion particulière sur le sujet et préfère utiliser son flair et sa méthodologie d'ancien policier, Cornell, de son côté, y croit dur comme fer et il est vrai qu'elle va le mener jusqu'à l'assassin. J'ignore si dans les années 70, l'astrologie était vue comme une source sûre de prédictions, mais le fait qu'on y croit ou non, n'enlève rien à la force de cette histoire qui pour moi, se situe ailleurs ; plus exactement sur l'homophobie assumée de la police et de la justice de l'époque et à sa capacité éventuelle de décider du sort d'autrui.

Tout comme moi, vous pouvez apprécier ce livre à condition de ne pas oublier la période où il a été écrit et le milieu dans lequel on se trouve. Homme d'âge moyen, Mitch Tobin est un blanc hétérosexuel et surtout ancien flic et il admet que même s'il n'a jamais travaillé aux Moeurs, il connaît tout des clichés offensants entourant la communauté homosexuelle new-yorkaise. Ainsi, le portrait qu'il dressera de Ronald Cornell (une grande folle à ses yeux) dès leur rencontre sera pour le moins révélateur de ce qu'on pensait savoir de l'homosexualité à l'époque et du sort parfois funeste qui pouvait frapper tel ou tel membre de la communauté gay. (Beaucoup diront — et avec raison — que de nos jours, les choses ne sont pas roses non plus, mais j'ose croire que dans certaines contrées, l'évolution des moeurs et des mentalités fait et fera son oeuvre.) Mais, et c'est ça qui me fait beaucoup aimer ce roman et son personnage principal, à aucun moment, l'ancien policier ne se montrera méprisant et insultant envers l'homme venu lui demander de l'aide et envers les communautés noires et homosexuelles en général. Ses investigations le conduiront d'ailleurs à fréquenter le milieu homo dont il pensait pourtant tout connaître à travers le prisme déformé de ses clichés, mais sans se départir de son professionnalisme. J'aime aussi beaucoup la façon avec laquelle il fera face au flic homophobe et raciste de l'histoire, toujours conscient des limites imposées suite à son renvoi des forces de l'ordre. Mention spéciale accordée également à l'épouse de Mitch Tobin, car même si sa présence est plus effacée, son rôle n'en est pas moins déterminant, car c'est sa sagesse et son empathie qui pousseront son flic de mari à se lancer sur les traces du meurtrier.

À noter que Donald Westlake a écrit une série consacrée à Mitch Tobin. J'ignore si je lirai les autres volumes, mais pourquoi pas s'il me prend un jour l'envie de me plonger dans des polars résolument « vintage ».

En conclusion, j'ai réellement apprécié « Inscrit dans les astres » que je prends un peu comme un témoignage d'une époque que j'espère révolue, du moins dans certains pays. Un gay actuel y trouvera certainement beaucoup à redire d'où l'importance de bien lire la postface rédigée à la fin du roman.
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