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Critique de gruz


gruz
04 février 2023
Jimmy Stonefire fait un rêve, Comme le vol du boomerang, qui doit l'amener à travers les étendues arides de l'Australie, et en retour changer le monde. Laurent Whale nous raconte une aventure humaine dans cet étonnant et inclassable roman.

L'auteur a l'imagination fertile, une vraie envie de divertir. Et beaucoup de choses à dire et à faire ressentir. A travers un livre singulier, impossible à ranger dans un genre, dans une boite, tant il tient autant du thriller d'action que du roman social.

Le contexte, l'Australie durant les terribles feux de brousse de 2019 qui ont ravagé une bonne partie du pays, tuant des millions d'animaux et engendrant des réfugiés climatiques au sein même du pays, retranchés dans des camps pour fuir les flammes.

Une ambiance d'apocalypse d'un côté, un aborigène rêveur de l'autre. Jimmy n'est pas n'importe qui, docteur en physique des particules, qui a dû prouver sa valeur mille fois plus que les autres pour sortir de sa condition d'homme de couleur.

Mais son envie, sa vision, sont ailleurs. Loin du tumulte, seul dans sa grange, il façonne ce qui pourrait modifier le regard et le peu de considération qu'on porte aux aborigènes dans ce pays. Et même plus loin, oui, changer le monde.

C'est le Bridgestone World Solar Challenge, célèbre course de voitures propulsées à l'énergie solaire, qui doit lui permettre de marquer un grand coup avec son invention qui pourrait rendre l'humanité meilleure.

La naïveté de Jimmy est rafraîchissante et pourrait réellement éteindre le brasier d'une terre en surchauffe.

Le parallèle est puissamment décrit par Laurent Whale, à travers ses descriptions de ce pays-continent qui se révèle un incubateur de ce qui nous attend. Au point qu'il se retrouve dans une situation de guerre civile qui ne dit pas son nom. Et ça, ce n'est pas de la fiction.

Le travail de recherches pour immerger le lecteur dans ces contrées qui peuvent nous paraître si lointaines, est impressionnant. Mais toujours mis au service de l'intrigue, pour raconter des destins de personnages qui doivent se rencontrer malgré leurs différences.

Que ce soit avec Jimmy perdu au milieu de nulle part, ou dans cette favela à la taille du continent, l'aventure humaine est aussi prenante qu'enrichissante.

Oui, le vol du boomerang est surprenant à bien des égards. du thriller, il emprunte le rythme, trépidant durant plus de 500 pages, à coups de chapitres très courts, sans temps mort. A la manière du roman noir social, il propose une vision forte du traitement des peuples premiers.

Entre respect des traditions et ancrage dans son temps, cette histoire ne se lâche pas d'une semelle. le contexte est formidablement bien rendu, matière à réflexion sur l'état de la planète autant que sur le racisme ambiant. Avec des scènes que vous prenez en pleine tronche.

Dans cet environnement sombre, pointent de l'espoir et un souffle fédérateur. Qui vient d'un petit aborigène qui veut soulever des montagnes. A se lancer dans cette course légendaire, lui qui n'a aucun esprit de compétition, mais une mission.

La partie du récit réservée à la course en elle-même est assez bluffante. Tempo effréné aux côtés de ce Michel Vaillant des brousses. On vibre, on trépigne. Et on rêve avec lui. Pour un final très incertain…

Avec le vol du boomerang, Laurent Whale propose un roman inattendu, mélangeant les genres avec bonheur et talent, pour une virée australienne qui sent le soufre mais aussi le souffle de l'aventure.

Un récit impossible à lâcher, réussissant l'amalgame du divertissement et de la profondeur. Une belle preuve qu'on peut faire rimer action et réflexions.
Lien : https://gruznamur.com/2023/0..
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