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Critique de markko31


Je me sens très, mais alors trèèèèèèèès loin des préoccupations des rosières de bonne famille 60's, des légèrements gourdes aux vélleités émancipatrices-mais-pas-trop, qui concilient tant bien que mal la bienséance et une bohème artise. Bref, Anne Wiazemsky a tout pour m'horripiler. Ce qui était d'ailleurs le cas, à l'origine. Alors pourquoi, toujours, arrive-t-elle à me toucher, dans ses écrits? Sa vraie voix - pas le filet monocorde enregistré par Bresson - sa voix intérieure est légère, volatile, et pourtant teintée d'une gravité mélancolique.

Ici, le fil des souvenirs est ténu, fait d'une accumulation de pas grand-chose mis bout-à-bout, et pourtant au final tout tient, dans ces Hymnes à l'amour minuscules et nuancés - père, mère, baby-sitter – à travers son regard d'enfant. C'est, comme toujours chez Wiazemsky (du moins dans son roman familial et autobiographique morcelé en divers titres) cette faculté à ressentir les émotions du passé avec l'intensité du présent qui emporte le morceau avec moi, alors qu'on pourrait facilement se gausser de cette innocence de l'écriture. Etant plutôt sensible d'ordinaire aux envolées lyriques et excessives, la simplicité extrême de son style m'émeut.

J'ai récemment entendu un critique se demander si Wiazemsky était vraiment de la littérature (sa réponse étant évidemment non). Je ne saurais dire, mais cette écriture fluide, comme une évidence, est d'une sensibilité et d'une pudeur précieuses. Et puis, allez, je ne résiste pas à un petit coup de mauvaise foi : Wiazemsky, elle, et contrairement à Levy ou Musso est à la NRF... (Svp, ne pas me faire une liste des croûtes publiées par la NRF, j'en ai déjà quelques unes en stock)

Bon, Anne Wiazemsky, restant une fille bien élevée, évacue avec une grâce toute bourgeoise (Mauriac en grand-père du côté maternel, princes russes exilés côté paternel, ne l'oublions pas) le potentiel scandaleux, libertin, des amours de ses parents en dehors du joug conjugal. Mais je lui pardonne volontiers de ne pas flatter ma propension voyeuriste et scabreuse (et il faut que j'arrête de lire Closer chez mon dentiste).

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