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Critique de JIEMDE


JIEMDE
23 septembre 2018
À Old Lonesome dans le Colorado, il n'y a ni Dieu, ni maître ; chacun semble s'y débattre avec sa pauvre vie dans l'indifférence polie de son voisin. Encore que si, il y en a un qui fait office de "maître" : le directeur Jugg qui contrôle la prison et à travers elle, l'ordre, qu'il faut coûte que coûte continuer à faire régner pour éviter un hypothétique chaos généré par le réveil des âmes.

Alors quand le soir du réveillon, une douzaine de détenus se fait la belle dans le blizzard, la neige et le froid glacial, il bourre ses gardiens d'amphets et les lâche le temps d'une nuit tels des chiens aux trousses de leurs - faciles - proies. C'est un peu court me direz-vous... Sauf que c'est magistral, et qu'à l'image des plus grands, Benjamin Whitmer n'a pas besoin d'artifices rebondissants façon page turner pour garder son lecteur dans son livre pendant 404 pages.

Car dans Evasion, servi par une atmosphère sombre et angoissante conférée autant par le climat que par la violence désabusée de nombre de ses protagonistes, Whitmer nous décrit une incroyable galerie de personnages, plus paumés, cassés, désespérés les uns que les autres, rarement vus dans l'univers littéraire US. Tu veux un peu plus de teasing ? Commence juste par écouter quelques noms : Mopar, Bad News, L'Étron, Pearl Greene, Shitkick, Dickie Carr... et j'en passe.

Le temps d'une nuit racontée de manière chorale, Whitmer nous dévoile les liens qui unissent toutes ces âmes traqueuses ou souvent, qui les unissaient ; les fêlures creusées au fil des ans ; les rancoeurs accumulées de manière irréversible ; et parfois les petites lueurs d'espoir qui subsistent chez certains d'entre eux, entretenues par la perspective d'un nouveau départ. Mais finalement, tout le monde traque un peu tout le monde...

C'est violent, hard, sec, noir, bien noir, très noir, fleuri et grossier comme il faut, mais écrit dans une langue à la fois dure et pure qui parfois touche à la poésie, une nouvelle fois remarquablement traduite par Jacques Mailhos.

À l'image des plus grands vous disais-je... D'ailleurs un auteur US capable de citer Flaubert et sa mère (!) - "L'amour des mots t'a desséché le coeur, Gustave" - ne peut être que grand, très grand !

Précipitez-vous !
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