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Critique de Patsales


Roman allégorique. Aïe. J'ai du mal avec l'accointance de ces deux mots.
Ici, le chemin de fer clandestin qui aida les esclaves en fuite devient une vraie voie ferrée parcourue par des justes qui prêtent assistance à tous les Noirs en détresse.
Bon. Pourquoi pas? Mais aussi: pourquoi ? La métaphore, prise au pied de la lettre, ne génère rien d'autre que des images convenues: Cora, l'héroïne, attend des trains qui l'emmènent vers des cul-de-sac; Cora parvient après une énième fuite à renaître.
« À bout de forces, elle se roula en boule sur la plate-forme et sommeilla, portée par les ténèbres comme si elle se lovait au plus profond repli du ciel de nuit.
(...) « L'embouchure du tunnel commença comme un trou minuscule dans le noir. Ses grandes enjambées en firent un cercle, puis l'entrée d'une caverne, dissimulée par des ronces et du lierre. Elle écarta les broussailles et pénétra dans l'air. Il faisait tiède. »
Bon. Mais les images éculées pourraient n'en être pas moins fortes. Sauf que ce saupoudrage fantastique fait douter de la véracité des faits racontés. Y a-t-il eu eugénisme pratiqué sur les Noirs en Caroline du Sud ? L'eugénisme a bien existé aux USA, mais plus tard. Volonté de choquer les époques pour suggérer la continuité du racisme en Amérique ? Sans doute. Mais moi qui ne suis pas familière de cette histoire-là, je la lis en doutant. D'autant plus que trains + eugénisme + tortures + cache secrète dans un grenier me renvoient à un autre génocide et que ce rapprochement des souffrances, intentionnel ou pas, me paraît affaiblir la dénonciation.
Ce roman n'en est pas moins poignant dans sa désespérance, surtout par les brefs chapitres qui brisent la narration pour rendre compte de la vie des personnages secondaires et qui redoublent leur mort précoce et violente d'une existence réduite à peu, vies de rien, morts sans gloire, déjà oubliées dans un monde dur et injuste.
Pas de happy end, donc, mais un livre qui rappelle que les difficultés et les limites de la lutte ne justifient en rien qu'on ne la mène pas.
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