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Ce soir elle est particulièrement bouleversée par la mort d'une femme allemande, atteinte de septicémie, qu'elle n'a pas pu sauver.
Celle-ci, plusieurs fois violée par les soldats de l'armée soviétique, avait tenté de se faire avorter.
Comme tant d'autres.
Quelques rares Berlinoises, soignées par la Croix-Rouge, ont commencé à raconter les horreurs de la prise de Berlin et de l'occupation par les Soviétiques.
Claire ne comprend pas que les Alliés aient mis tant de temps avant de rejoindre Berlin.
C'était le printemps et pour la prmeière fois depuis deux ans, depuis la mort de mon père, je l'attendais avec impatience. Dans ma cahier de textes, j'avais recopié ces lignes extraites d'un roman de mon grand-père, François Mauriac : "Le bonheur, c'est être cerné de mille désirs, d'entendre autour de soi craquer les branches." Si la première partie de cette définition m'était encore inconnue, je commençais à entrevoir la seconde : j'écoutais, j'entendais "autour de moi craquer les branches". C'était diffus, nouveau, troublant. Cela surgissait sans raison, n'importe où.
Au sujet de l'attitude de Robert Bresson lors d'une rencontre avec JL Godard
"Il avait cet air bien élevé et innocent que j'avais appris à déchiffrer et qui signifiait l'étendue de son irrémédiable ennui".
Elle souhaite n’exister que par son travail depuis son entrée à la Croix-Rouge, un an et demi auparavant. Son courage moral et physique, son ardeur font l’admiration de ses chefs. Ses compagnes, parfois issues de milieux sociaux différents du sien, ont oublié qu’elle était la fille d’un écrivain célèbre, François Mauriac, et la considèrent comme l’une d’entre elles, rien de plus. Cela la rend heureuse. Elle aime ce qu’elle fait, la nécessité de vivre au jour le jour.

Nous nous asseyons sur les marches à mi-hauteur. Devant nous le paysage s'étend à l'infini : les vignes qui descendent vers la Garonne que l'on devine couler entre les peupliers, les vignes encore, le début des landes au fond qui précèdent l'océan. Il fait si beau, le ciel est si bleu que l'on distingue le moindre détail. Nous nous taisons comme pareillement émus par la beauté du lieu, sa quiétude. Je ne m'étonne même pas que ce soit si facile de retrouver le père Deau après toutes ces années. Je nous sens à l'unisson et je le vois tel qu'il est maintenant : un petit homme qui a mûri et qui porte une barbe de père Noël. Je m'apprêtais à lui raconter que du vivant de ma grand-mère je venais tous les jours m'asseoir sur les marches du Calvaire. Contempler ce paysage m'apaisait, ramenait en moi une paix que je ne trouvais nulle part ailleurs. Parfois je voyais les orages arriver des landes, le ciel s'obscurcir, et il n'était pas rare que je regagne trempée la maison. Mais c'est lui qui parle le premier.
Tu diras à ton grand-père que Nadja est belle "comme la rencontre fortuite d'un parapluie et d'une machine à coudre sur une table de dissection". C"est la définition que Leautréamont donne de la beauté dans Les chants de Maldoror".
Pour comprendre le contexte, il faut savoir que Nadja est la chienne d'Anne.
Quand Claire quitta le bureau pour rejoindre son étage, elle avait envie de chanter de joie dans l'escalier : elle venait de rencontrer enfin un homme qui ignorait l'existence de son illustre père et pour qui la littérature, les livres ne comptaient pas. Cette situation si nouvelle l'enchantait.
Le tournage s'étant arrêté à 4 heures, nous sommes partis Juliet, Jean-Pierre et moi, fêter le printemps sur les Champs-Elysées. Devant le cinéma Publicis nous avons croisé Alain Cuny qui fut charmant et que moi et Juliet connaissions chacune de notre côté. Planqué derrière lui, Jean-Pierre nous faisait des grimaces, se tapait sur le ventre, essayait de troubler "les deux petites actrices en face du grand Cuny". Puis nous sommes allés manger des glaces et Juliet et moi avons bien ri voyant la honte de Jean-Pierre qui, pour la première fois de sa vie, se trouvait devant un café liégeois. Comme nous n'étions pas loin des Cahiers, il s'étranglait de peur à l'idée que Rivette ou Truffaut puissent passer et le surprendre le nez dans la chantilly.
Nous avions déjeuné chez mes grands-parents et, à peine le café avalé, je m'empressai de prendre congé. Mon grand-père (François Mauriac) me retint d'un geste.
- Tu tiens toujours ton journal ?
- Oui, pourquoi ?
Ses yeux se plissaient de joie comme chaque fois que lui venait une pensée malicieuse.
- Parfait. Surtout, continue-le, régulièrement, tous les soirs avant de te coucher. Ce sera passionnant le journal d'un tournage. Et puis... si ce M. Bresson s'avise d'être désagréable, écrire ton journal c'est te fabriquer une arme formidable. Françoise Gilot qui fut l'épouse de Picasso vient de sortir un livre qui raconte leur vie. Tout le monde se l'arrache ! Quelle vengeance ! Quelle merveilleuse vengeance !
Il riait et les membres de la famille qui se trouvaient présents riaient aussi. Choquée par le cynisme de sa proposition, je me levai et quittai le salon sans un mot.
61 – [Folio n° 4722, p. 53-54]
Maman, depuis fort longtemps, se protégeait par le silence en espérant que ce qui ne se disait pas n'avait pas d'existence.